Ce mois pluvieux a été cinématographiquement plutôt bon, surtout quand on ne s’occupe pas du Festival de Cannes et que l’on est guidés par notre instinct de cinéphiles, davantage que par les « professionnels de la profession » qui se congratulent sous les ors du palais festivalier. On a même pu lire, dans la revue des cultureux, Télérama, une invitation à commenter les résultats de la foire aux films, alors que le public n’avait pas la possibilité de les voir. Passons donc aux choses sérieuses, c’est-à-dire, aux toiles visibles dans nos salles.
Un thriller efficace
Mon coup de cœur va, incontestablement à The report on Sarah and Saleem de Muayad Alayan, film palestinien qui raconte la liaison d’un jeune livreur apolitique avec une Israëlienne. Soupçonné par le Hamas de livrer des renseignements à Israël, il doit se défendre et s’enfonce dans un récit digne de Kafka, il sera emprisonné par les Israëliens, en fin de compte. Inutile d’en dire plus sur ce thriller impeccablement filmé où les femmes auront un rôle majeur et nous feront espérer la Paix.
Pierre Jolivet et Jonathan Levine
Pour rire et aussi pour comprendre les difficultés que les jeunes rencontrent dans la création d’entreprise, voyez le film de Pierre Jolivet, Victor et Célia, inspiré largement de Ma petite entreprise du même Jolivet qui ressuscite un cinéma populaire que Jacques Becker a jadis magnifié. En outre , les jeunes comédiens Alice Belaïdi et Arthur Dupont sont craquants. Passons rapidement sur El Reino de l’espagnol Rodrigo Sorogoyen qui se veut une dénonciation de certaines pratiques politiques. L’ennui qui s’installe dès le début du film et les invraisemblances du scénario, rendent cette œuvre inbuvable, malgré un consensus critique assez inquiétant. Nous ne pouvons terminer ce papier sans vous inviter à vous plier de rire en dégustant Séduis moi si tu peux (traduction de The long shot-sic) de Jonathan Levine avec l’ineffable Seth Rogen, échappé de la bande à Judd Apatow, accompagné de la superbe Charlize Theron qui incarne la ministre des affaires étrangères des Etats-Unis. Son président voulant démissionner pour réussir sa vie dans le cinéma, elle veut faire campagne avec un journaliste miteux qui est joué par Seth, obsédé par le sexe et les blagues de troisième zone…Le tout est mis en scène avec un goût du spectacle affirmé et nombre de séquences musicales bien venues. Evidemment ce film n’a pas été sélectionné à Cannes. Et vive le mois de juin avec ma chronique portant sur les films que nous sélectionnerons pour cancaner ensemble.
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