Les automobilistes qui circulent sur l’autoroute A 75 entre Clermont et le Crest (ou inversement) ont pu constater que sur cette portion, la vitesse maximale est désormais de 110 km/h. Cette remise à la « vitesse normale » marque enfin la fin d’un chantier qui aura duré près de 4 années, ponctuées de fermetures nocturnes et autres déviations régulières. Les travaux qui ont consisté à ajouter une voie dans chaque sens de circulation et des aménagements pour les secours sur 11 km, étaient devenus indispensables pour fluidifier un trafic en hausse continuelle. L’A75, est un axe majeur entre Paris, Millau et le sud de la France mais il est également un périphérique urbain pour le trafic pendulaire dans l’agglomération clermontoise. Son flux augmente d’environ 1 % par an de façon constante et sa densité était devenue trop importante pour une infrastructure datant des années 1980. Aujourd’hui entre 60 000 et 85 000 véhicules circulent quotidiennement sur le tronçon dans les deux sens et il n’est pas rare de constater des pics à 100 000 véhicules par jour lors des départs ou retours de périodes de congés. C’est en 2015 que dans le cadre du plan de relance autoroutier l’État avait confié à APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône), le passage à 2 x 3 voies impliquant de modifier ou remplacer les ouvrages d’art. Au final ce projet aura coûté 170 M€ HT, entièrement financé et piloté par APRR.
Elément clé dans l’attractivité du territoire
Si il est incontestable que cette portion d’autoroute, à la croisée des axes nord-Sud et Est-Ouest est un élément clé dans l’attractivité du territoire, on peut s’interroger sur les répercutions environnementales dues à l’étalement de l’autoroute sur d’anciennes terres agricoles. Ne pouvant éluder la question, APRR, qui procèdera à la plantation de 700 arbres, 20 000 baliveaux et 82 000 arbustes sur l’ensemble du parcours a lancé un appel à projets de compensation collective pour faire émerger des actions à forte valeur ajoutée pour l’agriculture et l’économie locale en partenariat avec les collectivités du Grand-Clermont et le monde agricole. 250 000 euros ont été attribués à quatre projets : plantation de vergers-écoles, atelier de découpe de viande, développement de l’ail rose de Billom avec recherche d’une nouvelle AOP et plateforme de vente de maraîchage biologique. Ces projets vont évidemment dans le bon sens mais avant que l’ensemble du parc auto ne soit passé au zéro émission de CO2, faciliter la circulation sur un axe autoroutier génère une augmentation de trafic qui lui même crée de la pollution supplémentaire. Certains rétorqueront qu’une circulation fluide fait baisser le taux d’émissions, c’est vrai, mais sans doute serait-il désormais judicieux de pousser les automobilistes, notamment les pendulaires, à moins circuler en développant le covoiturage. Pourquoi ne pas lancer un programme du même type que celui lancé sur l’A48 ?
Bonjour, vous écrivez : « Certains rétorqueront qu’une circulation fluide fait baisser le taux d’émissions, c’est vrai »
Mais en réalité c’est faux.
La circulation fluide ne dure jamais, et la voie supplémentaire générera progressivement du trafic supplémentaire, qui créera de nouveau des embouteillages aux heures de pointe. Et ces embouteillages à 3 voies seront bien sûr plus émetteurs de pollution et de CO2 que des embouteillages à 2 voies.
Il a été observé partout dans le monde que l’ajout de voies supplémentaires sur les routes ne résout pas les problèmes d’encombrement.