Après Le Bouclier Arverne, voici La Fille de Vercingétorix. Le 38ème épisode des aventures d’Astérix, scénarisé par Jean-Yves Ferri et dessiné par Didier Conrad, remet l’Auvergne au centre, en inventant une prétendue descendance au héros de Gergovie.
Son nom ?Adrénaline. Son caractère ? Celui d’une ado rappelant Greta Thunberg. Libre et résistante. Fugueuse. Un peu insolente, aussi. Traquée par les Romains, elle trouve refuge dans le village des irréductibles Gaulois… On aime l’idée qu’elle ait “deux papas” adoptifs. Et que finalement, ça ne choque absolument personne.
Pas un cratère à l’horizon…
Un peu chauvins, les Auvergnats attendaient ce nouvel album comme Obélix un banquet de fin de bataille. Mais la région, ses volcans, ses traditions, ses légendes, est-elle réellement à l’honneur ? En tout cas, pas dans les décors. L’intrigue se déroule pour l’essentiel dans le village gaulois et sur la côte atlantique. Il n’y a pas l’ombre d’un cratère à l’horizon.
Ceci dit, les références “locales” ne sont pas inexistantes, les auteurs citant même “Clermont-Ferrand” comme une planque pas très sûre pour la jeune femme. De plus, Adrénaline est escortée par un amusant “Front Arverne de Resistanche Checrète” ou FARC. Non non, il n’y a pas de faute. En fait, ses membres chuintent. Beaucoup. Presque un peu trop. Leur protégée, à l’inverse, n’a pas le moindre accent auvergnat, car elle a grandi à Lutèce. Sinon, les Arvernes ont la réputation d’être de “riches négociants” en vin (clin d’œil aux Auvergnats de Paris !)
“Plus personne ne prononce son nom à voix haute”
Vous vous demandez si on parle de la bataille de Gergovie ? Eh bien oui ! A plusieurs reprises… “Grosse ambiance ! Il avait rassemblé du monde ce jour là !” glisse un villageois devant l’étal de poissons. Ce “il”, c’est évidemment Vercingétorix. Son personnage n’apparaît qu’au titre de souvenirs. Représenté en monochrome, il est l’archétype du soldat viril et moustachu à qui rien ne résiste. Un peu comme la statue de la place de Jaude, finalement. Quant à savoir s’il a vraiment eu une fille… “Le sujet de sa descendance divise les historiens” précisent les auteurs.
Le plus drôle, finalement, c’est que la plupart des personnages n’a jamais entendu parler de lui. “Machin”, “qui ?”, “qui ça ?”, “tu sais qui”… Le comique de répétition fonctionne à merveille. Un pirate le nomme même “Vérinhydrolix”. Et son patronyme est souvent écrit en minuscule. “Depuis la défaite d’Alésia, plus personne ne prononce son nom à voix haute” justifie Agecanonix en préambule. Glorifié par les Clermontois, Vercingétorix est ici ramené à son statut de loser. Dure réalité…
Même si elle n’apparaît qu’en filigrane, l’Auvergne est donc bien présente dans ce nouvel opus. Un coup de projecteur à 5 millions d’exemplaires, c’est plutôt inespéré… Pour le reste, l’esprit goscinnyen est préservé, avec une foule de jeux de mots, de clins d’œil à l’Histoire et de références à l’actualité qui ravira les fans de la série.
« La Fille de Vercingétorix » aux Editions Albert-René. 9,99€.
Assurément un très bon album !…