Organisée depuis 1992, Exposciences Auvergne propose aux jeunes de 3 à 25 ans de développer leurs propres projets scientifiques, sur une année, que ce soit dans un cadre scolaire, loisir ou familial, avant de le présenter au public sur un stand durant un festival de printemps. Ils sont invités à adopter une démarche scientifique afin « d’explorer le monde » sans sujet imposé. Ainsi, tous les thèmes sont susceptibles d’être abordés : numérique, biodiversité, santé, sciences de la terre… Depuis sa création Exposciences Auvergne a permis à 19 000 jeunes auvergnats de présenter 1 000 projets à quelques 75 000 visiteurs.
Cette année, durant 4 jours, en plus du « quartier des jeunes », un village scientifique et une programmation sont aussi proposés par un ensemble d’acteurs de la culture scientifique : associations, musées, laboratoires ou encore artistes animent des ateliers et rencontrent le grand public à Polydome.
« Est-ce que la culture scientifique fait partie de la culture ? »
La manifestation Exposciences Auvergne est organisée par un collectif de partenaires réunis autours de l’association Astu’sciences dont François Brugière, est le vice-président. Pour cet ancien enseignant, toujours très actif, la promotion de la culture scientifique reste un cheval de bataille.
Olivier Perrot : Est-il toujours nécessaire de promouvoir la culture scientifique ?
François Brugière : Il y a encore des verrous et il y a aussi des représentations à faire évoluer pour comprendre que c’est intéressant, que ce n’est pas si compliqué, que l’on est pas obligé de faire des équations… même si elles sont très importantes. Mais on peut faire des sciences autrement, en passant par une culture scientifique qui ne va pas aller nécessairement à l’encontre de la rigueur scientifique. On a beaucoup de partenaires tout à fait bien formés qui simplifient et rendent la science plus accessible. Cela ne veut pas dire pour autant que ce n’est pas de la science et que ce n’est pas fiable.
O. P : La science a-t-elle souffert durant la période Covid ?
F. B : Durant la période de la crise sanitaire, beaucoup de questions sont remontées. Est-ce que la science est crédible ? est-ce que l’on peut croire les scientifiques ? beaucoup de gens prenaient position. Mais ce n’est pas nouveau non plus, car bien avant la crise sanitaire, on voyait bien qu’il y avait un déficit… juste un exemple : on parle des jeunes filles qui ne sont pas très nombreuses à vouloir faire des études scientifiques, mais c’est quelque chose qui évolue positivement. Mais finalement on en revient à cette idée et cette question : est-ce que la culture scientifique fait partie de la culture ?
O. P : Quelle place a pris la culture scientifique en France ?
F. B : Quand on met en place des projets, des dispositifs dans notre pays, est-ce facile ? Y-a-t-il suffisamment de moyens ? En Auvergne on a beaucoup de chance d’avoir de nombreux soutiens, mais ce n’est pas toujours et partout le cas et il est parfois un peu difficile d’aller vers des projets et d’avoir les moyens de les mettre en place.
O. P : La science a-t-elle trouvé sa place dans l’enseignement ?
F. B : À l’école il y a des programmes de science quand même, mais c’est difficile. Avec Astu’sciences on intervient dans des écoles avec des professeurs qui parfois, sont un peu démunis par rapport à l’enseignement des sciences. Il y a besoin parfois d’un appui extérieur et d’intervenants… on constate qu’il y a ici aussi un déficit et puis récemment, avec tous les changements dans les lycées, on a entendu qu’il y avait un peu de difficultés pour les jeunes d’aller vers les études scientifiques. Je pense qu’il y a un vrai défi pour la société. Il y a encore un manque qu’il faut en effet combler par des temps comme Exposciences.
« Il faut faire bouger les choses pour que les jeunes filles s’intéressent aux sciences »
O. P : La question du genre est-elle toujours présente pour la science?
F. B : Ha oui… il faut contribuer à casser le cliché de genre. Je trouve qu’il y a toujours un intérêt pour la science de la part des jeunes filles comme des jeunes garçons à l’école. C’est présent jusqu’à l’entrée au collège, et puis après, peut être qu’avec l’adolescence et avec les représentations un peu fausses, cela change. Du coup, il faut faire bouger les choses pour que les jeunes filles s’intéressent aux sciences et perçoivent aussi les métiers. Je pense par exemple aux métier de l’enseignement dont je suis issu. On voit bien qu’il y a un petit désintérêt… on pense que cela ça va être difficile d’enseigner. Ce n’est pas facile non plus pour des jeunes de lycée de se dire d’entrée de jeu qu’ils vont vouloir être prof. C’est souvent quelques années après, que cela arrive.
O. P : féminiser le milieu est donc un axe à suivre…
F. B : On mobilise beaucoup les jeunes filles. Récemment il y a eu à Clermont le Prix des jeunes chercheurs et chercheuses. De nombreuses jeunes femmes ont présenté leurs recherches. Comme c’était public, il y a eu beaucoup d’engouement avec la conclusion : finalement pourquoi la science peut être intéressante quand même.
O. P : Du coup, il est important que des manifestations comme Exposciences Auvergne soient organisées.
F. B : Oui bien sûr. C’est important. Exposciences c’est ouvert à tous, on peut venir en famille avec ses enfants filles et garçons en oubliant l’idée que seuls les garçons vont montrer de l’intérêt. Je peux témoigner que ce n’est pas vrai et que de nombreuse femmes s’intéressent à la science.
Exposciences Auvergne 2024 : du 29 mai au 1er juin. Polydome, place du 1er mai à Clermont. Entrée libre : Infos pratiques en cliquant ICI
Commenter