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Itinéraire d’un homme très occupé

Un œil à Clermont, l’autre à New-York et…encore un autre à Saint-Emilion, voilà un auvergnat qui n’est jamais resté les deux pieds dans le même sabot. Le rugby et le vin ne pouvant faire que bon ménage, Pierre Arnald a su saisir les opportunités de conjuguer des passions colorées de rose, de rouge et aussi de jaune et bleu.

Pierre Arnald au château / Photo Franc Mayne

A deux minutes à l’ouest du clocher de Saint-Emilion, le directeur général du château Franc Mayne a également la main sur les affaires des deux autres domaines appartenant au groupe Oberthur, du côté de Chinon en Val de Loire et de Collobrières en Provence. C’est sa proximité avec la famille Savare (1) qui a projeté Pierre Arnald dans le domaine du vin en 2018 après qu’il ait opéré dans celui de la balle ovale qu’il n’a jamais lâché.

Rugby au corps

Pierre Arnald / Photo Yves Meunier
Photo Yves Meunier

Chamalièrois de naissance mais Bessard avant tout, le petit Pierre s’est vu raconter maintes fois qu’en février 1970, au retour de la maternité, c’est directement par le premier étage qu’il avait intégré le chalet familial enchâssé dans trois mètres de neige. Son père Maurice régnait alors sur l’hôtel Les Grands Horizons à Super Besse. Des poussins de l’ASM et de la scolarité clermontoise jusqu’aux études en marketing- communication à Paris, le rugby allait coller au corps de notre auvergnat dont le physique lui permit de porter n’importe quel numéro dans les packs du PUC ou de Clichy. Son premier poste d’attaché commercial l’amenait ensuite pendant quatre années à l’ambassade de France à Hanoï où il allait endosser le maillot du XV du Viêtnam pour disputer les tournois asiatiques. Salarié de la Fédération Française de Rugby à son retour dans l’hexagone il laissait de côté ses crampons en intégrant l’équipe chargée du dossier de candidature à l’organisation de la Coupe du Monde 2007. Mission accomplie, Pierre Arnald revenait sur ses terres d’origine dans le staff organisateur de la Coupe du Monde des moins de 21 ans en 2006 à Clermont où les ‘’petits bleus’’ furent sacrés champions.

La vie en rose

Le duo Arnald-Savare / Photo Stade Français
Le duo Arnald-Savare / Photo Stade Français

« Je prends la présidence du Stade Français mais mon job c’est Oberthur. Je vais donc installer un directeur général issu du monde du rugby » C’est ainsi que Thomas Savare, repreneur en 2011 d’un club parisien financièrement mal en point confiait les clés du camion à Pierre Arnald. Il faut dire que, par le biais de l’usine Oberthur de Puy Guillaume, les deux hommes se connaissaient déjà. Le Bessard, amateur de vin, était devenu proche de la famille Savare et le père de Thomas lui avait dit : « Nous allons investir dans le vin. Tu viens avec nous au Stade… et tu viendras sur notre propriété viticole. » Difficile de résister à l’argument. Le cœur en jaune et bleu depuis les poussins montferrandais, Pierre Arnald partait donc pour un bail de six ans avec les soldats roses qui allaient remporter leur quatorzième titre en 2015 par 4 coups de pied à 2 au terme d’une finale cadenassée contre l’ASM Clermont. Lorsque Thomas Savare retire ses billes et quitte le Stade Français en 2017, le DG du club va donc, lui aussi, prendre la direction de la Gironde. Le patron d’Oberthur vient d’y racheter Franc Mayne, Grand cru classé de Saint-Emilion, avec la ferme intention de relancer le domaine. « Comme je n’avais pas encore l’expérience de la vigne, je travaillais surtout à la gestion de l’export. » Et voilà donc comment ses pérégrinations vinicoles conduisent Pierre Arnald vers Big Apple.

New York, New York !

Bastareaud à New York / Avec Mathieu Bastareaud /R U New York
Photo R U New York

Convaincu que le rugby pouvait se faire une (petite) place aux côtés du Foot US, du Base Ball et du Basket qui dominent les sports co au pays de l’oncle Tom, l’ex Auvergnat de Paris, soutenu par Thomas Savare, trouve écho chez un Irlandais pour fonder la Rugby United New York. Une franchise qui va intégrer la Major League Rugby. La stratégie est de s’appuyer sur une ossature de joueurs anglais, irlandais et américains mais aussi de professionnaliser les nombreux clubs amateurs et de développer le rugby dans les universités. Après le buzz de la venue à New York de Mathieu Bastareaud dont l’aventure américaine a été écourtée par la pandémie covid qui a mis la compétition en sommeil, Pierre Arnald, qui détient aussi la franchise pour le Connecticut et le New Jersey, reste confiant : « l’attribution de la Coupe du Monde 2031 aux USA va être une vecteur de développement. Jusqu’alors nous n’avions pas de droits TV mais il va y avoir un appel d’offre pour la saison 2024. » Coiffé de sa double casquette, le DG du Rugby newyorkais et du château Franc Mayne traverse l’Atlantique tous les deux mois pour porter la bonne parole de l’ovale et vanter les mérites du merlot de Saint-Emilion. Les visioconférences ne font pas tout.

Et Clermont Alors ?

Cave / Photo Franc Mayne
Photo Franc Mayne

Même s’il en a quelque peu réduit la voilure, ses activités dans l’immobilier clermontois amènent régulièrement l’éclectique quinquagénaire dans la capitale auvergnate. En passant avenue de la république devant l’hôtel dont il fut le propriétaire… et à deux pas du stade Marcel-Michelin où il lui arrive de faire un stop. «C’est vrai que je suis très attaché à l’ASM…» Dit-il en arborant un large sourire. Très attaché ? « Oui…disons que je suis proche du club. » Au point de… ? « Oui, je pourrais peut-être aider le club.» Histoire de concrétiser la tentation d’un retour à de premières amours.
En attendant, Pierre Arnald va s’enquérir de la santé des sept hectares du domaine auprès de la directrice technique de Franc Mayne en jetant un coup d’œil au ‘’quercus ilex’’, ce chêne vert icône du château, veillant sur les barriques qui travaillent en silence dans la quiétude des carrières souterraines.

Le chêne et les caves / Photo Franc Mayne
Photo Franc Mayne

(1) Propriétaire du groupe Oberthur spécialisé dans l’impression de haute sécurité (billets de banque, cartes à puce…)

À propos de l'auteur

Yves Meunier

Bourbonnais originaire de Gannat où il s’est essayé au rugby sous le maillot de l’ASG pendant une douzaine d’années. Diplômé d’Etudes Supérieures en Sciences Economiques à l’Université de Clermont. Journaliste à France3 Région de 1972 à 2007. Aujourd’hui impliqué avec des amis dans une aventure viticole du côté de Saint-Emilion et toujours en prise avec le sport auvergnat au sein de l’Union des Journalistes de Sports en France.

1 Commentaire

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  • Bravo à ce cher Pierre!
    Son parcours aussi exceptionnel que varié nous éblouit tous et il collectionne les fantasmes masculins avec brio!
    Le vin après le rugby est une belle évolution.
    Nous avons été invités à partager ces belles activités et nous sommes fiers d’être ses beaux-parents

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