Anne-Sophie Emard a présenté récemment, lors de la manifestation Vidéoformes, le fruit de son travail réalisé dans le cadre d’une résidence d’artistes à l’hôpital Sainte-Marie. L’exposition, qui devait se poursuivre jusqu’à la fin mars à la Chapelle de l’ancien hôpital général a été, comme tous les événements culturels, sportifs et publics, perturbée par l’épidémie de coronavirus.
Comment retranscrire la vie d’un hôpital psychiatrique d’autrefois ? Tel est le défi de taille auquel a été confronté l’artiste plasticienne Anne-Sophie Emard. Pendant de nombreux mois, Anne-Sophie Emard est allée à la rencontre de malades, de soignants, de religieuses, du personnel pour saisir la vie de l’hôpital Sainte-Marie. Elle a ensuite utilisé cette matière brute pour réaliser un film avec Pierre Levchin baptisé F comme fleuve.
Un travail poignant sur la mémoire
Lors de ce travail, le fleuve représente une métaphore de la mémoire, une matière liquide qui charrie une quantité abyssale de souvenirs. Certains remontent à la surface, d’autres restent enfouis. Avec beaucoup de délicatesse, l’artiste livre ces témoignages poignants, ces « souvenirs écrans » qui s’isolent sur un fond d’oubli d’à peu près tout le reste. Pour ce faire, elle utilise la voix off de l’actrice Anne Gaydier et des images en noir et blanc tournées dans l’ancien hôpital, avant sa destruction mais aussi des images d’archives. Le tout est d’une grande sensibilité, et d’une grande poésie. Mais aussi très didactique, on parvient à toucher la vie de ces personnes psychotiques, leur quotidien.
Différentes séquences
Pendant Vidéoformes, Anne-Sophie Emard a présenté ce film découpé en différentes séquences. Les œuvres de cette artiste auvergnate reconnue font partie des collections du FRAC Auvergne et du musée d’art Roger Quilliot. Son travail a été repéré par le cinéaste David Lynch, lors de la manifestation Paris Photo 2012, qui a sélectionné l’une de ses photographies dans le catalogue Vu par David Lynch. Elle est représentée par les galeries Claire-Gastaud à Clermont-Ferrand et Odile-Ouizeman à Paris.
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