Les Clermontois ont pu retrouver leurs cafés, la semaine dernière, et fréquenter les terrasses, malgré une météo pas vraiment favorable. Il devrait rapidement y avoir des jours meilleurs. Mais impossible de se livrer au plaisir de la lecture du journal devant un petit noir, sauf à privilégier le quotidien régional qui fait figure de rescapé. Depuis plus d’un mois maintenant, les journaux nationaux ne parviennent plus jusqu’à nos buralistes et kiosquiers. La mise en liquidation de deux filiales (Soprocom et SAD) de la très endettée société de distribution Presstalis a en effet paralysé la livraison dans l’ensemble du sud de la France. Tandis que Paris et le nord reste, pour le moment, approvisionné…
Si les lecteurs, habitués au papier, s’arrachent les cheveux, la situation qui s’éternise est d’abord un mauvais coup pour les marchands de journaux « qu’on laisse mourir dans le silence » estime Christian Andrieux, secrétaire national de l’Union Nationale des Diffuseurs de Presse (UNDP).
Les lecteurs reviendront-ils ?
« Au-delà du manque à gagner sur la vingtaine de titres qui est absente, c’est surtout en terme de fréquentation du magasin que la situation se ressent. Certains de nos habitués ne viennent plus. Heureusement, nous recevons tout de même les magazines, parfois avec du retard » précise Jean-Pierre Boussuge, propriétaire du tabac-journaux du boulevard Léon-Malfreyt (à l’angle de la rue Ballainvilliers). Cette clientèle reviendra-t-elle à l’issue de la crise actuelle ? Ou bien se sera-t-elle définitivement tournée vers d’autres sources d’information ? Pour le kiosque situé à l’angle de la Place de Jaude et de la rue du 11 novembre, dont l’activité est 100% liée à la vente des journaux et magazines, la situation pourrait même se révéler catastrophique. « Si cela devait continuer, nous serions obligés de fermer définitivement » nous ont même avoué les nouveaux repreneurs du seul kiosque clermontois, qui a le grand avantage d’être ouvert le dimanche matin. A quoi bon, en effet, un kiosque à journaux si les journaux n’existent plus ?
Des titres en danger
La presse écrite, elle-même, secteur déjà fragilisé, risque de laisser des plumes dans cet épisode dont on ne voit pas la fin. La CGT a proposé il y a quelques jours la mise en place d’une société coopérative (SCIC) qui serait détenue par les salariés, les usagers et les éditeurs. Mais il ne s’agit, pour l’heure, que d’un projet… En attendant, le syndicat demande la reprise de la distribution via un opérateur parapublic qui pourrait être La Poste. Mais les choses semblent pour le moment bloquées. « Personne ne nous informe, on ne sait rien du tout… » avouent les différents marchands de journaux que nous avons rencontrés. Une crise grave en forme d’imbroglio.
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