Pas d’hommage national pour Alain Delon. Il n’en voulait pas et c’est tout à son honneur. Ce genre de cérémonie est trop souvent le bal des faux culs, une façon pour les uns et les autres de se donner bonne conscience, une mise en scène grandiloquente et déplacée au sein de laquelle chacun cherche à apparaître et se mettre en valeur. Un hommage national ? Et pourquoi pas une place au Panthéon ?
Farouchement indépendant
Delon, le solitaire, le mélancolique, l’indocile, l’homme libre qui n’aimait pas le XXIe siècle et cultivait les souvenirs, appartiendra ainsi pour toujours à sa famille, à ses intimes. Il a été inhumé samedi dernier, au beau milieu de sa propriété du Loiret, près des chiens qui lui ont toujours été fidèles. A l’abri du bazar médiatique, comme une ultime marque de défiance ou de réticence pour une société humaine dont il avait mesuré les travers, l’opportunisme, la versatilité, la futilité, l’impudeur et l’ingratitude. Et qui, d’une certaine façon, lui a fait payer son anticonformisme, ses convictions et sa misanthropie.
Autant de visages
Le reste, c’est du cinéma. Ce qu’il demeurera, ou non, dans l’intimité de nos mémoires : le « samouraï » impavide, le jeune Tancredi, neveu préféré du prince de Salina, Robert Klein entraîné par la foule vers un quai de gare, Tom Ripley, cynique et sauvage, l’impassible et intrépide Corey , l’impétueux Francis Verlot de « Mélodie en sous-sol », Jean-Paul Leroy, l’amant troublant de « La piscine » ou Rocco, l’apprenti boxeur …
Delon, jeune ou homme mûr, félin, insaisissable, impétueux, énigmatique, en compagnie de Gabin, de Belmondo, de Burt Lancaster, de Bourvil, de Jean-Louis Trintignant, de Renato Salvatori. Aux côtés d’Annie Girardot, de Romy Schneider, de Simone Signoret, de Mireille Darc ou de Claudia Cardinale. Florilège d’images, multitude de scènes et de séquences marquantes orchestrées par quelques-uns des plus illustres réalisateurs européens, de Luchino Visconti à Jean-Pierre Melville en passant par Joseph Losey, Jean-Luc Godard, Henri Verneuil. Un incomparable héritage ; rien que du cinéma.
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