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Signature convention Albin / Photo 7 jours à Clermont
Signature convention Albin / Photo 7 jours à Clermont*
Université Vie publique

Association Albin ou le partage des savoirs à la prison de Riom

L'association Albin vient de signer une convention avec l'Université Clermont Auvergne, le centre pénitentiaire de Riom et l'Éducation Nationale pour donner un cadre officiel aux actions de partage des savoirs académiques.

Claude Gueux est un roman de Victor Hugo, paru en 1834, qui dénonce les conditions de détention au XIXe siècle, ainsi que la disproportion entre les peines et les délits à cette époque. Claude Gueux qui a réellement existé partageait sa vie carcérale avec un codétenu nommé Albin. Ce prénom a tout naturellement été repris par une association clermontoise dont les membres sont étudiants, doctorants, enseignants et personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui a pour objet de permettre le partage des savoirs académiques au sein des établissements pénitentiaires et à favoriser le débat public sur le thème de la privation de libertés. L’association travaille sur deux axes : le premier est d’offrir aux détenus des cours universitaires sous forme de conférences, le second est de favoriser l’entrée du milieu carcéral dans les débats organisés dans les facultés sur un certain nombres de sujet comme, par exemples, le droit à la dignité ou le droit à l’intérieur des prisons.
Après avoir passé, en octobre dernier, une convention de partenariat entre l’Institut DEM, Droit- Économie-Management de l’Université Clermont Auvergne, l’Association Albin vient tout juste de signer une nouvelle convention, quadripartite celle-ci, engageant jusqu’en 2026 l’ensemble des composantes de l’Université, le centre pénitentiaire de Riom et l’Éducation Nationale.

Développer une forme de citoyenneté

« Jules Brunetti président de l’association Albin a proposé un projet ambitieux de mobilisation d’étudiants au sein de l’Université permettant de programmer des cours réguliers dispensés dans le Centre Pénitentiaire de Riom » explique Claire Barbat, responsable de l’unité locale d’enseignement de l’établissement « Avec Magalie Brutinel, directrice du centre, nous avons proposé une intervention une fois par mois pour 20 à 30 détenus qui assistent à ces cours-conférences sur des session relativement courtes. Cela a pas mal de succès ». « L’établissement ne peut que soutenir de ce genre de projet » reprend Magalie Brutinel « Il faut en effet promouvoir l’accès à l’enseignement, qui plus est, universitaire. Il y a un certain nombre de personnes détenues qui suivent aussi des cours à distance et ce projet permet à un plus grand nombre d’accéder un enseignement de qualité et d’un niveau assez élevé. Le fait d’avoir des étudiants qui viennent sur place est aussi un lien qui est important entre l’intérieur de la détention et l’extérieur représentant une vie étudiante classique. La culture et l’enseignement sont des choses très importantes pour le quotidien des personnes détenues et pour certains d’entre-eux c’est l’occasion de se remettre dans les études, voir de s’inscrire sur des projets pour l’après-détention » poursuit la directrice. Les thèmes retenus pour les conférences sont ceux qui  permettent de développer une forme de citoyenneté. Après la Philosophie, il a été question du Droit constitutionnel, qui aide à comprendre comment fonctionne la société.

Toutes les personnes détenues peuvent accéder à l’enseignement

Toutes les personnes détenues, quelque soit leur situation pénale peuvent accéder à l’enseignement en fonction de leur niveau évalué par le centre scolaire. « Il y a une priorisation dans notre action qui est liée au fait d’être identifié comme un  public ayant besoin d’un soutien de l’Éducation Nationale à l’intérieur des détentions » explique Julien Velten, proviseur de l’unité pédagogique régionale qui assure la coordination des 18 équipes d’enseignants qui se trouvent dans les 18 prisons de la région AuRA. « La convention qui lie les deux ministères fixe des publics dits prioritaires, pour une prise en charge rapide : les allophones, ne maîtrisant pas la langue française évidemment et les personnes en situation d’illettrisme parce que la prison est un monde où l’on a besoin d’écrire pour toutes les démarches. Donner à quelqu’un la capacité d’écrire, c’est lui rendre son autonomie en évitant les phénomènes d’emprises potentielles. Le second public est celui qui est sorti du système sans diplôme. Nous sommes bien dans une idée de contribution à l’insertion à l’issue de l’exécution de la peine et il s’agit d’amener ceux qui n’avaient pas de diplômes à en avoir un à leur sortie. Cela donne aussi du sens au temps de la peine et puis il est aussi question d’accès au droit, toute personne étant fondée à dire moi je souhaite recevoir un enseignement. »
Pour l’instant le programme ne prévoit qu’une intervention par mois en fonction du calendrier universitaire mais le partenariat autorise un élargissement en fonction des projets qui pourront également prendre la forme du tutorat.

*légende photo : premier plan : Julien Velten, Mathias Bernard – Pdt UCA, Magalie Brutinel, Jules Brunetti. Second plan : Claire Barbat, Christine Bertrand Directrice de l’Institut DEM.

 

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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