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Leto- photo D.R.
Chroniques

Un chef d’oeuvre hivernal venu de l’est

"Leto" du cinéaste russe Kirill Serebrennikov a éclairé la fin de l'année sur les grands écrans. On ne peut en dire autant d'une "Affaire de famille", film pourtant primé à Cannes.

En ce tout début d’année 2019, je tiens tout d’abord à vous remercier d’être fidèles à ce superbe média web qu’est 7 jours à Clermont, ainsi qu’à cette chronique ciné, libre et souvent partisane, ce que je revendique au nom d’une ancienne cinéphilie qui doit tout aux chroniques de FrançoisTruffaut. Avant d’être cinéaste, il était en effet un critique fantastique (Cf « Les films de ma vie » en poche).

Un bonheur absolu

Le choc de ces dernières semaines est indubitablement celui ressenti à la vision de Leto de Kirill Serebrennikov, le seul vrai « feel good movie » de l’année. Franchement, c’est le film le plus inventif, le plus beau, le plus entraînant que nous ayons pu déguster depuis fort longtemps. A travers lui, nous côtoyons et participons à la vie d’un groupe rock inspiré par la musique des eighties, notamment Iggy Pop,Talking Heads et tant d’autres. Le script coule de source et les séquences musicales sont proprement fantastiques, plongeant le spectateur dans un bonheur absolu. Tout respire le cinéma dans ce chef-d’oeuvre car Serebrennikov multiplie les angles de prises de vues et utilise le noir et blanc mêlé à la couleur…Merci à ce grand cinéaste qui sait nous enchanter.

Une affaire de famille- photo D.R.

Longueurs et épuisement

Je ne peux en dire autant de cette Affaire de famille de Hirokazu Kore-Eda qui a obtenu la palme d’or à Cannes et mériterait davantage le prix du film le plus ennuyeux de l’année désormais écoulée. Le scénario se veut édifiant en nous présentant une famille recueillant une charmante petite fille qui semble perdue. Or ceci n’est qu’apparence…Ce qui pourrait donner un bon mélo s’étire en longueur jusqu’à épuisement du spectateur, qui ouvre l’œil de temps en temps pour regarder sa montre. Le style se veut simple mais joue sur la longueur des plans qui se prolongent  désespérément. Ce film ne pouvait que plaire aux pingouins qui constituent l’essentiel du jury de notre festival cannois, refusant toute innovation.

Une mise en scène classique

Carey Mulligan dans Wildlife- photo D.R.

Enfin un très bon point au film de Paul Dano pour sa première œuvre, Wildlife, qui adapte avec beaucoup de délicatesse et de finesse le livre de Richard Ford, Une saison ardente. Dans les années 60, un adolescent assiste à la dégradation des rapports entre son père et sa mère sur fond de crise et de chômage. Tout est finesse dans ce film étonnant qui avance au rythme des sentiments du jeune adolescent et la mise en scène de Paul Dano se révèle remarquablement classique. Elle évite habilement les effets dramatiques habituels dans ce genre de chronique…Un très bon point aussi aux interprètes: Carey Mulligan, Jake Gyllenhaal et surtout au jeune Ed Oxenbould. Il me reste à vous présenter mes meilleurs vœux pour l’an 2019 et à vous donner rendez-vous pour une prochaine chronique.

 

 

 

 

 

À propos de l'auteur

Roger Herzhaft

Né à Strasbourg, il a exercé la profession d'opticien, passionné depuis toujours par le 7ème Art. Arrivé à Clermont-Ferrand en 1992, il fonde alors le "Cercle des Amis du cinéma" qu'il dirigera jusqu'en 2016,en tant que président. A animé ‌des émissions de télé et radio sur Clermont-Première, Radio Nostalgie et Radio France Bleu Pays d'Auvergne. Il aime en particulier le Western, Hitchcock, Truffaut, Steven Spielberg.

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