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Un beau théâtre pour le départ de l'étape à Clermont- photo Ville de Clermont.
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Les verts aboient… la caravane passe !

Il est passé par ici et on espère bien qu’il repassera par là. Même si le virus l’a un peu aseptisé en le reléguant sur la fin d’été, le Tour demeure l’évènement adoré des foules. N’en déplaise à quelques néo-politiciens qui voudraient nous faire croire que le réchauffement climatique, c’est la faute aux vélos chevauchés par des hommes en jaune, en blanc à pois rouges…ou en vert !

 » Il faut réfléchir avant d’ouvrir sa gueule ! » Vert…de rage, Bernard Hinault, breton pur beurre, ne l’a pas envoyé dire à la cheffe de file des élus Verts de Rennes quand celle-ci justifiait, début août, le refus de la mairie d’organiser le départ du Tour en 2021 : « Projet trop coûteux et générateur de déchets…mauvaise empreinte carbone…le Tour est un format sportif daté ! ». Du coup, on comprenait mieux la mauvaise humeur du quintuple vainqueur de la Grande Boucle. 

Paroles, paroles… 

La présentation des équipes à Nice- photo ASO.

C’est vrai qu’il n’est pas facile de trouver des baguettes magiques pour sauver la planète. Alors, parfois, on part dans des élucubrations qui n’engagent évidemment que leurs auteurs puisque les Verts de la mairie de Brest, eux, n’entendaient pas passer à côté de l’opportunité : « C’est (le départ du Tour) un énorme événement populaire très fédérateur… ». La Bretagne ferme le ban ! Le Tour 2021 partira donc de Brest.

Chaque année ce sont 250 à 300 communes ou communautés d’agglomération qui se portent candidates à l’accueil du Tour. Toutes n’ont pas la prétention d’accueillir le Grand départ, sur trois jours comme Nice cette année, car l’investissement est important. « Exactement 3,55 M€ » a précisé le maire Christian Estrosi, ajoutant « on estime entre 50 et 60 M€  les retombées économiques de l’événement ». Un peu moins sans doute compte-tenu de l’actualité sanitaire qui avait écarté la foule des touristes étrangers.

Samedi à 13h05 : un événement tant attendu… – photo Ville de Clermont.

Tant pis pour les grincheux

Les bilans présentés a posteriori par quelques villes ayant accueilli dernièrement le Grand départ sont significatifs.

Utrecht (2015) et Düsseldorf (2017), deux villes européennes converties au vert, affichaient respectivement : 23,27 M€ de retombées pour 4M€ de dépenses et 68,3 M€ pour 16M€ de dépenses. (1)

Hormis le Grand départ, le tarif demandé par Amaury Sport Organisation est de 80 000€ pour un départ d’étape et 120 000 pour une arrivée. Tarifs auxquels il convient d’ajouter inévitablement quelques dépenses annexes. « Disons que ça nous coûte globalement 100 000€ » annonce Frédéric Bonnichon le maire de Châtel-Guyon d’où est partie le 11 septembre une formidable  treizième étape en direction du Puy Mary. « Il est difficile de chiffrer d’ores et déjà toutes les retombées mais 100 000€ cela représente seulement 2 millièmes du budget annuel de RLV (communauté d’agglomération Riom Limagne Volcans dont il est le président)…et c’est le tarif d’une page de pub dans un quotidien national ! »

Mêmes échos du côté de Christine Dulac-Rougerie, vice-présidente de Clermont Auvergne Métropole qui organisait le départ de la 14ème étape : «La logistique assurée par nos agents n’a pas engendré de coûts supplémentaires, c’était leur travail et en plus ils étaient tous très motivés par leur implication dans cette grande fête populaire». Châtel et Clermont se partageant les retombées immédiates, tout comme d’autres villes proches, puisque les 4000 personnes de la caravane du Tour auront passé deux nuits consécutives dans leurs hébergements disséminés jusqu’à Vichy et Issoire…sans compter les clients venus pour la circonstance.

Audience record 

Le grand spectacle du Tour- photo ASO.

Au-delà du « bizness » immédiat, la médiatisation de la plus grande course du monde est un formidable catalogue touristique diffusé dans 200 pays. Dans l’hexagone les chiffres de 2019 font référence : diffusées en clair et en intégralité sur France Télévision, toutes les étapes font la part belle aux cartes postales historiques et culturelles. Elles ont représenté plus de 100 heures de direct et un cumul de 35,4 millions de téléspectateurs. En moyenne 3,7 millions chaque jour avec des pointes à 5,4 millions comme sur l’étape de Tignes. (2)

En ce 30 août 2020, la victoire de Julian Alaphilippe à Nice a été suivie par 6,3 millions de téléspectateurs…un record ! Ajoutez à cela le Vélo-club qui fait suite aux étapes avec une audience moyenne de 3,3 millions, le Tour est bien cette épopée qui depuis sa création en 1903 n’a cessé d’être portée par l’enthousiasme croissant des foules, pas seulement devant la télé.

Le ministère des sports estimait que 10 à 12 millions de spectateurs s’étaient massés le long des routes au fil du Tour 2019. 

Au départ de Châtel-Guyon- photo ASO.

Mauvais procès

Troisième événement mondial derrière la Coupe du monde de foot et les Jeux Olympiques, le Tour est l’unique spectacle sportif professionnel et populaire qui s’offre gratuitement au public. Un départ, une arrivée ou même un simple passage est un événement partagé.

« Pour nous, cela crée une dynamique du territoire et fédère les associations » souligne le maire de Châtel-Guyon… « …et cela répond à un véritable besoin de partager des émotions sportives » insiste Christine Dulac-Rougerie qui écarte les arguments des Verts à propos du présumé mauvais bilan carbone du Tour : « C’est un mauvais procès car ASO a engagé de gros efforts dans ce domaine ». Christian Prudhomme, le patron du Tour l’avait d’ailleurs confirmé fin 2019 « En 2020 pour la première fois il y aura 29 voitures hybrides et des voitures 100% électriques commenceront à investir la caravane ».

Et puis, franchement, quand on sait que la centaine de véhicules de la caravane publicitaire du Tour aura déroulé 4000 km pendant trois semaines alors que 35 milliards de kilomètres auront été parcourus sur l’ensemble du réseau routier français pendant le même temps… !(3)

Mais la démagogie semble aussi contagieuse que la Covid-19. Grégory Doucet, le maire écologiste de Lyon, en a remis une couche avant l’arrivée dans sa ville de l’étape partie de Clermont : « Le Tour donne une image machiste du sport…il est polluant…c’est une compétition complètement dépassée. » La rengaine fait son chemin.

L’écologie aurait sûrement d’autres combats à mener contre le réchauffement climatique plutôt que délivrer des propos clivant tout juste propres à satisfaire quelques alliés de circonstance et faire un pauvre buzz. Qu’est ce qu’il disait déjà Bernard Hinault ?

Bernard Hinault- photo France TV.

(1) Source : banquedesterritoires.fr 

(2) Source : Médiamétrie

(3) 606 milliards par an. Source : Statista Research Dev. février 2020

À propos de l'auteur

Yves Meunier

Bourbonnais originaire de Gannat où il s’est essayé au rugby sous le maillot de l’ASG pendant une douzaine d’années. Diplômé d’Etudes Supérieures en Sciences Economiques à l’Université de Clermont. Journaliste à France3 Région de 1972 à 2007. Aujourd’hui impliqué avec des amis dans une aventure viticole du côté de Saint-Emilion et toujours en prise avec le sport auvergnat au sein de l’Union des Journalistes de Sports en France.

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