Dans les locaux de l’Intermarché du Cendre, Jean-Sébastien Alègre a son espace dédié : un bureau équipé d’un mini studio de photo, des rayonnages pour stocker les produits secs et un grand espace dans la chambre froide. Le studio lui sert à prendre en photo les produits dénichés et achetés chez des producteurs locaux, bio ou en agriculture raisonnée. Il met en ligne les clichés sur son site internet, accompagnés d’une petite fiche présentant les producteurs. En quelques clics, les produits peuvent être achetés puis récupérés dès le lendemain dans l’un des cinq « drive » Intermarché de l’agglomération clermontoise partenaires.
Acheter local au jour le jour
Sa petite entreprise, baptisée Mondrivelocal, permet ainsi d’inclure facilement dans son quotidien la consommation de produits locaux et sains, vendus en circuit court à un prix garantissant une juste rémunération aux producteurs. L’idée lui est venue en 2015, après avoir testé plusieurs alternatives aux hypermarchés. « J’ai commencé par essayer le système de paniers de fruits et légumes des Amap mais je n’arrivais pas à finir seul les produits. Je me suis alors tourné vers le site internet locavor.fr mais il n’est possible de récupérer les produits achetés qu’une seule fois par semaine et à un endroit précis, ce qui est assez contraignant. Bref, je n’arrivais pas à trouver de système me convenant pour manger mieux. Le drive était alors en plein boom et j’ai eu cette idée de proposer un système permettant d’acheter les produits locaux que l’on souhaite, à tout moment, sans contrainte excessive pour venir les récupérer », raconte l’entrepreneur.
Un projet plébiscité sur le web
Début 2016, soutenu par #Up Auvergne Nouveau Monde, il lance une perche sur la plate-forme de financement participatif Ulule… 335 internautes lui font confiance et lui permettent de récolter pas loin de 17000 euros. De quoi le conforter dans l’intérêt de son projet et convaincre les banques de lui faire confiance. Il pense au départ créer son propre Drive mais la communauté d’ambassadeurs Ulule lui suggère de passer par celui des supermarchés, permettant ainsi aux clients de combiner, en un même point, achat de produits locaux et de produits industriels de grande distribution comme le papier toilette, les couches etc. Intermarché répond positivement à sa demande avec un véritable intérêt pour son projet, en lui proposant de lui louer des locaux dans son entrepôt du Cendre. Jean-Sébastien accorde alors au groupe l’exclusivité pendant les six premiers mois. « J’ai rencontré des gens très humains qui m’ont donné envie de travailler avec eux. En mettant à ma disposition des espaces de stockage, ils m’ont permis d’être opérationnel de suite. Nos produits sont complémentaires. Je ne leur fais pas concurrence et leur permet d’attirer ma clientèle dans leur magasin », se félicite-il.
Des producteurs triés sur le volet
Aidé par l’incubateur clermontois SquareLab et par le booster de Startup Le bivouac, mais surtout par ses compétences en commerce, marketing et gestion de projet, il monte son affaire et lance sa plate-forme il y a une petite année. Les petits producteurs sont sélectionnés par ses soins en Auvergne mais également parfois dans d’autres départements français, de façon à pouvoir étendre la gamme de produits et la saisonnalité de leur vente. Il les a tous rencontré et les laissent fixer les tarifs. « J’ai toujours été attiré par le monde agricole que je connais bien par mon oncle et mon cousin éleveurs de Blondes d’Aquitaine. Je suis content de valoriser à ma façon la qualité et la diversité de l’agriculture française. Je pensais au départ me limiter à des producteurs régionaux mais mes clients m’ont réclamé des mandarines corses par exemple. Alors j’ai étendu un peu le périmètre d’achat en privilégiant au maximum le local et sans jamais sortir de la France métropolitaine », indique-t-il.
A quand d’autres agglomérations ?
La plate-forme dispose aujourd’hui 600 références, dont la disponibilité varie en fonction des saisons, et répond à une soixantaine de commandes par semaine. Ce n’est pas encore la panacée mais Mondrivelocal a réussi à fidéliser une clientèle et fait régulièrement de nouveaux adeptes. « Les acheteurs ont un niveau de vie variable car les prix de vente ne sont pas très élevés. Ce ne sont pas forcément des militants, simplement des gens qui aiment bien manger », décrypte Jean-Sébastien. Pour l’instant, cinq magasins participent à l’opération mais d’autres points relais sont envisageables sur l’agglomération. Et pourquoi pas, une fois le système un peu rodé, exporter le modèle dans d’autres villes de France…
Renseignements:
contact@mondrivelocal.fr – 07 83 28 96 81
www.mondrivelocal.fr
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