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Adrien Chalmin aux côtés de Nicolas Valentim.
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Adrien Chalmin, en route pour les JO de Tokyo

Figure emblématique de l'ASM Omnisports, l'ancien capitaine de l'équipe de France de rugby fauteuil, Adrien Chalmin, participera à ses troisièmes Jeux Paralympiques, à Tokyo, fin août. Tous les espoirs sont permis pour une équipe qui n'aura cessé de progresser depuis les JO de Rio, en 2016.

Sur la surface vernis d’un terrain de basket vichyssois glisse, entre des plots de marquage, un fauteuil roulant de compétition. Manié par un joueur longiligne aux bras interminables. Lui, c’est Adrien Chalmin, joueur à l’ASM Handisport et membre de l’équipe de France de rugby fauteuil. Une équipe qu’il connait bien. De 2008 à 2015, il en a été le capitaine – « un poste super intéressant, tourné vers les autres et qui demande beaucoup d’énergie » – avant passage de témoin à Jonathan Hivernat, du Stade Toulousain Rugby Fauteuil Handisport. Adrien commente : « pour le groupe, c’est important que ça tourne. » Ce samedi matin, les passes de balles, rythmées par les crissements des roues, s’apparentent à une chorégraphie synchronisée. L’exercice est au programme d’échauffement de Cédric Dubord, l’assistant-coach. En ce premier week-end de mars, au CREPS de Vichy où, pour son troisième stage de préparation de l’année, l’équipe est présente au grand complet (1), l’ambiance est à la bonne humeur, et à la concentration. Heureuse, visiblement, de se retrouver. Un retour à l’entraînement très attendu pour les douze joueurs, après l’annonce officielle de leur sélection aux JO Paralympiques de Tokyo. Deux Clermontois participent à l’aventure : Nicolas Valentim – dont c’est la première sélection – et Adrien Chalmin. La troisième pour cet ancien espoir de rugby valide, devenu paraplégique, en 2005, suite à un accident lors d’un match amical à Vannes. Adrien avait 19 ans. Sa seconde vie dans le sport, il la doit à un centre de rééducation modèle du Morbihan, le Kerpape, dans lequel, en 2006, « il a eu la possibilité d’aller faire un stage de réhabilitation. » Lors d’une démonstration, il découvre le rugby fauteuil. « Ca m’a tout de suite plu (…) Du coup j’ai décidé d’en faire mon activité. »

La seconde vie d’un passionné de sport

L’équipe de France de rugby-fauteuil et son staff.

Pour pouvoir pratiquer ce sport (…) qui sort de l’ordinaire », il crée, en 2007, avec le soutien de l’ASM Omnisports, la section rugby fauteuil. « Un pari un peu fou » reconnait ce jeune papa. En France, le rugby fauteuil « était en plein essor, mais avec peu de clubs. » Combinant des éléments de rugby, hockey et basket, la discipline, développée au cours des années 70 au Canada, est réputée technique. Spectaculaire. Collisions de fauteuils sur stratégies dignes du jeu d’échecs. Un sport vif, percutant. Tactique. Ce qui a plu à Adrien ? « La notion de collectif, elle me rappelait le rugby où la solidarité est importante (…). La notion de contact, aussi. » Puis le rugby fauteuil, c’est « ludique, adapté à mon handicap qui est assez lourd pour pratiquer d’autres disciplines. » Porté par la passion de cette discipline émergente, il se lance. A fond. Volontaire, rigoureux. Intarissable sur des règles que tous reconnaissent complexes. « Ce qui est incroyable, c’est comment on va utiliser les capacités fonctionnelles des athlètes qui sont sur le terrain. » Des capacités qui dépendent du degré de handicap de chacun. A l’origine de leur classification selon des points allant de 0,5 à 3,5 qui influeront sur leur poste – attaque ou défense – et choix de fauteuil.

Un pionnier au service de la jeune génération

Cette préparation aux JO, Adrien l’aborde, confiant, avec la sagesse de l’expérience. L’avantage de l’âge pour ce pionnier d’un sport dont il estime, avec la précédente génération, avoir essuyé les plâtres. En dépit des obstacles, ça reste « une super expérience. » Ses connaissances, il en fait désormais profiter les benjamins du groupe. Résultat : près de 12 ans après son lancement, l’équipe de France de rugby fauteuil trouve ses marques. Fruit d’une synergie entre pratiquants, clubs et staffs. Souvent d’anciens champions paralympiques. Tous amateurs. Unis par la même passion du sport dans une chaine de solidarité et d’amitié. Endurance, dépassement de soi, ténacité, cohésion de groupe, voilà énoncées les qualités requises pour un parcours jusque-là plus qu’honorable. Deux participations aux JO peuvent en témoigner : Londres en 2012, Rio en 2016. Année charnière pour ce sport reconnu officiellement aux Jeux Paralympiques de Sydney en 2000. Le début d’une exposition médiatique croissante.

Une équipe en constante évolution

Echauffement sous le regard de Cédric Dubord.

Depuis, l’équipe n’a cessé de progresser, et la qualification à Vancouver, en mars 2020, une étape déterminante dans la vie du collectif. Galvanisante, malgré la douche froide du premier confinement. Adrien d’analyser son évolution : « [L’équipe] a beaucoup progressé. Nous n’avons jamais été à un aussi haut niveau sur la constance. » Ses points forts ? « Une osmose entre des joueurs d’expérience (…) qui peuvent appréhender les événements avec plus de recul et des jeunes qui apportent leur euphorie. » De poursuivre : « Cette génération arrivera à maturité, très prochainement. Si ce n’est pour les jeux de Tokyo, avec certitude ce sera aux jeux de Paris (…) Nous sommes vraiment proches du top 4 mondial. » Adrien conclut : « [à Tokyo] ce sera compliqué mais l’équipe a des chances de remporter une médaille. » Une vision partagée par le coach, Olivier Cousin. Encore faudra-t-il compter sur une condition physique irréprochable, « indispensable à la performance » selon Pasquale Gallo, le kiné de l’équipe. Une consigne parfaitement intégrée par Adrien. En dehors des stages, c’est deux fois par semaine qu’il s’entraine au complexe sportif de la Gauthière avec Nicolas. Qu’ensemble encore, une fois par semaine, ils travaillent avec un préparateur physique, Joffrey Eugène. Et s’octroient, de temps à autre, une pause détente sur les pistes du skatepark du Wheel’in (2), à Aubière.

Et après ?

Adrien envisage de tirer jusqu’aux JO de Paris de 2024 mais son avenir, c’est dès maintenant qu’il le prépare, et il est ailleurs. Licence en gestion de ressources humaines en poche, il projette de devenir analyste de données RH, secteur dans lequel il s’est formé à l’époque de son investissement dans Handi’School (3). Douze ans plus tard, et après passage de relais à Nicolas, le voilà donc parti sur un nouvel objectif, professionnel celui-là : « intégrer une entreprise, pas que sur mes handicaps, mais sur mes capacités intellectuelles. C’est ce qui m’anime tout de suite. » Et un souhait : « Juste être normal. Pour les handicapés, il faut maintenant aller vers un monde non protégé. »

Le sourire d’Adrien Chalmin.

 

(1), Présents sur le stage, Ryadh Sallem et Tristan Barfety, joueurs non sélectionnés.
(2), Bike park indoor créé en 2020 par Ugo Meresse.
(3), Association de sensibilisation et d’éducation au handicap, créée en 2008 par Adrien Chalmin et qui intervient en milieu scolaire, sportif et carcéral.

 

 

À propos de l'auteur

Sandrine Planchon

Après une prépa lettres et des diplômes en sciences humaines, Sandrine Planchon s'oriente vers la radio. Depuis 1999 elle travaille différents formats sur Altitude, Arverne, RCF, RCCF. Investie depuis 2015 dans un projet sur le numérique avec Elise Aspord, historienne de l'art, elle encadre aussi depuis 2014 les projets d'étudiants du Kalamazoo College (US).

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