La Journée internationale de l’Europe, célébrée le 9 mai dans les États membres de l’Union Européenne, commémore la déclaration du 9 mai 1950 de Robert Schuman père fondateur de l’Union. À Clermont, cette commémoration va durer, en réalité, un mois tout en entier.
Sous la houlette de l’équipe du Centre Europe Direct de Clermont Puy-de-Dôme et de ses partenaires associatifs et institutionnels, une série d’animations sera proposée du 2 au 31 mai. Expositions, rencontres, projections, débats et bien d’autres événements vont mettre l’UE en avant en traitant différentes thématique comme son histoire, la citoyenneté européenne, les 27 pays qui la composent et aussi ses actions.
Parmi les actions en cours, l’aide à l’Ukraine, mais aussi son adhésion à l’UE, font débat et s’invitent dans la campagne pour le scrutin du 9 juin prochain. Sur ce point précis, il est intéressant d’avoir l’avis d’Ella Pratsovyta, présidente de l’association chamaliéroise Agir ensemble pour l’Ukraine.
L’incertitude dans l’avenir de nos enfants et de tout un pays
L’Ukraine va être au centre des débats lors des élections européennes : que disent actuellement les Ukrainiens avec qui vous êtes en contact ?
Ella Pratsovyta : Aujourd’hui la plupart des Ukrainiens que l’on côtoie au quotidien se disent extrêmement reconnaissants de l’accueil chaleureux et de la prise en charge administrative réservée au sein de toute l’Europe. Mais aujourd’hui, on souhaite, de tout notre cœur, que l’Europe ne ressente pas ce que l’Ukraine ressent aujourd’hui, c’est à dire l’incertitude dans l’avenir de nos enfants et de tout un pays. La seule chose que l’on espère aujourd’hui pour que la guerre puisse cesser est d’être main dans la main pour que ça s’arrête. On fait tout notre possible pour cela.
À votre avis qu’attendent les Ukrainiens ?
E.P : Ce sont les valeurs de l’Union Européenne qu’attendent les Ukrainiens : paix, démocratie, solidarité parce que ce sont aussi leurs valeurs. Ce sont selon moi, les valeurs de gens qui veulent travailler, vivre décemment et pouvoir éduquer leurs enfants en paix.
Aujourd’hui je suis ukrainienne et française, j’ai la chance de voter
Que dites vous aux abstentionnistes que l’on sait nombreux pour les élections européennes ?
E.P : Ils ont une énorme chance de pouvoir voter. Dans un pays de l’est où il y a un tsar comme par exemple la Russie, que l’on vote ou que l’on ne vote pas, ça change rien. Ici oui, votre vote compte et s’est un énorme privilège que possèdent les européens. Leur voix compte, mais il faut qu’il la donne pour qu’elle puisse être comptée. Il faut donc utiliser ce privilège incroyable. Aujourd’hui, je suis ukrainienne et française, j’ai la chance de voter et je ne manquerai pour rien au monde d’utiliser cette chance là. J’invite tout le monde à aller voter et porter leur voix, parce que chaque voix compte, malgré tout ce que l’on entend à la radio et à la TV.
Est-ce que les Ukrainiens s’inquiètent des résultats face à une monté du nationalisme qui touche toute l’Europe ?
E.P : Oui, c’est une montée de peur et d’incertitude. Les gens sont inquiets de l’avenir. Du coup ils se demandent ce qui se passerai en cas d’invasion et de problème. Ils s’enfermeraient seuls dans leur maison et se protégeraient seuls ? Non ! C’est l’union qui fait la force et c’est ensemble avec nos voisins que l’on peut combattre l’ennemi. Ce n’est pas seul, enfermé avec ses petites conserves dans sa cave que l’on peut résister. C’est ensemble que l’on va réussir à résister et les élections qui vont arriver sont cruciales. Les valeurs européennes, il faut les faire entendre partout. Beaucoup d’étrangers viennent en Europe pour chercher la paix, l’apaisement et du travail car c’est ici qu’il y a ces valeurs là. C’est avec ces valeurs aussi que l’Ukraine pourra se reconstruire, encore plus forte.
Quelle est la situation sur place ? Est-ce qu’une sorte de routine s’est installée depuis plus de deux ans ?
E.P : Oui et non. Si je prends l’exemple de mon père, il est extrêmement inquiet de l’avenir et cette inquiétude use. Oui il y a de la routine, oui on s’habitue à tout, mais on ne veut pas s’habituer à vivre dans la peur parce que cela crée du stress. Il y a énormément de problèmes suite à des dépressions. Les personnes en réalité ne peuvent pas vivre au quotidien avec toutes les alarmes qui retentissent et on ne peut pas s’habituer aux bombardements.
Découvrir le programme complet du Joli mois de l’Europe à Clermont.
Merci à Frédéric Torrent pour l’aide apportée sur l’interview d’Ella Pratsovyta.
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