La CRC, chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes, dans le cadre d’une enquête sur le maillage aéroportuaire, a passé au crible les comptes et la gestion du syndicat mixte de gestion de l’aéroport de Clermont-Ferrand-Auvergne (Smacfa) depuis 2017.
Dans son rapport la Chambre souligne que l’aéroport de Clermont est « soumis à une faible concurrence » mais qu’il dépend fortement d’Air France et de ses filiales. Grâce à la compagnie Ryanair, le trafic s’est développé avec un surplus de 373 25 passagers entre 2017 et 2019, mais l’objectif ambitieux de 600 000 passagers annoncé pour 2019 n’a pas été atteint. Par la suite, le Covid a fait chuter le nombre de passagers de 73%. Les prévisions de reprise reposaient sur le redémarrage de la ligne Clermont-Orly avec l’issue que l’on connait, la mise en place d’une ligne régulière sur Porto et la reprise des charters estivaux. Au final 187 643 passagers ont été comptabilisés à Aulnat en 2022. La Chambre souligne que la rentabilité d’exploitation et l’aéroport est relativement élevée avec 17 %, chiffre que l’on constate régulièrement dans le secteur aérien. S’y ajoute un flux financier, chiffré à 1,2 M€ par an, en direction de la maison-mère (le délégataire, la SEACFA est filiale de VINCI Airports) au titre de diverses contributions.
Le faible pouvoir de négociation du syndicat mixte
Dans son rapport la Chambre évoque une « délégation de service public favorable à VINCI Airports et sa filiale, conséquence du faible pouvoir de négociation du syndicat mixte ». Elle pointe également un avenant au contrat, récemment signé et chiffré à 5 M€, pour compenser l’impact de la crise sanitaire et ce malgré « résultat prévisionnel à nouveau excédentaire dès 2022 ». Pour la Chambre cet avenant ne se justifie pas au regard l’économie générale entre 2015 et 2021 qui n’apparaît nullement déséquilibrée.
Autre point souligné, « l’assujettissement à la bonne volonté des compagnies aériennes ». Entre 2017 et 2021, le syndicat mixte a versé un total de 3 M€ aux compagnies aériennes malgré un manque de transparence, en particulier de la compagnie Ryanair. La Chambre estime que le syndicat mixte n’a pas pu vérifier la fiabilité des informations transmises, s’exposant ainsi à un « risque juridique nullement hypothétique, quant aux règles communautaires définissant le régime des aides d’État au secteur aérien ».
Malgré tout, l’instance qui a soumis plusieurs recommandations au syndicat, souligne l’importance de l’activité de l’aéroport pour le tissu économique et en particulier pour Michelin.
Plusieurs réponses apportées par l’aéroport de Clermont
La SEACFA tient a remettre en avant les résultats d’une étude de 2017 (cabinet Utopies) qui confirme près de 240M€ de contributions au PIB et 3000 emplois dans la région. Selon lui, son action « s’inscrit dans le cadre d’un contrat de délégation de service public équilibré » mais annonce une perte d’exploitation d’1,1 million d’euros au cumul, de 2015 à 2022, phénomène du, en partie, à l’épisode Covid.
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