C’est l’histoire d’une cohabitation ratée qui débouche sur l’éradication d’une espèce. C’est l’histoire d’une incompréhension totale, née de mythes, entretenues par des légendes, nourries par les fantasmes. L’histoire de l’homme et du loup. Le loup n’est guère plus qu’un chien qui aurait gardé son inspiration sauvage et, pourtant, au fil des récits, il est devenu l’ennemi public numéro un. Celui qui fait peur, celui qu’il faut traquer, celui qu’il faut éliminer…Le loup, victime de l’homme car c’est bien là la vérité et non l’inverse. Le loup disparu de nos contrées, à force de chasses effrénées et systématiques, d’obsessionnels massacres.
Sur la pointe des pieds
Disparu…et maintenant de retour. Certes timidement, sur la pointe des pieds. Il en va ainsi des politiques publiques contemporaines, mi-chèvre, mi-chou, qui décident sans décider, composent sans vraiment prendre position. S’il convient de prendre en compte la biodiversité, alors il faut veiller à la « réintroduction » du loup. Mais si les agriculteurs et les bergers le regardent d’un mauvais œil, alors il faut en réduire les effectifs. Le retour du loup dans nos paysages est-il une bonne chose? Question qui mériterait sans doute un long débat mais à laquelle, simplement, on peut apporter deux réponses: oui sur un plan philosophique et écologique parce qu’aucune espèce ne devrait être éliminée par l’homme et qu’aucune ne devrait être persécutée; parce que la terre appartient à tous et à toutes; non, s’il s’agit de le chasser et d’en contrôler sévèrement les contingents. En accompagner le retour pour en arriver à le tuer? Non pas une bizarrerie mais une cruelle absurdité et un non sens total.
24 février au col de la Croix Saint-Robert
Une information, émanant de la Préfecture du Puy-de-Dôme, est ainsi parvenue récemment jusqu’à nos boîtes électroniques: « le 24 février dernier en fin de matinée, une observation visuelle d’un loup, suivie d’une piste d’empreintes relevées le lendemain sont portées à la connaissance du correspondant local du réseau loup/lynx de l’Office national de la chasse et la faune sauvage (ONCSF) sur la commune de Chambon/Lac au col de la Croix Saint-Robert. Au vu des éléments recueillis, l’ONCFS a confirmé qu’il s’agissait d’un loup… » Le communiqué, qui se veut prudent, ajoute: « A ce stade, la confirmation du passage d’un loup… ne suffit pas à considérer le département comme une zone de présence permanente de l’espèce… »
Le loup n’a pas de kalachnikov
Pas de quoi déclencher la panique dans nos campagnes; pas de quoi générer l’angoisse dans les hameaux et les villages reculés. Le loup n’est pas un terroriste armé d’une kalachnikov, pas plus qu’il ne se glisse dans le lit du chaperon rouge… Toutefois, la préfecture a décidé d’installer « très rapidement » une cellule de veille dans le cadre du plan d’action national sur le loup 2018-2023 et d’organiser une réunion ce 28 mars avec les représentants des services de l’Etat, du Conseil départemental, d’élus, des professions agricoles et forestières, des Parcs naturels régionaux, des associations de protection de la nature, des représentants des chasseurs et des lieutenants de louveterie. La réunion doit aussi permettre de présenter le fameux plan national d’action, dont on sait qu’il ne satisfait personne…
Comme l’ours des Pyrénées
Alors, oui, le loup, comme d’autres, va être la victime du pas de danse des responsables publics: on en veut un peu pour satisfaire les écolos, pas trop pour ne pas effaroucher les agriculteurs; un peu si l’on considère la nature comme une encyclopédie, pas trop pour ne pas fâcher le puissant lobby des chasseurs, si présent dans les assemblées. Le loup, en liberté surveillée, sera l’objet des tractations, des concertations, des négociations, des demi-mesures. Sans jamais prendre en compte une dimension essentielle, le plus souvent niée à l’animal quel qu’il soit: il est d’abord un être vivant et sensible qui devrait être considéré comme tel. Le loup est comme l’ours des Pyrénées ou le renard, déclaré nuisible, en toute aberration et contre l’avis même des scientifiques… Leur sort, décidé dans des cabinets, est ensuite géré à coups de fusils. Même quand le ministre de l’environnement s’appelle Nicolas Hulot.
Un superbe plaidoyer pour le loup, un peu amer, un peu désespéré, face à cette fuite en avant d’homo sapiens qui se croit obligé d’éradiquer tout ce qui vit autour de lui… Merci Marc pour ce chant du cygne, qui est aussi un triste constat et une subtile mise en garde.
Contente de vous retrouver, de vous lire. Pendant les années où Les Vaches Rouges essayaient de parler pour les animaux, c’est vous qui nous donniez souvent un forum dans les pages d’Info. Merci d’être une voix pour les loups.
Marc François a fait ci dessus une analyse parfaite , plutôt amère comme l’écrit Josée Barnèrias , mais le temps ou l’on classait les espèces sauvages en deux groupes ‘ ( utiles et nuisibles ) est révolu ! , sachant que ‘tout les animaux sauvages ont un rôle ,dans la nature et l’homme n’a pas a s’ interposer en décidant d’éliminer le Loup ou le Renard ni le Blaireau ‘ , la Loi du 10 Juillet 1976 ‘ protège tous les oiseaux rapaces ,et personne n’a réclamé de battues ou destructions ( hormis quelques ‘attardés d’une autre époque ) la France doit voter et faire appliquer une Loi identique pour ‘nos derniers mammifères sauvages , rien qu’en voyant la situation de l’Ours en Pyrénées …la trentaine de sujets présents ,proviennent de Slovénie .. , et ce ne sont que les ‘porteurs de fusils français qui ont supprimé les derniers descendants Français de ‘souche .. alors ne passons pour des idiots avec les Loups ..