Accueil » 18 heures, la France s’arrête
Il est 18 heures, il faut rentrer chez soi- photo Patrick Bossin.
Vie publique

18 heures, la France s’arrête

Le couvre-feu à partir de 18 heures sera étendu à l'ensemble du pays à partir de samedi. Le premier ministre Jean Castex a annoncé, hier soir, un nouveau train de restrictions face à la pandémie. L'approche territoriale a fait long feu...

Nous aurons décidemment tout connu, et beaucoup accepté, durant cette année entièrement sacrifiée à la lutte contre la pandémie. Après le confinement, le déconfinement, le port du masque obligatoire dans les rues, le couvre-feu à 20 heures, le reconfinement, la fermeture prolongée des bars, des restaurants et des salles de spectacle,  et même celle des remontées mécaniques, le premier ministre Jean Castex a annoncé hier soir un nouveau train de restrictions. La plus importante n’était un secret pour personne : le couvre-feu, jusque-là en vigueur de 20 heures à 6 heures du matin, est étendu pour quinze jours, au minimum. Désormais, la vie s’arrêtera à 18 heures. Il faudra alors être chez soi. Ou peut-être chez sa copine…

« Comment vais-je faire ? Je sors du boulot à 18h30 » s’interroge Nicolas, cadre dans une petite entreprise de la périphérie clermontoise. Tandis que Virginie, jeune mère de famille s’interroge : « Je devrai dorénavant effectuer les courses le samedi. Cela va être la bousculade. » Quant à ce boulanger de la rue Ballainvilliers, il précise « Nous fermerons le magasin à 18 heures pile. On rentrera après chez nous » Personne pour se féliciter de pouvoir, enfin, regarder « Questions pour un champion »..

Une mesure qui suscite des questions

Concrètement des exceptions seront tolérées : il sera possible d’être dehors après 18h en cas de déplacement vers son lieu de travail ou de déplacement professionnel, de motif familial impérieux, de raison médicale, de participation à des missions d’intérêt général ou pour promener un animal domestique. Autant de cas pour lesquelles, la fameuse attestation va reprendre du service.

Le couvre-feu à 18 heures est toutefois loin de faire l’unanimité. Et ils sont nombreux à se poser des questions sur la pertinence d’une mesure, prise pour éviter les rassemblements de personnes entre 18 et 20 heures, qui risque d’entraîner une surfréquentation de certains lieux et des transports en commun en diminuant l’amplitude horaire. « Il apparaît, selon les données disponibles à ce jour, que cette mesure a une efficacité sanitaire » a pourtant indiqué Jean Castex, qui a reçu l’onction du sacro-saint conseil scientifique. Pas sûr que cela suffise pour convaincre les Français. A l’inverse du premier confinement qui ouvrait des perspectives, nombre d’entre eux ont désormais le sentiment que plus les mesures se succèdent, plus la sortie de crise s’éloigne. D’où un évident découragement.

Sur le front de la vaccination

Dans le même temps, le démarrage poussif de la campagne de vaccination dans notre pays suscite un grand nombre de polémiques et de mécontentements. Les médecins libéraux font part de leur colère devant la lenteur du processus. « Il faut accélérer » estime ainsi Jean-Paul Ortiz, président de la CMSF, premier syndicat de médecins libéraux en France. « L’impression est que l’administration est empêtrée dans sa lourdeur. » Quant à Jacques Battistoni le président de MG France, il regrette que : « l’on ne donne pas les moyens de fonctionner aux centres de vaccination libéraux. » Pour sa part, l’opposition politique n’y va pas toujours par le dos de la cuillère. Dans Le Journal du Dimanche, le maire de Paris, Anne Hidalgo estimait qu’avec les carences affichées au démarrage de cette campagne, « le débarquement de 1944 aurait échoué ». Jordan Bardella,  vice-président du Rassemblement National, affirme qu’actuellement « la France est la risée du monde entier ». Lors d’un déplacement, hier, à Metz, le premier ministre, stoïque, a réclamé de la patience aux Français. Ils devront en faire preuve, en effet, chaque soir à partir de 18 heures. En attendant un prochain reconfinement ?

Photo P.Bossin.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

Cliquez ici pour commenter

Sponsorisé

Les infos dans votre boite

Sponsorisé