La galerie Louis Gendre et la Librairie Les Volcans seront de véritables épicentres artistiques cette semaine, à l’occasion de la venue d’un couple discret mais au combien important dans les mondes de l’art et du cinéma : Dean Tavoularis et Aurore Clément. Tous deux seront présents à l’occasion des publications de Conversations avec Dean Tavoularis monographie de Jordan Mintzer et d’Une femme sans fin s’enfuit livre de photographie de Peter Wyss sur des textes de Mathieu Terence. Cette double publication est accompagnée d’une exposition présentée par la galerie chamaliéroise et d’une rencontre publique à la Librairie Les Volcans.
Dean Tavoularis, l’un des plus grands chefs décorateurs de l’histoire du cinéma
Il faut bien une monographie de 352 pages et 450 images pour entrer dans l’univers de Dean Tavoularis, chef décorateur dont l’empreinte sur l’histoire du cinéma est aussi forte que celle du franco-hongrois Alexandre Trauner ou du britannique Ken Adam. Né en Californie, au sein d’une famille grecque immigrée, Tavoularis a étudié l’art et l’architecture avant d’être engagé par les studios Dysney. Au bout d’un an, Walt, le patron, l’a muté au « département artistique des films et acteurs » ce qui lui laissait le temps et la « liberté de peindre ». 7 ans plus tard, il quittait le pays de Mickey pour devenir décorateur, perdant de fait cette liberté « j’étais tiraillé entre deux désirs conflictuels : ma peinture et mon nouveau travail si excitant dans le cinéma » explique-t-il. Ce choix allait marquer durablement le 7e art au regard de sa contribution à l’avènement du Nouvel Hollywood. Il apparaît en tant que directeur artistique dès 1967 sur Bonnie and Clyde, d’Arthur Penn et travaillera jusqu’en 2011, pour une dernière collaboration avec Roman Polanski sur Carnage. Durant les 44 années qui séparent ces deux films Dean Tavoularis a travaillé sur une trentaine de films dont presque toute l’œuvre de Francis F. Coppola. C’est à lui que l’on doit les décors de la trilogie Le Parrain, de Tucker, de Rusty James, la neuvième porte, d’Apocalypse now mais aussi de Hammet de Wim Wenders, Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni, Little Big Man d’Arthur Penn… entre autres.
Aujourd’hui Dean Tavoularis vit à Paris, avec sa femme Aurore Clément, actrice qu’il a rencontrée sur le tournage d’Apocalypse now et poursuit son œuvre de peintre.
Des photos ont été prises un matin d’hiver en 1972 entre 8h15 et 8h30
Après avoir quitté les Hauts de France à la toute fin des années 60, Aurore Clément, devenue mannequin, s’est retrouvée en couverture de nombreux magazines de mode comme Vogue, Elle et autres publications du genre. C’est justement sur une couverture de magazine que le cinéaste Louis Malle la repère et lui propose en 1974, un rôle dans son film Lacombe Lucien. Ce rôle va lui ouvrir une carrière riche puisque son nom apparaît dans une liste pléthorique de longs et courts métrages tournés avec les plus grands réalisateurs qui lui confient beaucoup de rôles secondaires, mais aussi des films TV et même des pièces de théâtre. On la croise toujours sur les plateaux puisqu’il y a quelques semaines encore, elle tournait dans le Maigret de Patrice Leconte.
Son actualité est donc la parution de Une femme sans fin s’enfuit, un livre d’art photographique paru chez The (M) éditions dont les photos sont signée de Peter Wyss et les textes de Mathieu Terence. Curieuse destinée que celle de ce livre dont les photos ont été prises un matin d’hiver en 1972 entre 8h15 et 8h30. Aurore Clément raconte qu’à l’époque, elle habitait dans l’ancien salon de maquillage de Mistinguett sur la terrasse du Moulin Rouge. La séance fut difficile car il faisait froid et elle pleurait. Quelques jours plus tard, le photographe lui remit les tirages dans un livre qu’il avait confectionné lui même et qui accompagna l’actrice partout, sans jamais être vraiment ouvert. De nombreuses années plus tard, elle comprit l’importance de cette période durant laquelle elle a cessé « d’être pour devenir » et proposa à Mathieu Terence de coucher les mots illustrant les images de manière très poétique. En résulte un ouvrage d’exception tirée à 500 exemplaires seulement.
-Rencontre -dédicaces avec Dean Tavoularis et Aurore Clément
mercredi 23 novembre à 17h, Librairie Les Volcans, boulevard François Mitterrand à Clermont, entrée libre et gratuite.
-Conversations avec Dean Tavoularis, monographie de Jordan Mintzer, préface Wes Anderson
Editions Synecdoche, 352 pages, format 21,5 x 28,5 cm
-Une femme sans fin s’enfuit, photographies de Peter Wyss, textes Mathieu Terence, design Studio Des Signes
the (M) Editions, 84 pages, format 23 x 30 cm
-Exposition d’œuvres, peintures et techniques mixtes, de Dean Tavoularis
Galerie Louis Gendre, 7 rue Charles Fournier à Chamalières du 24 novembre 2023 au 14 janvier 2023. Présence de Dean Tavoularis et Aurore Clément le jeudi 24 novembre de 18h à 20h.
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