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B. Surjon et P. Pelade, co-gérants de la SCOP Les Volcans / Photo 7 jours à Clermont
Photo 7 jours à Clermont
Économie

Boris Surjon et Philippe Pelade : déjà trois mois à la direction de la SCOP Les Volcans

Depuis fin septembre, Boris Surjon et Philippe Pelade ont succédé à Martine Lebeau à la tête de la SCOP Les Volcans. Trois mois après leurs prises de fonctions en tant que co-gérants, nous les avons rencontrés pour recueillir leur premières impressions et parler de l'avenir de cette institution qu'est la librairie clermontoise.

7 Jours à Clermont : Boris, un trimestre après votre prise de fonction que retenez-vous de cette période ?
Boris Surjon : Je viens du monde de l’insertion. Directeur Pole Emploi durant un peu plus de 15 ans, la filière du livre n’était pas un milieu que je connaissais bien, en revanche, j’étais curieux de ces premiers mois qui ont été à la hauteur de ce qui m’avait été décrit. Le dernier trimestre correspond à une grosse part du chiffre d’affaire de l’année et l’activité ressemble à celle d’une ruche, avec des volumes de livres, entrants et sortants impressionnants. De septembre à décembre, « on pousse un peu les murs » pour traiter le flux, cela m’a beaucoup marqué.

7JàC : Durant ces premiers mois, votre vision du métier de libraire a-t-elle évolué ?
B.S : Comme beaucoup de gens, je concevais le métier de libraire comme un métier où on lit des livres et on conseille des clients. En réalité il faut ajouter à ses deux axiomes, le fait d’être un manutentionnaire. Les trois quarts du temps lorsque vous croisez un libraire, il est en train de pousser un chariot… je pense que pour les gens qui se voient libraire ou ont une vocation, il est intéressant de faire une petit immersion pour avoir une bonne représentation du métier. C’est effectivement un métier de conseils, de culture mais aussi un métier de manutention.

7JàC :  Avez-vous du vous adapter à l’organisation de l’entreprise ?
B.S : Étant plutôt gestionnaire et manager, j’ai retrouvé des choses que je connaissais déjà un peu, mais la librairie est une SCOP avec quelques spécificités. J’étais habitué à faire des réunions de salariés et en ayant été président d’une SCIC, je savais ce qu’était une société coopérative. Mais là, avec des associés salariés, il est intéressant de voir l’implication de chacun. Chaque associé a un rapport personnel avec l’entreprise, qui n’est pas forcement celui des autres, c’est important à comprendre. Avec Philippe, on a bien délimité ce qui relève du rapport entre l’associé et l’entreprise et ce qui relève du rapport entre le salarié et l’entreprise. Il nous a fallu définir le moment où nous allions mobiliser les associés pour définir les orientations de la librairie de demain.

7JàC : Et pour vous Philippe,  qu’est ce qui a changé ?
Philippe Pelade : Je n’ai plus du tout le même statut depuis fin septembre, puisqu’avec Boris, je partage la gérance de la librairie Les Volcans mais aussi celle de la libraire Horizon de Riom. J’apprends tous les jours, n’étant plus vraiment libraire et pas totalement gérant. Je suis encore un peu entre les deux dans le cheminement vers cette co-gérance. Au bout de quelques mois, j’ai pleinement conscience de ce que l’on a fait et de tout ce qui reste à faire.

7JàC : En quoi consiste désormais votre travail ?
P.P : Mon travail est plus axé sur la gestion, l’organisation de la librairie, les relations avec les libraires qui sont force de proposition. C’est intéressant d’avoir de l’information montante et descendante au sein d’une grosse structure. Actuellement nous sommes 48, cela fait beaucoup de monde dont il faut s’occuper au niveau professionnel mais aussi au niveau RH, mais c’est passionnant et je ne regrette pas mon choix, encore moins celui d’avoir choisi une co-gérance avec Boris.

7JàC : Y-a-t-il des conflits entre le Philippe libraire et le Philippe co-gérant ?
Oui, il peut y en avoir. Le librairie a un périmètre bien défini qui tourne autour de son travail et de sa clientèle, alors que le gérant a une vision plus périphérique, plus globale et il peut y avoir une opposition entre les deux. Je ne suis plus celui que j’ai été, et cela continue d’évoluer. Je souhaite participer à la pérennisation de la Librairie Les Volcans, après les deux mandats de gérance de Martine Lebeau, mais à notre image et avec nos envies.

7JàC : La vision des co-gérants et celle des libraires est-elle la même ?
Boris Surjon : j’ai envie de parler du mot « place ». La principale préoccupation des libraires est d’avoir de la place pour pouvoir faire correctement leur métier. De la place pour exposer les livres, pour les ranger, pour assortir l’offre. Nous, nous devons arbitrer sur cette notion de place. Si il devait y avoir un peu de schizophrénie chez Philippe, entre le librairie et le gérant, je pense que c’est sur cet aspect d’arbitrage… qui est forcement complexe.

7JàC : Comment voyez-vous l’avenir des Volcans, après le bel épisode de la renaissance ?
Philippe Pelade : Au delà du quotidien, le rôle des co-gérants est d’entrevoir ce que sera la librairie de demain, qui est en fait déjà un peu la libraire d’aujourd’hui, un lieu où l’on ne vient pas seulement acheter des livres, mais un lieu de vie où l’on rencontre des auteurs, où l’on assiste à une manifestation, une conférence ou une performance artistique. Cela est déjà effectif mais nous souhaitons que la libraire soit un lieu où l’on se sent bien, un lieu d’échanges. On va continuer l’événementiel bien sur, mais nous allons transformer l’intérieur de la libraire pour qu’il devienne encore plus un lieu où l’on aime se retrouver. Il nous semble qu’il est important que la librairie soit, non seulement un lieu ou il se passe quelque chose, mais aussi un lieu de rencontre avec des auteurs ou des amis à condition que l’on s’y sente bien. Notre but à moyen terme est de transformer l’intérieur de la libraire, d’un point de vue physique et architectural pour créer des zones conviviales.

7JàC :Vous souhaitez lui donner un rôle social ?
Boris Surjon : Depuis 2014, elle a effectivement un rôle particulier au sein de la cité pour proposer un lieu qui n’est pas que commercial, même si on ne renie pas le fait d’être une libraire. Le « lieu de rencontre » est le bon terme, en sachant que nous souhaitons offrir à nos clients, ce que la société, d’aujourd’hui ne leur offre pas, c’est à dire un peu d’espace et un peu de temps. C’est sur ces axes là que l’on construira la libraire de demain avec un espace de convivialité qui donnera sur la rue, qui donnera à voir ce qui s’y passe. On réfléchit à sonoriser pour partager davantage nos rencontres événementielles. L’idée est d’offrir une immersion dans un lieu à part. Je pense que c’est là-dessus qu’il faut travailler.

7JàC : L’ouverture au large public passe aussi par Internet… du nouveau de ce côté là ?
B.S : Nous sommes en avance sur certaines choses, mais on doit aussi rattraper des petits retards en particulier le site Internet. Dès le mois de mars, on va positionner le site pour offrir à nos clients un grand nombre de références mais aussi la possibilité de commander directement.

7JàC : Et en interne, quel est votre programme ?
B. S : Nous devons transformer une entreprise qui a choisi le statut de SCOP par état de nécessité au moment de la reprise en une entreprise qui vit pleinement son statut avec des associés qui sont complètement investis. Le projet vis à vis des salariés est de faire de cette entreprise, une entreprise où le rôle de l’associé est bien défini et où il est intéressant pour des salariés de devenir associés.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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