À Thiers, Lionel Duperray dirige Les Éditions Vals d’Allier, une maison d’édition s’attachant à publier des livres qui alimentent un fonds patrimonial, humain et historique. Dans ce cadre, il vient de mettre sur le marché, un ouvrage dont les bénéfices vont servir à cofinancer le projet de restauration d’une automobile exceptionnelle, de marque FASTO, construite il y a bientôt un siècle dans le Puy-de-Dôme.
FASTO, constructeur auvegnat
FASTO fait partie de ces entreprises automobiles françaises qui se sont lancées dans la construction ou l’assemblage de véhicules durant l’entre-deux-guerres, une période automobile, un peu utopique, où de nombreuses marques émergèrent, parfois de manière éphémère, au sein d’un marché en pleine expansion. L’entreprise a été fondée en 1924 à Saint-Éloy-les-Mines pour produire des automobiles dès 1926. Le choix de l’époque fut de construire intégralement la voiture y compris le moteur, alors que de nombreuses marques préféraient rester des assembleurs en achetant la mécanique à des entreprises réputées. C’est dans l’entreprise de construction mécanique Établissements Odoire et Cie de Sainte-Éloy que la production a débuté. Après la sortie des 16 premiers véhicules, les voitures furent assemblées à Saint-Ouen dès la fin 1926 d’où la marque F.A.S.T.O, acronyme de Fabrique Automobiles de Saint-Ouen. L’usine de Saint-Éloy conserva la fabrication des moteurs, transmissions et des essieux arrières.
De Saint-Eloy au 24h du Mans
Le prototype A1 fut suivi de l’A2, auto fermée, équipée d’un moteur 1 600 cc à 4 cylindres développant 25 cv. Durant l’année 1926, le châssis d’un modèle C1 fut présenté, sans lendemain, au Salon de l’Auto de Paris avec un moteur de 2 400 cc à 6 cylindres.
L’année suivante, sortit l’A3 avec un nouveau moteur de 1 600 cc mais à arbre à came en tête lui permettant de grimper à 35 cv. 100 voitures furent commandées. Cette même année 1927, FASTO prépara 3 modèles A3 S avec moteur 2 litres pour participer aux 24 heures du Mans, banc d’essai et vitrine magique pour les constructeurs. Les 3 voitures capables de dépasser 100 km/h en pointe, ne franchirent pas la ligne d’arrivée, sortant au 72e, 75e et 96e tour sur problèmes mécaniques. Enfin l’A4, une A3 avec un moteur moins performant, fit son apparition au catalogue.
L’aventure et la production des FASTO prit fin en 1928/1929 , 3 ans à peine après le lancement de la marque, au début de la Grande Dépression.
Le GACPT sauve une A2 de la ferraille

Aujourd’hui, on ne voit plus de voitures FASTO, marque totalement oubliée et méconnue, même dans les rassemblements de véhicules anciens. Mais le milieu de l’automobile de collection réserve toujours des surprises et un modèle A2 vient de refaire surface dans la banlieue de Lyon. Voiture de famille, utilisée jusqu’au milieu des années 50, elle a séjourné bien longtemps dans un garage en sous sol humide et se retrouve aujourd’hui dans un triste état. Destinée à la ferraille, le GACPT (Groupement associatif des Collectionneurs du patrimoine technique), une association de Givors, a réussi a détourner la voiture de son ultime voyage et se retrouve propriétaire de ce qui est sans doute le dernier exemplaire existant sur les 15 produits. Aujourd’hui, il souhaite se lancer dans la restauration complète de cette A2, une tâche très laborieuses qui s’apparente à une reconstruction et pour laquelle, il conviendra de faire des investigations techniques en vue de refabriquer les pièces manquantes. Le montant des travaux sur la voiture est estimé à 180 000 euros.
Les Éditions Vals d’Allier entrent dans la boucle
Dans sa quête patrimoniale, Lionel Duperray s’est plongé avec Denis Kapala dans l’histoire méconnue de cette marque automobile pour publier un ouvrage luxueux de 170 pages retraçant l’histoire de la marque FASTO de ses origines, jusqu’à sa disparition. Les deux auteurs relatent l’aventure industrielle et les participations aux grandes courses automobiles mais aussi l’histoire de l’A2 de la famille Marée, retrouvée dans la région lyonnaise. Ils ont confié la préface à Franck Mesnel, international de rugby et petit fils de Pierre Mesnel, pilote d’une des trois FASTO inscrites aux 24 heures Mans 1927.
Les deux auteurs, abandonnent leurs droits au profit de la restauration de la voiture qui bénéficie également d’une collecte de fonds donnant droit à des crédits d’impôts, via la Fondation du Patrimoine.
Lors du récent salon lyonnais Époqu’Auto, Lionel Duperray a remis un premier chèque de 500 euros au GACPT alors que la Fondation Motul a octroyé une subvention de 10.000 € pour soutenir ce projet. À noter également, le geste de la Fondation du Patrimoine qui doublera les dons reçus dans la limite des 5.000 premiers euros récoltés.
Automobiles FASTO, Un patrimoine technique Auvergnat sauvé de l’oubli Éditions du Val d’Allier
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