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Alain Courtadon, commissaire-priseur / Photo Olivier Perrot
Photo Olivier Perrot
Événement Patrimoine

Alain Courtadon : le marteau est une extension du commissaire-priseur

A l'occasion des "Journées marteau", la maison Vassy-Jalenques-Courtadon propose ce weekend, une journée d'expertise. L'occasion de connaître la valeur des objets mais aussi de découvrir le métier de commissaire-priseur.

Ce weekend, le SYMEV, Syndicat National des Maisons de Ventes Volontaires, organise les « Journées marteau des commissaires-priseurs ».
La célèbre maison clermontoise Vassy-Jalenques-Courtadon qui fait aujourd’hui partie du Groupe IVOIRE, premier regroupement de maisons de ventes aux enchères en France, organise dans ce cadre, une journée d’expertise gratuite le samedi 13 mai.
Cette journée a donné l’occasion d’un entretien avec Alain Courtadon qui parle d’un métier qui le passionne.

7 Jours à Clermont : Pourquoi les commissaires-priseurs ont ils besoins d’organiser ce type d’événement ?
Alain Courtadon : Ces Journées marteau servent d’abord à voir des ventes aux enchères mais aussi à parler des ventes aux enchères. On organise à Clermont, une journée d’expertise, mais en réalité, n’importe qui pourra venir pour demander des renseignements sur le fonctionnement de la vente publique. La vente aux enchères a toute une organisation, tout un système de vente qui est vraiment différent du système de vente que l’on trouve habituellement dans le commerce aujourd’hui. Elle a ses propres règles, avec des prix de réserves, des frais additionnels qui peuvent être différents. Cela demande donc de donner des explications et c’est ce que l’on va faire pendant ces journées.

7JàC :  Vous souhaitez dire aux gens qu’ils ne doivent pas avoir peur de pousser les portes d’un Hôtel des ventes ou d’une galerie ?
A.C : Oui on le dit et on le dit d’autant plus qu’aujourd’hui, tout le monde a compris l’intérêt des ventes aux enchères publiques. C’est sympathique comme mode de vente, c’est une façon de se réapproprier des objets d’occasion et c’est l’occasion de travailler sur les circuits courts et la seconde vie des objets. C’est aussi une façon de valoriser les choses, la façon la plus équitable possible. On met un objet au milieu de l’arène et on attend de voir qu’elle est sa vraie valeur aux yeux de tous. Pour cela, tout le monde comprend l’intérêt de la vente aux enchères, aussi bien les acheteurs que les vendeurs.

7 Jours à Clermont : Comment décrire la fonction de commissaire-priseur ?
Alain Courtadon : Si on décompose, c’est d’abord un commissaire, puisqu’il enquête, et ensuite un priseur, (du verbe priser), puisqu’il donne une estimation, un prix. Le marteau est une extension du commissaire-priseur, c’est son bras rallongé qui lui permet d’effectuer un transfert de propriété entre un vendeur et un acheteur.

7JàC : Comment devient-on commissaire priseur ?
A.C : Un commissaire-priseur a aujourd’hui, comme bagage, au minimum une licence en droit et une licence en histoire de l’art. Mais en réalité c’est insuffisant pour pratiquer le métier comme il doit se pratiquer aujourd’hui, c’est à dire évaluer un objet, appréhender cet objet dans son environnement, en sachant s’il est ancien ou pas, si il est sincère ou pas, si ce n’est pas une copie, et enfin arriver à le situer dans un contexte économique. Tout cela doit être acquis avec une pratique du métier. Donc la formation est théorique et fortement pratique.

7JàC : On connaît le talent de votre associé Bernard Vassy, mais faut-il obligatoirement être un peu comédien pour faire ce métier ?
A. C : Le commissaire-priseur devient presque un objet par rapport à l’objet lui-même. L’objet a sa vie et sa façon d’évoluer. On peut être celui qui va amener l’objet à être visible, à se vendre mais toutefois ce que les gens achètent c’est bien les qualités de l’objet et non l’humour du commissaire-priseur où sa faculté à faire rigoler une salle. Donc tout cela est relatif et il n’empêche que pour détendre les gens lors d’une vente, il faut quand même réussir à créer une atmosphère plutôt agréable et chaleureuse dans la vente. Cela s’est toujours fait à Clermont, de tout temps, et on essaie de le faire perdurer.

7JàC : Quand on a des associés charismatiques comme Bernard Vassy et Philippe Jalenques, ce n’est pas trop difficile de s’imposer ?
A. C : Il faut un peu de temps mais que ce soit Bernard ou Philippe ils ont su créer un espace pour moi durant toutes ces années et ils savent toujours me permettre d’avoir cet espace. Donc on arrive à se faire un nom. J’ai été à bonne école et j’ai appris aussi bien de l’un comme de l’autre pour cela je n’ai pas de peine.

7JàC : Est-ce que les émissions de télé-réalité aident à mieux connaître le métier de commissaire-priseur ?
A. C : Il y a toujours eu cet attrait de la vente aux enchères publiques pour ce qu’elle a de spectaculaire et de théâtral. Les émissions aujourd’hui, ont une vertu c’est qu’elles ont bien démocratisé le métier et l’ont fait connaître. Ces émissions bien souvent présentent un spectacle un peu trop tourné à l’avantage de la production audio-visuelle. En revanche il y a bien des surprises dans les ventes aux enchères. On trouve toujours des trésors, pas tous les jours, ni sous le sabot d’un cheval, mais on arrive encore à trouver des petites perles et à remettre en lumière, des objets qui ont été oubliés ou pour lesquels les propriétaires n’avaient pas de notion de leur valeur.

7JàC : Désormais de nombreux participants aux ventes posent des enchères via le web. Cela change quelque chose dans l’ambiance ?
A.C : Aujourd’hui on se retrouve à être comme des présentatrices ou présentateurs météo. Effectivement, on ne sait pas qui est derrière l’écran et la difficulté est de savoir qu’elle est la réaction des gens chez eux. Est-ce qu’ils suivent la vente avec attention, est-ce qu’ils sont allés faire une pose café, est-ce qu’ils sont motivés, est-ce qu’ils sourient ou pas ? C’est un peu notre difficulté au XXIe siècle pour ces ventes aux enchères mais cela a aussi grandement développé notre activité et l’a ouvert à un public extrêmement large.

7JàC : Depuis que vous faites le métier de commissaire-priseur y-a-t-il des moments qui vous ont marqués plus que d’autres ?
A. C : Il y a plein d’anecdotes et de souvenirs, que l’on a tendance à oublier un peu, mais que ce soit pendant les ventes ou pendant les inventaires, oui j’ai été marqué par plein de choses. Par exemple, pour une de mes premières ventes à l’Hôtel des ventes de Clermont, j’avais au téléphone un chirurgien. Je me suis rendu compte qu’il était en salle d’opération et que c’était une infirmière qui tenait le téléphone… j’étais sur haut-parleur au bloc opératoire. Il suivait la vente comme cela et ça m’avait fasciné, j’avais trouvé cela incroyable. Il y a deux ou trois an, j’ai vendu un avion, un vrai, de 70 places à Rennes dans le cadre d’un dossier judiciaire, j’ai vendu des séries de lingots d’or, des tableaux importants et pas importants, le contenu d’un château l’année dernière. Plein de choses sont passées sous mon marteau ou entre mes mains et l’hétérogénéité de toutes ces choses, c’est ce qui fait vraiment la valeur de ce métier aujourd’hui pour moi.

7JàC : Avez-vous le temps de vous intéresser à la vie des objets que vous voyez passer ?
A. C  : Cette question là est justement la plus intéressante et la plus importante parce que c’est avant tout ce que je cherche à savoir et à faire dans la pratique de mon métier. Je ne m’attache pas tant à l’artiste qui a peint ou au menuisier qui fait son fauteuil qu’à l’histoire de ce fauteuil, dans la famille où il a été, dans les années qu’il a traversé, l’époque dans laquelle il vit, et là où il va se retrouver après la vente. Pour moi c’est fascinant. Le coup de marteau dure un instant mais l’objet continue de vivre sa vie ailleurs et d’autres coups de marteau arrivent. C’est ce petit train qui est toujours en marche que je trouve étonnant et magique.

Journées Marteau 2023  avec les commissaires-priseurs Vassy-Jalenques-Courtadon. Journée d’expertise gratuite samedi 13 mai 2023 de 9h à 17h Galerie Espace Art 81 – 81 rue Blatin – 63000 Clermont. 

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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