Le match ASM- Toulon n’a pas eu lieu et, depuis, les travées du Stade Marcel-Michelin restent vides. Le classement du Top 14 s’est figé brutalement au soir de la 17e journée. Quelques jours plus tard, la course cycliste Paris-Nice, échappant pour quelques heures à la cohorte d’annulations et de reports, est parvenue jusqu’au Col de la Colmiane, qui surplombe la Vallée de la Vésubie. Mais elle n’a pas atteint la Promenade des Anglais, sa traditionnelle destination finale, stoppée dans son élan à un jour près. Dès lors, le sport mondial s’est arrêté… à l’exception un peu marginale de l’Open de snooker de Gibraltar qui, lui, est parvenu à son terme, au plus grand bénéfice de son lauréat, le champion du monde en titre, Judd Trump.
Le sport finira par reprendre même si, hélas, ça n’est pas pour demain. Et alors que les athlètes, comme le public, rongent leur frein, cultivant tant bien que mal leur condition, les responsables s’activent en coulisses, sans, pour autant posséder, toutes les cartes en mains.
Une reprise d’abord à l’échelle nationale
Selon toute vraisemblance, la sortie de crise, c’est-à-dire la reprise des compétitions, s’effectuera en deux temps. Ce sont les championnats nationaux, donc les sports collectifs, qui reprendront lors d’une première phase. Football, rugby et autres sports de ballon se heurteront évidemment à un problème de calendrier. Comment finir les compétitions, si possible, dans les délais impartis ? Pour le football, le report à 2021 de l’Eurofoot va évidemment faciliter les solutions, même s’il restera à jongler avec l’incontournable Ligue des champions. Côté rugby, c’est encore la bouteille à l’encre … Il est question d’une saison de Top 14 sans descente, pouvant éventuellement déboucher sur un championnat 2020-2021 à 16. Et l’on ne sait pas encore si les différentes journées pourront être disputées ou si l’on s’orientera directement vers des phases finales avec un aboutissement en juillet (la date du 18 est évoquée). Il restera à trouver une place pour les coupes européennes, sans oublier le Tournoi des 6 Nations et sa dernière journée. A moins que celle-ci ne soit sacrifiée ?
Des matchs à huis clos ?
Il n’est pas inenvisageable, non plus, que la reprise de certains championnats s’effectue d’abord à huis clos. C’est la solution que préconisent, aujourd’hui, des responsables de la Bundesliga (le championnat allemand de football) afin d’anticiper les événements et de satisfaire les diffuseurs qui ne savent plus à quel saint se vouer et ne pourront éternellement se nourrir de rediffusions. Question, enfin: les joueurs internationaux repartis dans leurs pays durant l’épidémie, seront-ils admis à revenir rapidement ? Si tel est le cas, on imagine qu’ils devront subir des tests médicaux avant de reprendre, éventuellement, leur place…
Un virus voyageur
L’épidémie de Covid-19 voyage d’est en ouest. Elle atteint actuellement son pic en Europe, après avoir, semble-t-il, délaissé la Chine. Et, selon les scientifiques, le continent américain, déjà sérieusement secoué, ne subira le paroxysme de la crise que dans quelques semaines. Bref, il faudra plusieurs mois avant que la pandémie ne soit jugulée sur l’ensemble de la planète. Et c’est toute la problématique pour les grandes compétitions internationales réunissant des sportifs provenant du monde entier. Des monuments comme Roland-Garros ou les 24 Heures du Mans ont été reportés à septembre, Wimbledon pourrait être purement et simplement annulé et certains envisagent même « une saison blanche » en tennis. Pour leur part, les illustres classiques cyclistes du printemps ont été différées et l’on voit mal comment elles pourraient se repositionner en fin de saison. Le Masters d’Augusta, le plus emblématique des tournois de golf n’aura pas lieu et les trois autres majeurs sont désormais menacés. Quant à la saison des Grand-Prix de Formule 1, elle ne débutera pas, au mieux, avant le Grand-Prix de France à la fin juin. Enfin, à tout seigneur, tout honneur, les Jeux Olympiques, sommet absolu en matière sportive, ont été carrément repoussés à 2021, quelques mois seulement avant les Jeux d’hiver de Pékin. Du coup, les championnats du monde d’athlétisme et de natation, sports rois des JO d’été, prévus en 2021, pourraient avoir lieu un an plus tard. Un vrai casse-tête en réalité…
Le Tour en danger ?
Quid du Tour de France, prévu entre le 27 juin et le 19 juillet ? Pour l’heure, les organisateurs font preuve de prudence et ils ont raison. Inutile de se précipiter à trois mois du départ envisagé. Toutefois, le recul éventuel de l’épidémie n’est pas le seul paramètre à prendre en compte. En effet, une saison cycliste se construit comme un mécano avec un enchaînement de courses d’un jour, d’épreuves par étapes puis de grands tours. Les premières préparent aux courses de trois semaines. Difficile d’envisager disputer le Tour si aucune épreuve préalable (comme le Dauphiné ou le Tour de Suisse) ne peut avoir lieu. La porte de sortie pourrait être de retarder le départ de Nice de quelques jours, puisque le report des Jeux Olympiques (et de la compétition cycliste sur route) libère des dates. Les rebondissements ne devraient pas manquer dans les prochaines heures. A défaut de compétitions, l’actualité sportive se joue, pour le moment, en coulisses et dans le sillage du coronavirus. Ça n’est guère palpitant.
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