L’artiste Anne-Marie Rognon vit à Clermont et assiste, comme tout le monde, à la mutation de la ville, qui se réalise à coups d’engins de chantier en particulier des tractopelles. Le tractopelle est justement un sujet récurrent dans la sélection d’œuvres qu’elle présente actuellement à la Galerie Louis Gendre de Chamalières. L’exposition intitulée Des Astres Solaires, serait-elle une ode au projet InspiRe qu’elle voit se dessiner au jour le jour sous ses fenêtres ? « Non cela n’a rien à voir » dit-elle sans aucune hésitation. « Je dessinais déjà des godets et des tractopelles en 2008 ! J’aime bien peindre cet engin. J’ai fait une vidéo dans laquelle je dis que quand j’étais petite, je voulais conduire un bulldozer. Cela remonte à longtemps, c’est comme une attraction. Quand j’étais à l’école des Beaux-Arts j’ai aussi fait une vidéo dans laquelle je jouais avec un petit tractopelle ». N’allons pas croire que les études artistiques d’Anne-Marie Rognon l’on coupée d’une vocation précoce d’ingénieure en génie-civile. « Quand j’étais enfant, je grimpais aux arbres, je peignais déjà et faisais des colliers en perles » précise-t-elle.
Le tractopelle, un outils précieux
« Je me suis attachée à la figue du tractopelle et je l’ai peint en plusieurs exemplaires, zoomé, dézoomé, avec des tas de feuilles mortes, des tas de terre. L’objet tractopelle est magnifié avec les godets en céramique, pour rendre l’outil précieux… » explique l’artiste qui n’a cependant pas profité du chantier devant chez-elle pour présenter son travail aux ouvriers. « là ils n’y sont plus, ils sont partis… mais je pourrais les retrouver. Je ne sais ce qu’ils penseraient de ce travail, peut-être que cela les amuserait ». Si certains godets réalisés par Anne-Marie Rognon sont pleins de paillettes, c’est pour mieux évoquer le côté précieux de la terre, une matière sur laquelle l’humain habite, une matière dans laquelle poussent les fleurs, un autre sujet de prédilection de la créatrice.
Le désastre, la terre qui est remuée aux sens propre et figuré
« Derrière tout cela il y a un côté philosophique bien sûr, mais il y a aussi la peinture intuitive avec le plaisir de la couleur, la joie de la matière, de l’épaisseur. Quand je crée une fleur, j’aime bien le jeu de la couleur, celle qui sort du tube mais aussi celle qui est imprimée sur des habits ». La peinture n’est donc pas si terre à terre qu’une lecture au premier degré pourrait le laisser imaginer. Des Astres Solaires en trois mots, c’est le désastre, la terre qui est remuée au sens propre comme au figuré et le jardin avec la fleur qui pousse entre ciel et terre malgré la destinée du monde. « Les fleurs sont là pour apaiser, les godets sont là pour montrer qu’il y a de la vie, une vie humaine ». Un jour Anne-Marie Rognon a perdu une dent. Cela lui a immédiatement fait penser aux dents des pelles qui grignotent la terre, et lui a donné l’idée d’en faire une sculpture en céramique, émaillée en bleu. Ainsi est née la sculpture en céramique Blue tooth et puis elle a réalisé un godet, une sorte de mâchoire avec des dents, intitulé Les dents longues !
Des Astres Solaires exposition de peintures, sculpture céramiques et vidéo d’Anne-Marie Rognon jusqu’au 11 janvier 2025,
Galerie Louis Gendre, 7 rue Charles Fournier à Chamalières, du mercredi au vendredi de 14h à 19h, le samedi de 10h à 18h.
Le 4 décembre à 18 heures, à l’occasion de cette exposition, concert de clarinette par Guillaume Labussière. Au programme Rouzbeh Rafie (1981) Air-Sound, pour clarinette solo en sib, Myrtó Nizami (1994) Terpen II, pour clarinette solo en sib, Sina Fallahzadeh (1981) Cinq reflets éphémères, pour clarinette solo en sib. Ce moment musical n’est accessible que sur réservation.
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