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Photographe / Photo S Sallehi - Pexels
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Vie publique

Semaine de la presse et des médias dans l’École : Y’a pas photo

Dans le cadre de la Semaine de la presse et des médias dans l'École, la Fondation Varenne, partenaire de l'Académie de Clermont, proposera "Y'a pas photo" qui traitera de la problématique de l'éducation à l'image.

Chaque année au printemps, se déroule la Semaine de la presse et des médias dans l’École avec pour objectif d’aider les élèves, de la maternelle au lycée à comprendre le fonctionnement des médias, former leur jugement critique et développer leur goût pour l’actualité en se forgeant une identité de citoyen.
La 34e édition aura lieu fin mars sous le thème « l’info sur tous les fronts », mais l’Académie de Clermont a décidé « d’en faire un peu plus » en faisant durer cette semaine une quinzaine de jours.  336 établissements sont déjà inscrits à ce rendez-vous qui donnera aux classes, la possibilité de participer à des émissions, de rencontrer des journalistes, de prendre part à des activités autour de kiosques de presse écrite, ou encore de s’inscrire à des concours. Cette semaine concerne également les enseignants qui peuvent bénéficier de formations, leur rôle dans l’éducation aux médias étant devenu fondamental en dehors du cercle familial.
Partenaire de l’académie de Clermont, la Fondation Varenne complétera le dispositif avec un focus particulier intitulé Y’a pas photo dont le but sera de traiter de la question de l’image en l’abordant sous  les différents axes que sont le témoignage par la photo, la technique & les outils et l’éthique.

Un temps volontaire

« L’image est partout, les réseaux proposent un fil d’images quasi ininterrompu et l’on s’aperçoit que cela a tendance à créer une appétence et une impossibilité de décrocher » explique Jean-Louis Beltran, photographe de presse honoraire, membre de la Fondation Varenne. « Cela concerne beaucoup les jeunes mais pas mal d’adultes aussi. Les images défilent sans que l’on puisse en repérer le sens. Ce flux crée un besoin émotionnel, qui à mon sens, est relativement nocif. Il faut donc redonner du temps à la lecture des images, parce que c’est du temps de lecteur, comme pour la lecture de la presse, un temps qui n’est pas objet mais un temps volontaire. L’idée est de proposer aux jeunes de procéder avec calme, de prendre le temps de regarder et d’observer, d’analyser une image en entrant dans son intimité, car comprendre ce qu’il y a dans les images des autres, aide à composer ses propres images. Lorsque l’on propose cela à des élèves, on s’aperçoit qu’ils changent de comportement. On leur met un appareil photo entre les mains, outil entièrement dédié à l’image qui n’est plus un smartphone et on leur propose de s’exprimer, de prendre le temps de cadrer… on s’aperçoit que cela marche. Est-ce que cela les ralentit, in fine, dans leurs temps passé sur les réseaux comme TikTok et autres ? Ce n’est pas certain mais peut-être que cela éveille une prise de conscience. »

L’IA contenue dans les smartphones se retrouve désormais dans les appareils photo

« L’an passé il y a eu un peu plus d’un milliard et demi de smartphones vendus pour seulement quelques millions d’appareils photo. Il y a un clash évident de l’appareil photo et l’on ne trouve plus d’appareils bas de gamme sur le marché. L’argumentation des fabricants de smartphones est plus axée sur la qualité de l’appareil photo qu’ils contiennent que sur leurs capacités techniques de téléphonie. » poursuit Jean-Louis Beltran, « Du coup, les fabricants d’appareils photo doivent trouver de nouvelles ressources et commencent à intégrer plus d’assistance à la prise de vue. L’IA, Intelligence Artificielle contenue dans les smartphones se retrouve désormais dans les appareils photos haut de gamme pour modifier l’image et garantir sa qualité. Depuis la création de la photographie, il y a eu, pour des raisons éssentiellement économiques, une augmentation régulière de la vulgarisation de la technique photographique, mais rendre la technique plus facile n’a jamais été un critère de qualité… jamais ».

L’image reflète t-elle toujours la réalité ?

Face au flux pléthorique d’images quotidiennes, il devient indispensable aux plus jeunes de savoir analyser une image et vérifier son authenticité afin de déjouer les fakenews et la désinformation. Si les photographes de presse étaient jusqu’à présent soumis aux mêmes règles déontologiques que les journalistes, pour Jean-Louis Beltran, l’évolution technologique contribue à une baisse de la qualité de la formation des photographes et à une hausse des risques de manipulations. « Toute cette technologie va donner la possibilité aux photographes de modifier facilement l’image directement dans l’appareil. Cela crée une facilité d’accès à tout un détournement qui peut poser problème à un moment donné. Cela veut dire que l’on pourra se poser la question de la correspondance de l’image avec la réalité. Si la technologie permet de faire des détourages, de modifier l’image, d’intervenir directement avec un minimum de connaissances, on se posera toujours des questions. Cela va créer un doute qui subsistera et il faudra que les photographes professionnels s’engagent à n’utiliser que ce dont ils sont besoin, c’est à dire l’assistance à la mise au point et à l’exposition et rien d’autre. Mais quand on voit le niveau de formation des reporters aujourd’hui, on se dit qu’il y a un risque que les rédactions un peu riches s’équipent de matériel confié à des gens non ou peu formés. » Si par le passé, des photographes de presse ont été sanctionnés suite à des manipulations d’images, il devient de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux. L’importance de l’éducation à l’information et aux médias devient donc de plus en plus importante.

-Du 20 au 31 mars 2023 : exposition photo Salle Samuel Paty, site Amboise, 15 rue d’Amboise, Clermont-Ferrand (ex CRDP) du lundi au vendredi 7h30 à 18h30.
-Mardi 21 mars : conférence publique sur la technique photographique, Chapelle des Cordeliers, place Sugny, Clermont, 14h30.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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