Changement de décor et de héros. Mais même pays : la Belgique. Après les flamboyantes flamandes du début du mois, l’heure est aux ardennaises. Après les kop, les berg, les muur, les secteurs pavés et les assauts implacables du vent, place aux longues et usantes bosses de Wallonie, au beau milieu des forêts de conifères. Dans la saison cycliste, la mi-avril marque une rupture. Les coureurs « typiques » des flandriennes (Gand-Wevelgem, Tour des Flandres, Paris-Roubaix et autre Grand-Prix E3) rentrent dans le rang. Avec la Flèche Wallonne, mercredi, et Liège-Bastogne-Liège, la doyenne des classiques, ce dimanche, les puncheurs et les grimpeurs vont retrouver des couleurs et des ambitions.
Des exceptions
Bien-sûr, il y a des exceptions, des « tout terrains ». Eddy Merckx, bien-sûr, en son temps, qui dévorait tout sur son passage. Bernard Hinault, lui-même, qui s’est imposé à la fois à Wevelgem et à Liège. Ou plus récemment Adri Van der Poel, Rolf Sörensen, Michele Bartoli ou encore Philippe Gilbert… Mais rares sont toutefois les champions polyvalents au point de s’imposer à la fois en Flandres et dans les Ardennes.
Au dessus du lot
Épatant, insolent, bondissant et irrésistible, le Montluçonnais Julian Alaphilippe, vainqueur de la Primavera, la Classicissima, Milan-San Remo, appartiendra peut-être à cette rare catégorie de fuoriclasse. Pour l’heure, il se contentera de défendre son titre à Huy dans la Flèche Wallonne, une course au schéma généralement stéréotypé où tout se joue dans le mur final dans un ultime coup de rein. Comme Valverde, hier, Alaphilippe semble au-dessus du lot dans cet exercice du sprint en côte. Il partira donc grand favori, mercredi, avec autour de lui une équipe Deceuninck Quickstep vouée à son insolente réussite.
Rendez-vous à Liège
Si la Flèche Wallonne est un beau morceau, Liège-Bastogne-Liège appartient, pour sa part, aux rares monuments du cyclisme. Plus longue, plus dure, plus insaisissable, la Doyenne (elle fut créée en 1892) fait rêver. Elle est aussi, avec le Tour de Lombardie, l’unique classique qui peut tomber dans l’escarcelle des ténors des courses par étape, tant ses côtes sont longues, usantes et répétitives. Romain Bardet, dont le début de saison, n’a pas été à la hauteur de ses espérances, y sera à la tête de l’équipe AG2R, avec l’espoir d’y briller. Troisième en 2018, le coureur clermontois n’a jamais caché sa fascination pour l’épreuve ardennaise. Après sa chute intervenue au Tour de Catalogne, il s’est en partie rassuré dimanche dans le final de l’Amstel Gold Race, classique néerlandaise dont il a obtenu la neuvième place. A Liège comme à Huy, c’est toutefois Alaphilippe qui paraît présenter le meilleur profil pour grimper sur la plus haute marche du podium… Mais la Doyenne reste beaucoup plus délicate à conquérir que la Flèche. Et c’est une partition sans fausse note, tactique et physique, qu’il faut jouer pour s’imposer dans la capitale économique de la Wallonie. C’est aussi pour cela que la Doyenne est « monumentale »…
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