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Pierrette Viel, directrice du rendez-vous du Carnet de Voyage / Photo 7 Jours à Clermont
Photo 7 Jours à Clermont
Événement Week-End

Pierrette Viel, directrice du rendez-vous du carnet de Voyage : « Les choses ont évolué, mais il y a un fil conducteur permanent »

La 24e édition du Rendez-vous du Carnet de Voyage se déroule tout le weekend à Clermont. 120 artistes grands voyageurs, réalisateurs, écrivains-voyageurs et carnettistes sont présents et 20 000 visiteurs sont attendus à ce qui est devenu le plus grand festival au monde de carnets de voyage. Rencontre avec sa directrice Pierrette Viel qui est aussi membre fondatrice de l'association IFAV qui porte la manifestation.

7 Jours à Clermont : Le rendez-vous du Carnet de Voyage approche doucement du 1/4 de siècle. Les bases de la première édition sont toujours là ?
Pierrette Viel : Les choses ont évolué, mais il y a un fil conducteur permanent… heureusement d’ailleurs. On ne s’est pas perdu avec la dimension que la manifestation a pu prendre, mais le principe est le même depuis le départ. On a des carnettistes, on a des conférences, on a des films, on a des écrivains et des écrivains-voyageurs qui ont pris une place qu’ils n’avaient peut-être pas au début, mais une place de plus en plus importante.

7JàC : Altérité et découverte de l’ailleurs restent les deux piliers fondamentaux ?
P. V : Exactement. Aller voir ailleurs et dans le respect. La notion de respect est très importante. On parle d’authenticité certes, mais il s’agit de respecter les populations, les personnes que l’on va rencontrer avec une certaine distance, mais aussi le respect des lieux. Je pense que de plus en plus, les lieux et le monde ont besoin de ce respect aujourd’hui.

7JàC : C’est une des raison pour laquelle le voyage à vélo prend de plus en plus de place ?
P.V : Oui, le vélo a pris une vraie place maintenant. Nous lui consacrons un espace au coin des voyageurs, parce qu’il y a de plus en plus de gens qui se décident à partir pour un an an, deux ans… mais à vélo pour découvrir le monde. C’est d’ailleurs ce que l’on voit dans les films que l’on présente. Mai il faut relativiser avec le monde, cela peut être le tour de la France. Ce n’est peut-être pas la peine d’aller à l’autre bout de la planète. L’idée c’est de partir, le phénomène d’aller voir ailleurs. Notre association s’appelle Il faut Aller Voir, ce n’est pas anodin. Le fil conducteur c’est bien le regard sur le monde et sur ce qui nous entoure, ne serait-ce qu’autour de nous.

« Jean-Christophe Rufin vient de faire un carnet de voyage et il aimerait venir à Clermont »

7JàC : En bientôt 25 ans, des relations privilégiées se sont nouées. Parlez-nous de la présence de Jean-Christophe Rufin cette année.
P.V : Cela a été un grand bonheur. Au mois de juin dernier, son assistante m’appelle et me dit Jean-Christophe Rufin vient de faire un carnet de voyage* et il aimerait venir à Clermont, le présenter, au moment de sa sortie. Est-ce que vous seriez d’accord ? Comment vous dire… plus que cela, en plus j’étais ravie de me dire que son passage ici en 2019 l’a inspiré et qu’il est parti descendre le fleuve Amazone. D’ailleurs, il l’écrit dans son livre, que j’ai pu découvrir. Il met vraiment en avant notre manifestation, en expliquant qu’il a été époustouflé, étonné par la richesse et la diversité. Il s’est remis à l’aquarelle et le récit qui accompagne les illustrations est remarquable.

7JàC : Autre personnalité présente en 2024, le photographe Yann Arthus Bertrand. Il vient avec le yabstudio qui parcourt la France depuis 30 ans, c’est aussi cela le voyage ?
P.V : Complètement. Arthus-Bertrand, c’est aussi une personnalité pour le grand public. Quand on parle de poser des regards… n’a-t-il pas proposé une nouvelle vision de notre terre en 2000, lorsqu’il a sorti Vu du ciel. Il a mis la beauté du monde en avant. Certains vont dire, « oui en 2000, il a pris l’avion et l’hélicoptère… » certes mais c’était une autre époque. Aujourd’hui il veut parler de son parcours et de ses engagements. Il a une conscience, il a monté la fondation GoodPlanet et il essaie d’agir à sa manière par rapport à la manière dont notre terre est malmenée. Il met aussi les gens en avant. Il le dit lui même, il a vu la terre mais il y a aussi les gens qu’il veut mettre en avant dans toute leur diversité, leur simplicité et leur authenticité.

7JàC : La poésie est désormais présente dans le Rendez-vous du Carnet de Voyage. Vous avez invité André Velter, poète essayiste et voyageur, ex-directeur de la collection poésie chez Gallimard, remplacé à ce poste par le clermontois Jean-Pierre Siméon aussi présent ce weekend. La poésie a-t-elle toute sa place aux côtés du voyage ?
P.V : Pour moi c’est une évidence. Lors d’une rencontre avec Jean-Pierre Siméon, on s’est dit bien-sûr que les poètes-voyageurs existent. Ils ont une puissance d’expression qui est extrêmement intéressante. J’avais découvert André Velter il y a 20 ans dans une émission et il m’avait passionné. Je suis ravie d’avoir pu l’inviter car qui de mieux que lui pour incarner le poète-voyageur ? Il va y avoir cette conversation poétique entre eux-deux sur le thème de départs en départs. Cela va être un moment de bonheur.

7JàC :  Votre 4e grand témoin est Franck Pavloff.
P.V : Oui c’est l’auteur de ce petit pamphlet écrit il y a 20 ans Matin Brun. Très simple, très court. Il a été peu remis en avant cette année au moment des élections. C’est un compte philosophique d’une très grande puissance, vendu à 2 millions d’exemplaires. Là il vient de sortir L’Hôtel du Rayon vert, qui se passe à la frontière espagnole qui est assez étonnant de la part de cet écrivain à l’énorme générosité, aussi bien dans l’écriture que dans son humanité.

« Il est important de porter un regard sur une situation dans le monde »

7 Jours à Clermont : Parlez-nous de votre mise en lumière du travail des femmes Afghanes vivant en France mais qui restent en contact avec les femmes restées sur place.
Pierrette Viel  : Pour l’équipe, chaque année, il est important de porter un regard sur une situation dans le monde. L’an dernier c’était l’Arménie avec Olivier Weber, cet année c’est l’Afghanistan, car ce qui arrive aux femmes et de pire en pire. Elles sont enfermées, c’est une situation dramatique et c’est extraordinaire que des Afghanes en France puissent se battre pour conserver un lien à travers des liaisons satellites pour continuer à les éduquer et les informer. Quand on parle de voyage, on a un devoir de soutien et de prise de parole. Ne les oublions pas.

7JàC : On vous a dit récemment que Clermont était la Mecque des carnets de voyages, cela vous surprend ?
P.V : La Mecque du carnet de voyage… oui, c’est quelque chose qui nous surprend. On ne se rend pas compte et on ne mesure pas l’importance de notre manifestation, sans doute à cause de notre humilité auvergnate et cette difficulté à dire que nous sommes une référence. Si nous avons ce statut, c’est grâce à une présence pérenne, à une diversification mais avec le fil conducteur. La manifestation s’ouvre, fait des petits pas de côté, comme avec la poésie. J’ajoute aussi que nous sommes la seule manifestation qui a installé un marché qui permet de soutenir, ce genre littéraire qu’est la carnet de voyage.

24e Rendez-vous International du Carnet de Voyage 15, 16 et 17 novembre 2024 Polydome, Clermont

*Sur le fleuve Amazone, éditions Calmann-Levy

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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