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Francine au boulot ! © Cl. Laureau-Coullouette
Culture

On ne guérit pas « du » Guéry !

« J’ai l’impression d’avoir connu L’Auberge et le lac bébés et de les avoir vu grandir... », écrit Claudette Laureau-Coullouette[1], qui nous invite à une balade plus intime que nostalgique autour de SON lac… Suivons le guide !

 En 1947, Claudette a 7 ans, vit à Paris et n’aurait aucune raison de connaître le lac de Guéry si elle n’avait été baptisée, en 1945 ! Choisis presque au hasard du voisinage, Francine Roussel et Robert Duprez deviennent ses marraine et parrain, deux ans avant d’acheter L’Auberge du lac de Guéry et quelques années avant de se marier. Les travaux ne font pas peur à Robert. Quant à Francine, elle se retrouve tout près de sa terre natale, en 1899 au hameau de Fraisse, sur la commune de Perpezat. Auvergnate de Paris, elle a toujours travaillé dans l’univers bien bougnat de la restauration, alors… Tout le monde « au » Guéry !

Des vacances en pleine nature auvergnate après une épopée ferroviaire – les choses n’ont hélas pas beaucoup changé ! – impliquent tant une cohabitation avec la faune locale (grenouilles, poules, lapins, oies, poissons…) qu’une adaptation aux us et coutumes. Ainsi, le seul WC de L’Auberge, exclusivement réservé aux pensionnaires, se trouvant au premier étage, Francine a la solution pour la clientèle de passage : « La nature, madame, la nature. » Une campagne également sollicitée pour accueillir, dans un ravin discret, les poubelles de l’établissement !

La reine de la truite

Robert, Francine et Claudette sur le pas de la porte de L’Auberge © Cl. Laureau-Coullouette

Côté chauffage, une conjonction de Système D et de solidarité fait l’affaire : « Les clients, le soir, passaient à la cuisine et Francine leur remettait une brique toute chaude sortie du four, emballée dans du papier journal, [pour] réchauffer les draps de leur lit » avant qu’un poêle à gaz et à roulettes soit installé sur le palier ; aux clients d’en profiter, à tour de rôle.

Côté fourneaux, trône la truite. Au commencement de sa postérité culinaire, les appâts (vairons[2] et vers de terre) dont Claudette pratique un petit élevage qui lui « rapporte », de-ci de-là, une petite prise. Puis, en bas d’un escalier menant au ruisseau de l’Enfer, derrière une grande porte en fer, le vivier grouille de poissons « portion » et de pièces de plus d’un kilo, souvent choisies par le client lui-même. Enfin – et en faim ! – Francine, la reine de la truite meunière ou au bleu, entre en action.

Au fil des jours heureux, quelques temps forts : le « coup de rouge » saucissonnant du facteur qui se tape, pedibus, la tournée Le Mont-Dore-la Banne d’Ordanche, aller-retour ; les escales hebdomadaires (vers 16 heures) du car de tourisme qui effectue le circuit des lacs d’Auvergne ; les démonstrations de ski nautique effectuées par l’équipe clermontoise de Monsieur Bastide, un mordu d’aviation qui mourra de sa passion, ou les adorables porcelets de la ferme voisine de « La Clé du lac »… De quoi fêter avec Claudette Laureau-Coullouette ses noces de platine (70 ans) avec son cher Guéry !

 

[1] MON lac de Guéry, éd. Édita, impr. La Fabrique de livres, Tours, 2019, 130 pages, 15 €. / www.fabriquedelivres.fr

[2] « Pour les vider, on leur appuie sur le ventre » !

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Simonet

Historienne de formation universitaire, Anne-Sophie Simonet arpente depuis des décennies le « petit monde » clermontois de la presse. Auteur d'une dizaine d'ouvrages, c'est en tant que président de l'association Les Amis du vieux Clermont qu'elle invite à cheminer dans sa ville natale, la plume en bandoulière.

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