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Chraz à Royat, au Parc public thermal. Là où se situait la Blanchisserie Trinquard.
Entretiens

Les coins secrets de Chraz

De Montferrand à Royat en passant par Aubière, Chraz nous emmène à la découverte de ses coins secrets, souvent liés à des souvenirs. Et cela, toujours sur le ton de l’humour et de l’émotion et non sans tendresse...  

Chraz est monté pour la première fois sur scène en 1986 au Petit Vélo. 1500 représentations plus tard, il continue d’arpenter les planches, distillant quatre spectacles. Il se qualifie de one-man-showmeur dans la mesure où il est comédien intermittent du spectacle. « Tant que tu n’es pas chômeur, tu ne peux pas être professionnel dans ce métier. Après, ils s’étonnent qu’il y en ait qui soient fainéants » clame-t-il sur le ton de la plaisanterie. Chraz a déjà douze spectacles à son actif, quatre qui tournent actuellement et un en écriture « avec l’angoisse de la page noire. Il y en a qui cherchent ce qu’ils pourraient dire, moi, je cherche ce que je pourrais enlever. J’insiste beaucoup pour dire que ce que je fais, c’est con, parce que si tu dis que c’est intelligent, ça fait peur aux gens. »  

Devant la maison où il a habité à Royat.

 De la blanchisserie au Parc public thermal

Chraz nous entraîne au Parc public thermal de Royat, situé juste au-dessus de Royatonic. Autrefois, il était  occupé par la Blanchisserie Trinquard dans sa partie haute. La belle maison surplombant le parc, le château comme l’appelle Chraz, était celle de la patronne. Toute la blanchisserie a été démolie. Il ne reste aucun vestige ni même de plaque pour rappeler cette institution. Le patrimoine industriel disparaît, sa mémoire aussi. Trop prolo probablement pour la population bio-bio, surnom donné aux bobos par Chraz. « En 1962, je suis venu avec ma mère chercher du boulot pour mon père. Ça marque mon arrivée à la grande ville. Mon père a trouvé un boulot de mécano et ma mère un boulot de blanchisseuse qui l’a peut-être bien tuée. Avec tout le trichloréthylène qu’elle a respiré, elle est décédée jeune. La Tiretaine devait bien polluer Clermont avec tout ce que rejetait la blanchisserie. Tout est disparu, les pelleteuses sont passées par là, c’est vachement plus beau maintenant, ce parc avec des jeux pour enfants. »

Le Sheldon, une institution

L’entrée des artistes au Sheldon.

Toujours sur les pas de son passé, un rien nostalgique, la balade se poursuit à côté du bar la Station, place Allard à Royat. Là, à la place de l’actuel opticien, se tenait Le Sheldon. Une institution…  En sortant de l’armée à 23 ans, Chraz cherche un boulot d’électromécanicien, il a le CAP. « J’arrive le lundi pour bosser, le mec me demande si j’ai un bleu de travail. Je n’en avais pas. Pas grave, il me dit de revenir le lendemain avec un bleu et le jour même, je trouve un boulot de disc-jockey au Sheldon et je n’ai jamais été électromécanicien de ma vie. On disait disquaire à l’époque, pas disc-jockey. Je faisais disquaire et vestiaire, les deux. C’est là où venaient toutes les huiles essentielles de Royat. J’ai vu des vedettes. C’était huppé. J’ai fait ça trois mois en 1973. Après, j’étais représentant de commerce chez Limagrain, mais attention, c’était avant les OGM ! Mais je pense qu’il y avait déjà un peu de glyphosate quand même ! »

Sa première à la Petite Gaillarde

De Royat au centre ville de Clermont et plus précisément au quartier Fontgiève-Gaillard…C’est lors de la Nuit du Théâtre organisée au Petit Vélo (rebaptisé Petite Gaillarde en 1998), rue Abbé Banier, que Chraz foule une scène pour la première fois avec un numéro d’infos décalées. « Ça a bien marché. À cette époque, je suis un peu zonard, rouleur de pétards à mi-temps à la campagne. Je n’avais rien à foutre si ce n’est glander et me débrouiller à gauche – à gauche parce qu’à droite, j’y allais déjà très peu. À partir de là, je me suis dit que si je pouvais gagner ma vie en disant des conneries, c’était peut-être pas plus mal que de travailler. » Il commence réellement à gagner sa vie de comédien à partir de 1988 au Caveau de la République à Paris grâce à Jacques Mailhot. « Ça fait trente ans que j’arrive à survivre de ça. C’est déjà pas mal pour un prolo. » La comédie le conduit aussi à la radio. « À partir du moment où ton métier, c’est de causer, tu causes partout où on t’en donne l’occasion. Comme j’ai une certaine facilité à dire des conneries, il y en a toujours que ça intéresse. » Grâce au Caveau de la République, Chraz rencontre Laurent Ruquier qui lance Rien à cirer sur France Inter en 1991. Un an plus tard, il invite Chraz à le rejoindre. « Je suis resté trois ans à faire le couillon à Rien à cirer. » En 2000, il bosse avec Virginie Lemoine, Yves Lecoq et Laurent Violet pour l’émission Les agités du J.T. toujours sur France Inter. « J’ai bossé cinq ans à France Inter, j’avais l’impression d’être chez moi. » Bien que travaillant à Paris, Chraz n’y vit pas. Il fait les allers-retours entre Clermont et la Maison de la Radio. « C’était pratique, j’avais le temps d’écrire dans le train. »

De retour à La Petite Gaillarde.

Du côté du boulevard François-Mitterrand

Quand s’arrête France Inter, il poursuit sur Radio France, à Clermont, sur France Bleu, boulevard François Mitterrand, avec Jean-Marc Millanvoye pour l’émission Mieux qu’à Paris qui tient dix ans avant de se faire virer par le directeur surnommé Picsou par notre Albert Einstein natif de Charbonnier-les-Mines, dans le bassin minier au sud d’Issoire. « C’était une émission où on parlait la bouche pleine. Picsou venait toujours boire un canon ou bouffer, mais il n’apportait jamais rien. D’où ce surnom qui lui est resté. » L’émission a migré ensuite sur Radio Arverne, puis à la télé sur Clermont 1ère.

Partie de billard avec Bruno Zambonin.

Le dernier fabricant de billards  

Bruno Zambonin est le dernier fabricant de billards dans l’agglomération clermontoise. « Il bossait avec mon fils et je suis resté copain avec lui. J’ai même eu un billard qui provenait de chez lui. » ABSI’S Billard est situé 15 avenue du Roussillon à Aubière et son atelier à Montferrand, proche de la place de la Rodade. « J’aime bien jouer au billard. Je préfère le billard à trois boules que l’américain. Il m’avait fait un billard normal sur lequel je pouvais boucher les trous pour en jouer de plusieurs façons. »

Pain quotidien

Chamalières: devant la boulangerie Vacher.

Après Royat, le centre de Clermont, le quartier de Montferrand, la dernière étape se situe à Chamalières. Et c’est de pain dont il est question. « Alain Vacher, le créateur de la boulangerie, est quelqu’un d’adorable, un passionné de pain. Il a plus de 80 ans, ce sont ses enfants qui ont pris la suite. Il nous a beaucoup suivis quand on faisait de la radio. Il parle de son boulot à l’ancienne, il explique comment faire le pain, comment le travailler, pas de combien ça va lui rapporter. J’aime bien ce genre de personnage, moulé à la louche. » La boulangerie Vacher? située avenue Voltaire? est louée à juste raison pour la qualité de son pain qui mérite vraiment le détour. « J’ai choisi cette boulangerie pour mettre en avant le côté artisanal du monde d’avant. Ce n’est pas que c’était mieux avant, c’est que je suis un peu perdu avec la société d’aujourd’hui.. »

Retrouvez également: les coins secrets de Jean-Marc Grangier, ceux de Roberto Forés Veses ou encore d’Eric Roux.

 

 

 

À propos de l'auteur

Patrick Foulhoux

Journaliste et grand amateur de musique rock, Patrick Foulhoux a collaboré pendant de nombreuses années avec des magazines consacrés à la musique (Rollling Stone, Rock Sound, X-Rock...) et des titres de la presse de territoire. Sa passion pour le Rock l'a conduit à devenir directeur artistique de labels, tourneur, manager, organisateur de festival et écrivain.

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