C’est un événement dans la mesure où l’Iguane n’avait pas brûlé des planches et vrillé des oreilles dans le coin depuis belle lurette. La dernière fois, ça devait être au plan d’eau de Cournon, dans le cadre du festival Rock au Maximum. Ça fait un bail. Il vient cette fois pour défendre son dernier album, le majestueux et surprenant Free, un des plus beaux fleurons de l’exercice 2019. On pensait que l’insipide Post Pop Depression serait son dernier. À 75 ans, Iggy a encore à dire. Cette fois, il a confié le bébé à deux jazzeux texans, la guitariste avant-gardiste Sarah Lipstate plus connue sous le pseudo de Noveller et le guitariste, chanteur, compositeur et producteur de l’album, Leron Thomas. Le résultat est d’abord étonnant, voire déroutant avant de s’avérer bluffant une fois qu’on s’est bien acclimaté aux hypnotiques humeurs jazzy.
Toujours libre
Free est un retour aux sources pour Iggy, les Stooges devant tant au Velvet Underground, ne serait-ce que pour la stimulation. On retrouve le septuagénaire dans un registre plus posé et tout aussi tourmenté malgré une liberté proclamée et surtout, surtout, il y a cet incroyable “James Bond” qui tient sur pas grand chose. Preuve que trois bouts de ficelle suffisent à composer un tube pour peu qu’on sache manier le fer à show. On sait la tendresse d’Iggy pour John Coltrane. Souvenons- nous des saillies jazzy au saxophone de Steve McKay sur le plus grand disque de l’histoire du rock’n’roll, Fun House des Stooges. Là, l’Iguane foule des terrains plus expérimentaux avec Dirty Sanchez ou Glow In The Dark, voire lancinant pour ne pas dire un rien gonflant à la Page. Quand Iggy relit We Are The People, poème de Lou Reed écrit en 1971 après la dissolution du Velvet Underground, accompagné de la trompette et d’un piano arythmique, on est hypnotisé par la voix formant une voute céleste. Morceau idéal pour apprécier cette voix féline au repos. On se dit que la prochaine fois, il est quitte pour faire ses Michigan Recordings avec Rick Rubin comme Johnny Cash fit ses American Recordings ou d’autres leurs humanités.
Poésie crépusculaire
Iggy reprend le poème Do Not Gentle Into That Good Night de Dylan Thomas (1951), morceau déjà passé en revue par John Cale (Velvet Underground) en 1989 sur l’album Words For The Dying. La chorégraphie de ce morceau se joue entre la voix d’Iggy et la trompette de Leron Thomas, quand l’un avance, l’autre coulisse et inversement. Le troisième et énigmatique poème est composé par Iggy et Sarah Lipstate, The Dawn (aurore en français). Arrivant en toute fin d’album, on se demande de quoi est-il l’aube alors qu’il sonne presque comme le crépuscule d’Iggy Pop, lui qui ne cache pas être fatigué. Mais si sa santé le lui permet, ce serait étonnant qu’il en reste là. En attendant un hypothétique prochain album, l’Iguane va ensorceler le public clermontois, dans un numéro qui relève traditionnellement plus du tour de force que du tour de chant.
Iggy Pop -Coopérative de Mai – concert des 20 ans. Mercredi 4 mai 2022 – Concert Complet
Allez y ! Je l’ai vu hier soir à Lyon et il a toujours autant d’énergie, est toujours aussi généreux sur scène !
Quelques morceaux calmes de l’album Free mais majoritairement ses succès de la grande époque !
Je suis si heureux d’avoir pu le voir ce grand bonhomme !