Le verdict semble désormais inéluctable après la dernière confrontation entre le Stade Rennais et le Clermont Foot, où, indépendamment du système tactique adopté – que ce soit un 3-4-2-1 ou un 4-2-3-1 –, les problèmes rencontrés par le Clermont Foot apparaissent désormais trop enracinés pour espérer une amélioration significative à court terme.
L’ambition initiale d’avant mars, qui était de rester au contact après le match contre Marseille, paraît désormais réduite à la simple volonté de limiter les dégâts et d’éviter une fin de saison catastrophique, tant les perspectives semblent sombres pour l’équipe auvergnate dans cette Ligue 1 Uber Eats.
Maximiliano Caufriez, bien contre son gré, est l’auteur d’une statistique qui résume à elle seule les difficultés rencontrées par le Clermont Foot cette saison en Ligue 1 Uber Eats : il a reçu trois cartons rouges, un record négatif qu’ aucun autre joueur n’a atteint cette saison en championnat.
Un chiffre qui illustre parfaitement la chute spectaculaire de forme des joueurs cadres du club auvergnat par rapport à l’exercice précédent, soulignant ainsi les turbulences et les revers qu’a subis l’équipe cette année.
Un jour sans fin.
Comme pour Bill Murray durant l’inénarrable “Jour de la Marmotte”, l’histoire semble se répéter inlassablement pour le Clermont Foot, comme illustré par plusieurs événements déjà trop familiers cette saison en Ligue 1 Uber Eats.
Une nouvelle fois, un corner mal défendu – exactement le même que contre Lille – a conduit à un but rennais, exposant les lacunes défensives récurrentes de l’équipe.
Le troisième but a vu, comme souvent, trois clermontois totalement aspirés par le ballon comme des joueurs de cour d’école, se faire surprendre par une passe en retrait qui semblait pourtant tellement prévisible.
Comme régulièrement, la défense a été régulièrement prise de vitesse sur les flancs, particulièrement sur le côté droit.
Un penalty, qui aurait pu inverser la dynamique du match, n’a pas été sifflé en faveur de Clermont après une faute sur Boutobba, s’ajoutant à une série de décisions arbitrales contestables.
A l’inverse, une perte de balle plein axe de Maxime Gonalons a conduit à une faute de Matsima très légère, mais bien sifflée, elle, qui n’a pas eu de conséquences directes sur le score malgré le penalty qu’elle provoque… Deux poids, deux mesures…
Et encore une fois, malgré des opportunités et une impression de compétitivité par moments, le manque de précision dans les phases cruciales a une fois de plus empêché le CF63 de s’imposer.
Cette répétition d’événements défavorables semaine après semaine semble inéluctablement rapprocher Clermont d’une relégation de l’élite du football français, confirmant les plus sombres prévisions pour le maintien du club en Ligue 1.
Une évolution tactique intéressante malgré tout
L’adoption du 4-2-3-1 par le Clermont Foot a proposé un certain équilibre et une couverture du terrain qui ont modifié l’approche habituelle de l’équipe.
Cependant, plusieurs ajustements restent nécessaires pour améliorer cette formation.
D’une part, la différence d’approche entre les arrières latéraux a été notable : Yoël Armougom s’est montré très offensif, peut-être excessivement, tandis qu’Andy Pelmard a adopté une posture plus réservée, impacté par la pression rennaise plus intense de son côté.
Cependant, cette prudence n’a pas empêché certaines failles défensives de se manifester avec un Andy Pelmard, pourtant connu pour ses pointes de vitesse, très souvent pris de vitesse.
D’autre part, la proximité excessive entre les trois milieux de terrain a restreint l’exploitation optimale de l’espace, nuisant à la conservation de la balle et à la fluidité du jeu.
Shamar Nicholson, malgré son rôle clé pour faire jouer autour de lui, s’est retrouvé assez isolé, avec peu de soutien direct de ses coéquipiers offensifs très excentrés, ce qui a limité ses opportunités.
Bien que le Clermont n’ait pas été nettement dominé en termes de possession de balle, la similarité des lignes de récupération de balle entre les deux équipes, établies en moyenne à 52 mètres, traduit une volonté de presser haut et de faire preuve de davantage d’ambition dans le jeu : une stratégie à maintenir pour les prochaines rencontres.
Cependant, la disparité entre les deux équipes se révèle clairement dans l’efficacité offensive.
Alors que Rennes et Clermont ont respectivement tenté 16 et 14 tirs, l’écart dans la qualité de ces tentatives est significatif, avec un xG (espérance de but) moyen par tir de 0.2 pour Rennes contre seulement 0.05 pour Clermont.
Cette statistique souligne la supériorité de Rennes dans les moments décisifs et met en lumière le principal challenge du Clermont Foot dans les derniers matchs de la saison : convertir ses occasions en buts avec une efficacité comparable à celle de ses adversaires.
Stade Rennais Clermont Foot : Bilan individuels contrastés
Les plus impactants
Mory Diaw, Johan Gastien, et Muhammed Cham se sont distingués par des performances qui reflètent le niveau attendu pour un match de Ligue 1, malgré la défaite de Clermont face à Rennes.
Mory Diaw a de nouveau affirmé sa position de dernier rempart du Clermont Foot, livrant une prestation solide malgré les trois buts concédés. Sa défense l’ayant laissé en difficulté sur les actions menant aux buts, Diaw a néanmoins réalisé plus d’arrêts que son homologue rennais (5 contre 4) et a brillamment arrêté un penalty, contribuant à un « goals prevented » de 0.6. Sa gestion au pied, souvent critiquée ces derniers temps, s’est également avérée efficace lors de cette rencontre. Diaw s’est imposé une fois de plus comme le joueur le plus performant de son équipe, bien que cela n’ait pas suffi à influencer le résultat final.
Johan Gastien, au cœur du jeu clermontois, a retrouvé son rôle de meneur avec une influence notable sur la rencontre. Il a dominé les statistiques en termes de ballons touchés (89) et de passes clés distribuées (3), tout en affichant une précision de passe de 89% et une efficacité intéressante sur les longues passes (10 réussies sur 12). Son engagement défensif a été tout aussi notable, réalisant le plus grand nombre de tacles du match (4) et remportant une majorité de ses duels. Cependant, sa tendance à se faire dribbler trop facilement (3 fois dans le match) reste un point d’amélioration important.
Muhammed Cham a montré des signes de volonté offensive avec deux passes clés et un corner décisif. Ses 95% de passes réussies, sa précision sur le jeu long et ses centres, ainsi que sa propreté dans le jeu (seulement 3 pertes de balle) ont confirmé son potentiel de création du danger, bien qu’il ait été limité par le nombre de ballons reçus de ses partenaires. Cette performance est encourageante pour l’avenir, à condition que Cham soit davantage sollicité dans le jeu.
Mention “bien”
Yoël Armougom et Bilal Boutobba ont déployé des efforts considérables durant la rencontre.
Yoël Armougom s’est distingué par son activité incessante sur le flanc gauche, se montrant combatif dans les duels avec un taux de succès qui n’a rien à envier à ceux de celui qu’il remplaçait (4 gagnés sur 5). Sa contribution offensive s’est également manifestée par la distribution de trois passes clés, le plus haut total du match. Toutefois, sa prestation a été ternie par une précision de passe de seulement 76%, un total de 14 ballons perdus, et une réussite limitée à un tiers pour ses centres et longs ballons, minant ainsi son influence positive sur le jeu.
De son côté, Bilal Boutobba a fait preuve d’une grande combativité sur son aile, participant activement au jeu avec le plus grand nombre de duels disputés du match (13) et une volonté de percer la défense adverse à travers cinq tentatives de dribbles. Il a également tenté de servir ses coéquipiers par sept centres, le plus grand nombre de la rencontre. Cependant, la faible efficacité de ces initiatives, avec un taux de réussite inférieur à 50%, et une tendance à perdre possession du ballon trop facilement (22 fois, le total le plus élevé du match) ainsi qu’une précision de passe de seulement 65%, ont largement terni sa performance globale.
Malgré leur engagement et leur volonté de faire la différence, Armougom et Boutobba ont été confrontés à un manque de précision et d’efficacité qui a empêché le Clermont Foot de capitaliser sur leurs tentatives. Leur détermination reste néanmoins un signe encourageant pour l’équipe, qui cherchera à améliorer sa justesse technique pour les rencontres à venir.
Tout juste passable
Chrislain Matsima, Andy Pelmard, Jim Allevinah, et Shamar Nicholson ont tous contribué à l’impression positive dans le jeu du Clermont Foot malgré un impact assez limité.
Chrislain Matsima s’est distingué par ses sept interventions défensives, le plaçant parmi les plus actifs en défense pour Clermont. Son but aurait pu raviver les espoirs des visiteurs si Rennes n’avait pas rapidement répliqué par un troisième but. Bien qu’ayant commis la faute menant au penalty, la responsabilité de ce moment crucial semble être partagée, notamment à cause de la perte de balle évitable de Maxime Gonalons. Malgré cette erreur, Matsima a affiché une précision de passe remarquable de 96%, bien que son jeu ait, forcément, été entaché par les buts concédés.
Andy Pelmard, quant à lui, a été moins impliqué défensivement, avec seulement quatre interventions et deux duels joués, tous gagnés. Malgré une efficacité de passes de 95% et peu de ballons perdus, son manque d’impact offensif et sa difficulté à contenir les attaques rennaises sur son côté ont été évidents, deux buts de Rennes provenant notamment de son côté.
Jim Allevinah a démarré le match sur un rythme prometteur, montrant les signes d’agilité et de vitesse qu’on lui connaît, mais son influence a décru au fil du match. Avec le moins de ballons touchés parmi les milieux offensifs et trois tirs tentés sans succès, il a également eu du mal dans les duels, soulignant une performance en demi-teinte.
Shamar Nicholson a continué à se montrer comme un pivot central, créant des opportunités avec trois passes clés, mais a été isolé en attaque. Ce qui a forcément limité son influence sur le jeu et l’a empêché de tenter vraiment sa chance au but. Comme lors du match précédent, il a eu du mal dans les duels, en remportant seulement un sur huit.
Quant aux remplaçants introduits tard dans le jeu, bien qu’ils n’aient pas démérité, leur apport n’a pas modifié le cours du match, contrastant avec l’impact positif de certains remplaçants rennais dans un temps de jeu similaire.
Les redoublants
Maximiliano Caufriez et Maxime Gonalons ont tous deux montré de sérieuses limites dans leur performance.
Maximiliano Caufriez a été impliqué dans la majorité des actions défensives clermontoises, réalisant sept interventions défensives et remportant la moitié de ses duels. Sa précision de passes a été exemplaire, atteignant un taux de réussite de 96%. Cependant, son positionnement global et sa décision de repiquer vers le ballon sur le troisième but encaissé restent problématiques. De plus une certaine passivité lors des phases défensives critiques, notamment sur les buts consécutifs à des corners posent question. Son expulsion en fin de match, suite à un geste jugé imprudent, bien que léger, souligne une discipline à revoir. Cette action, qui lui vaudra une nouvelle suspension, soulève des interrogations sur sa lucidité de jugement dans des moments cruciaux. Mais qu’est-il arrivé au “Roc Belge” depuis sa blessure ? Difficile de reconnaître celui dont les performances avaient largement justifié qu’il devienne le joueur le plus cher de l’histoire du club.
Quant à Maxime Gonalons, il a égalé le nombre de tacles de Gastien, avec quatre interventions défensives significatives. Toutefois, son efficacité globale a été mitigée, marquée par des difficultés dans les duels et une erreur décisive ayant mené au penalty concédé par Matsima. Cette erreur n’a certes pas eu de conséquence directe sur le score, mais elle a néanmoins terni sa performance. Ses actions ont démontré une certaine hésitation et un manque de confiance qui remettent en question sa place comme premier choix au milieu aux côtés de Gastien.
Les conditions du miracle…
Alors, voilà… Nous y sommes… Le moment où plus personne ne peut se voiler la face. Même les plus optimistes.
Le Clermont Foot a désormais toutes les chances de jouer en Ligue 2 BKT l’an prochain.
Autant dire que troquer des soirées “livraison de pizza” contre des soirées “pneus de tracteur” fait mal au moral.
Sauf que… Les adversaires à venir du Clermont Foot 63, sont a priori abordables et, pour les plus huppés, en difficulté ces derniers temps.
Et comme l’a souligné, à raison Pascal Gastien, seule une série de bons résultats est LA condition pour réaliser un miracle.
S’il advenait que les joueurs arrivent à se transcender pour atteindre cet objectif, ils seraient, à n’en pas douter, les auteurs de la plus improbable remontée de la Ligue 1 Uber Eats.
Seront-ils capables de marquer l’Histoire du football français ? Seuls eux ont la réponse à cette question… Et ils ont les cinq prochains matchs pour la donner!
Conférence de Presse
Voir la conférence de presse d’après-match de Pascal Gastien
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