Le crash d’un avion gros-porteur fait dix-huit morts et deux cents disparus. Une hirondelle ne fait pas le printemps, tout en faisant son nid. Le vent fait tourner les girouettes, à moins que ce soit l’inverse ! Le paon en majesté multicolore dans son jardin public et le vieux mandarin en blanc dans son service hospitalier se font mousser. Néanmoins, la médecine fait de plus en plus de miracles et la tuberculose continue de faire des ravages. Les paysans d’antan faisaient chabrot et les
agriculteurs d’aujourd’hui, pris en tenaille entre productivisme et écologisme, se font du souci. L’abeille fait son miel, l’araignée fait sa toile et l’animal acculé par un prédateur fait le mort. Dans ce domaine de la thanatose, la palme d’or du meilleur comédien revient indiscutablement à l’opossum de Virginie qui pousse le talent jusqu’à ouvrir la bouche, sortir la langue, faire caca et expulser des fluides nauséabonds, histoire de convaincre son agresseur qu’il ne va pas se régaler !
« Caesar pontem fecit »
L’habit ne fait pas le moine, même si la prostituée fait le trottoir. Le gourmand fait un plantureux repas pendant que le mendiant fait la manche. Le temps fait irrémédiablement son œuvre et la mémoire fait souvent défaut. Le chauffard fait du 180 km/h et le mannequin fait du 34. L’ennui fait souvent bailler, le chagrin fait parfois pleurer et un compliment fait toujours plaisir. Le gamin fait ses devoirs, l’école buissonnière ou une rougeole. Deux et deux font quatre mais deux amoureux ne font qu’un. L’amant fait le guet et la femme trompée se fait la malle ! Le pécheur fait pénitence et le pêcheur fait mouche. Tandis que les conscrits faisaient la fête, les demoiselles de « bonnes familles » faisaient du piano. Le caniche fait le beau et Minouchette fait ses griffes. Dans ses Commentarii de bello gallico, « Caesar pontem fecit » (« César fit un pont »)… Et les Français, dont les aïeux ont fait la Révolution, que font-ils aujourd’hui ? Ils font grise mine et le dos rond, notamment dans les transports dits en commun…
« [L]a politesse de l’esprit […] fait l’homme du monde »
Ras-le-bol de ces grosses tatanes alanguies sur la banquette du tram, les semelles en éventail. Ras-le-bol itou des ados en friche qui les exhibent. À la moindre velléité d’une vieille dame de prétendre s’asseoir, la voilà affublée par ces zombies de leur phrase fétiche, dont ils ne savent même pas que « niquer » est le verbe principal. En guise d’un bon vieux coup de pied aux fesses, ne pourrait-on pas prescrire courtoisement une saine lecture à ces « sauvageons » ? Le traitement consisterait à les shooter, matin et soir pendant un mois renouvelable jusqu’à guérison complète, au Discours sur la politesse prononcé le 13 juillet 1885, lors de la remise des prix de fin d’année scolaire, par Henri Bergson, professeur de philosophie au lycée clermontois Blaise-Pascal…
« Si la politesse consistait seulement à saluer quand il faut, j’en serais bien fâché car le sauvage pourrait souvent se dire plus poli que nous. […] La vraie politesse est une vertu qui suppose du tact, de la finesse et par-dessus tout le respect de soi-même, de son prochain et le vif désir d’en être aimé ; c’est de la charité s’exerçant dans la région des amours-propres. » Et Bergson de donner sa définition de la politesse. Elle « consiste à ménager la sensibilité des autres hommes, à faire qu’ils soient contents d’eux et de nous ». Dans cet accomplissement réside la noble mission de l’enseignant : « Développer la politesse de l’esprit, qui fait l’homme du monde, la politesse du cœur, sans laquelle il manquerait quelque chose à la bonté, et la politesse de la conviction, dont dépend l’union des citoyens. »
Et si nous nous faisions un devoir de lever nos culs des banquettes de tous les avachissements ?…
Et bien… derrière ces mots, je sens surtout une personne aigrie ! 😉
Monsieur,
Merci de l’intérêt que vous avez bien voulu porter à ma chronique.
Bien cordialement.