Étonnant destin que celui de Gaspard Forest qui, de nombreuses années durant, à officié comme bucheron-forestier, métier réputé dangereux. Un accident lié à l’utilisation d’une tronçonneuse a contraint ce trentenaire grenoblois a réfléchir à un nouvel avenir professionnel durant une assez longue période de convalescence. Malgré un bras en écharpe, durant ses sorties quotidiennes, il a commencé à ramasser, les détritus qui souillaient sa rue : canettes, bouteilles, papiers, mégots… à chaque sortie, sa collecte était loin d’être négligeable. Ce travail de nettoyage, il l’a ensuite poursuivi dans les parcs de Grenoble avant de s’intéresser aux berges des deux rivières qui traversent la ville, l’Isère et le Drac. Constatant que les déchets y étaient fort nombreux il a tenté de saisir les autorités mais s’est retrouvé face à un rejet de responsabilité, mairie, métropole, société de gestion de l’eau jouant à « c’est pas moi, c’est l’autre ». Gaspard Forest a donc décidé de faire lui même le travail, remontant des montagnes d’immondices et en les déposant soigneusement sur les ponts. Ce geste destiné à interpeller les citoyens et les autorités, lui a valu une petite notoriété locale, bien entretenue par les médias, mais aussi quelques PV pour dépôts sauvages d’ordures sur certaines communes… au total il a passé 300 heures à dépolluer.
L’idée d’un pacte
Durant ce travail de dépollution, Gaspard Forest a imaginé un pacte que chaque commune pourrait mettre en place, partant du principe que tout ce qui passe par les égouts finit dans les rivières puis dans les océans et les mers. Quatre axes structurant ont été définis : Identification des sources de pollution, prévention, information/sensibilisation et nettoyage des berges. Quelques idées simples peuvent ainsi être mises en place. Citons par exemple des grilles d’obturation des bouches d’égout, des campagnes de sensibilisation pour éviter que les citoyens ne jettent autre chose que du papier dans les toilettes, l’arrêt du nettoyage des rigoles à grande eau pour éviter que les mégots ne finissent dans les égouts*…
Afin d’offrir un cadre juridique à son action, Gaspard Forest a du créer « Projet Rivière » une association support qui lui permet, entre autre, de gérer les déplacements qu’il effectue régulièrement sur le terrain. « Je souhaite me concentrer à fond sur le problème des macro-éléments. C’est un enjeu majeur pour endiguer le phénomène des déchets plastiques retrouvés dans les océans ».
Les municipales, un rendez-vous immanquable
Une période électorale étant propice pour interpeller les candidats, Gaspard Forest a lancé une grande opération de signature de sa charte à l’occasion des municipales. A ce jour près de 80 candidats répartis sur tout l’hexagone, l’ont signée dont la moitié dans la région grenobloise. « Je ne veux surtout pas faire de statistiques et ne cherche pas à connaître la couleur politique de ceux qui ont paraphé le document. Ce qui m’importe c’est l’engagement et la prise de conscience, je cherche à avoir le maximum de signatures » déclare cet homme militant qui a été invité à parler de sa charte à l’Elysée et dans les bureaux de dirigeants de très grandes entreprises françaises.
Eric Faidy, seul signataire à Clermont
Via son association, en novembre dernier, Gaspard Forest a proposé à tous les candidats déclarés de signer le Pacte Dépollution Rivières. Parmi les prétendants au poste de Maire de Clermont, seul le représentant LREM, Eric Faidy, a souhaité signer la charte qui est en adéquation avec son programme orienté transition écologique. Même si tous les signataires ne sont pas élus à l’issue des deux tours de scrutin, Gaspard Forest reste confiant « J’ai conçu cette charte comme un petit module adaptable facilement à toutes les communes. J’espère par la suite, toucher des communes, des métropoles, des écoles, des associations, et des entreprises de toutes tailles. Il est important de favoriser toutes les actions de lutte contre le fléau du plastique ».
*France Nature Environnement évoque 500 litres d’eau pollués par un seul mégot jeté dans une rigole et terminant dans les égouts.
Gaspard Forest au quotidien sur sa page Facebook
Site web Projet Rivière
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