« L’Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l’ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre. » Ainsi s’exprimait Jean Anouilh à propos de sa pièce Antigone, aux lendemains de la deuxième guerre mondiale. Ecrite entre 1941 et 1942, elle fut présentée une première fois au Théâtre de l’Atelier à Paris, en 1944, pendant l’occupation allemande dans une mise en scène d’André Barsacq. Sophocle lui même avait été inspiré par Les sept contre Thèbes de son presque contemporain Eschyle.
Coute que coute
De l’Antiquité au XXe siècle. Et du milieu du siècle précédent à nos jours. Le Théâtre Le Valet de Cœur met aujourd’hui en scène la tragédie de Jean Anouilh. « Ma profonde conviction aurait été de monter la pièce de Sophocle, à la fois lumineuse et poétique. Mais nous avons beaucoup fait d’antiquité grecque et nous nous sommes tournés vers quelque chose de plus accessible » explique Jean-Yves Lenoir, qui dirige la compagnie. Un choix de la raison mais pas uniquement. » Nous comptons au sein de notre troupe une jeune fille pleine de talent, à la fois un peu rebelle et très mature. Avec Salomé Guillin, je me suis dit, nous avons « notre » Antigone. C’est la première fois, en réalité, que je monte une pièce pour une comédienne. »
Une jeune femme qui estime avoir des devoirs envers sa famille, au nom des dieux; face à elle, son oncle, décidé à faire appliquer la loi, coûte que coûte. Le face à face entre ces deux personnages, déterminés mais déchirés, jusqu’au-boutistes mais écartelés, ne peut évidemment que déboucher sur la mort. » Dans notre version, l’époque est indéterminée, elle se rapprocherait toutefois des temps actuels. Les costumes sont stricts. Quant au décor, il se révèle métallique, comme un coffre-fort ou une prison » explique Jean-Yves Lenoir, le metteur en scène.
Un an après
La première, initialement prévue en octobre dernier, a été décalée à plusieurs reprises en raison de la pandémie. « A l’automne, nous avons donc arrêté les répétitions. Elles ont repris il y a environ deux mois. Entre-temps, le spectacle a quelque peu évolué, nous nous sommes rapprochés du texte d’Anouilh. » L’heure d’Antigone va enfin sonner. Six représentations vont se succéder, jusqu’au 2 juillet, au théâtre de poche de la rue Antoine Dauvergne, dans une jauge limitée à 65%. Et en octobre prochain, le spectacle sera donné sur la scène de l’Opéra-Théâtre de Clermont. A moins que, d’ici là, le ciel nous tombe sur la tête.
Les 18, 19, 24,25 et 26 juin et le 2 juillet à 20h au Théâtre du Valet de Cœur, 8 rue Antoine Dauvergne à Clermont. Téléphone : 04-73-91-20-66.

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