Sans-doute quelques souvenirs d’enfance se glissent-ils, insidieusement, au travers des pages du dernier livre de Serge Camaille. Si le récit se déroule au beau milieu des années 70 et particulièrement au cœur de l’été 1976, qui fut celui de la canicule, il faut y voir sans doute davantage qu’un hasard. Et Le paysan sans vache ramène aussi l’auteur dans ce pays du Berry où il a grandi, bien avant de s’installer dans la région clermontoise. « Il existe une part de nostalgie dans le choix du lieu et de l’époque, l’envie de retrouver un souffle de liberté, celui d’années où le fléau du chômage et le SIDA n’existaient pas. C’est un peu un retour au paradis perdu » témoigne t-il.
Une vie insouciante
Du côté de La Guerche, d’Ainay-le-Château ou de Hérisson, le temps semble s’écouler paisiblement. Y compris pour Frédéric, ouvrier agricole dans une grande ferme, sur la route de Sancoins. Sans vache, peut-être, parce qu’il a choisi de rester proche de la terre sans se l’approprier; mais pas sans conquête féminine. Notre paisible « héros » virevolte ainsi d’une fille à l’autre, de flirt en liaison, de Fabienne en Carine…Une vie insouciante, rythmé par les saisons, les sorties, les copains, les jupes des filles, l’air qu’on respire et le canal de Berry.
Pourtant, en cet été de feu, le beau temps n’est peut-être qu’une illusion. Voilà que l’on s’attaque aux conquêtes féminines du paysan d’abord de façon anodine avant que le drame n’éclate comme un orage de fin d’après-midi. Dès lors, Frédéric n’aura de cesse, avec l’aide de ses meilleurs amis, de découvrir le ou les coupables. Il entraîne le lecteur au fil de son enquête rurale jusqu’à la résolution de cette « sale » affaire. « Dans la plupart de mes romans, il y a une part d’intrigue, une façon de maintenir le lecteur en haleine, de lui donner l’envie de tourner les pages. Je suis moi-même un lecteur assidu de polars » explique l’écrivain.
Souvenirs et jubilation
Serge Camaille, pour sa part, s’ébroue au milieu de « ses » personnages avec bonheur et il jubile en retrouvant les paysages de la petite province de la vallée de Germigny. Il prend plaisir à poser des mots sur cette France « profonde » d’hier. « Cet été là » dit-il « on entendait Le carnet à spirale de William Sheller et l’on sifflotait un air de Michel Jonasz ». Dans le sud du Cher comme ailleurs dans le pays. Sa qualité d’écrivain lui permet d’explorer des territoires. Le stylo comme une machine à remonter le temps…
« Le paysans sans vache » de Serge Camaille aux Editions De Borée.
Merci à toi, Marc, d’avoir apprécié mon petit voyage dans le temps… Celui des mes 20 ans.