Les statistiques et les images de la rencontre témoignent d’un match où Clermont a été largement dominé, subissant les assauts d’une équipe lilloise en pleine maîtrise de son sujet.
Le Clermont Foot s’est trouvé dépassé, incapable de maintenir une possession significative et de résister aux incessantes attaques des lillois, particulièrement durant une première mi-temps à sens unique.
La coordination et le timing faisaient cruellement défaut, laissant l’équipe auvergnate constamment en retrait et asphyxiée par le rythme imposé par les Dogues.
Un monde d’écart
Le constat dressé par Elbasan Rashani au terme de la rencontre résume parfaitement le sentiment général : l’équipe a affiché une lenteur préoccupante, accumulant les retards dans le jeu face à un LOSC des plus incisifs.
« Nous étions trop lents, toujours un temps de retard », a-t-il souligné, mettant en lumière la supériorité d’une équipe lilloise qui semblait évoluer dans une sphère différente, presque comme si elle appartenait à un autre championnat.
Cette impression d’un gouffre séparant les deux clubs a été renforcée par les propos de Pascal Gastien, qui a exprimé un sentiment d’impuissance face à la prestation de son équipe. « On s’est vraiment senti impuissant », a-t-il admis, laissant transparaître une inquiétude quant à la trajectoire actuelle de son club.
Un bref moment d’espoir a émergé juste avant l’encaissement du second but, lorsqu’une tête de Jim Allevinah aurait pu changer la dynamique du match.
Cet espoir fut cependant rapidement éteint par une erreur d’arbitrage sur un corner inexistant qui a mené au deuxième but lillois.
Pour couronner le tout, Mory Diaw, le gardien clermontois, nous a rappelé à tous de douloureux souvenirs de son début de saison difficile en concédant un but d’une manière qui pourrait être qualifiée de malencontreuse, bien que ce but fut finalement sans conséquence sur le résultat final : Lille enfonçant définitivement le clou d’une frappe magistrale de Zhegrova.
Le film du naufrage
Sur l’action menant au premier but du match, une série d’erreurs défensives a coûté cher au Clermont Foot.
Jim Allevinah, bien qu’il soit redescendu défendre, n’a pas exercé de pression sur le porteur de balle, laissant ainsi une opportunité pour l’adversaire d’exploiter l’espace.
Johan Gastien, quant à lui, n’a pas effectué son repli défensif avec l’urgence requise, contribuant à laisser un espace béant derrière le milieu de terrain.
Maximiliano Caufriez, conscient du déséquilibre, a tenté de compenser par une intervention rapide, mais son action précipitée a finalement élargi la faille dans la ligne défensive.
À gauche, Jonathan David a rapidement identifié et exploité cette ouverture, face à un Mehdi Zeffane visiblement désengagé qui n’a pas suivi son homme. Andy Pelmard et Chrislain Matsima, pour leur part, n’ont pas surveillé l’attaquant adverse, faute d’avoir correctement évalué la situation autour d’eux.
Angel Gomes, trouvant ainsi un boulevard devant lui malgré la présence théorique de trois joueurs clermontois, a bénéficié d’un espace inespéré pour orchestrer l’attaque.
Cette accumulation de manquements individuels et collectifs a rendu inévitable la concrétisation de l’opportunité par Jonathan David qui n’en demandait pas tant !
Un erreur d’arbitrage qui plombe l’ambiance
Sur le second but lillois, contestable en raison d’un corner sifflé mais non justifié, la disposition défensive du Clermont Foot a montré encore de sérieuses lacunes.
Malgré la présence de huit joueurs clermontois dans la surface de réparation (pour 5 Lillois) et de deux autres se dirigeant vers les tireurs de corner, le manque de concentration apparent a permis à Lille d’exécuter une combinaison sans être inquiété.
Pourquoi être 8 dans la surface si c’est pour laisser des adversaires non marqués à l’entrée de la surface, facilitant ainsi la création d’opportunités de tir pour Lille ?
Pour couronner le tout, l’absence de coordination pour jouer le hors-jeu face à ce type de situations a été particulièrement notable.
Shamar Nicholson notamment, ayant appris de ses erreurs passées contre Strasbourg, a tenté de remonter rapidement pour piéger les Lillois en position de hors-jeu, contrairement à ses coéquipiers en défense qui n’ont pas suivi son exemple.
Cette mésentente a conduit à un alignement défensif défectueux, laissant quatre des cinq Lillois présents dans la surface sans aucune opposition pour le duel aérien, soulignant ainsi les défaillances défensives collectives récurrentes du Clermont Foot sur corner.
Le retour des buts « casquette »
Dès le début de l’action menant au 3ème but , les joueurs lillois ont intelligemment pris position derrière le milieu défensif de Clermont, exploitant ainsi les espaces laissés libres.
Caufriez, initialement monté, s’est retrouvé en difficulté pour revenir en position, laissant derrière lui une ouverture exploitable par l’adversaire.
Cette situation a été exacerbée par le marquage trop lâche de Matsima sur Jonathan David, un joueur dont la vitesse et la capacité de finition ne pardonnent aucun relâchement.
David, bénéficiant d’une liberté quasi totale, a lancé un défi insurmontable à Matsima, qui n’a pas réussi à le contenir, forçant Mory Diaw à un effort désespéré sur une distance de 30 mètres pour tenter d’intervenir, effort qui s’est avéré vain et un peu pathétique.
L’issue de cette action, un but casquette pour Lille, souligne non seulement l’erreur individuelle de Diaw dans sa tentative de sauvetage, mais aussi un problème structurel plus large au sein de la défense clermontoise.
Trop avancée ou trop reculée, la ligne défensive n’était pas synchronisée avec Caufriez, positionné à la ligne médiane, se trouvant ainsi dans une position défavorable.
Même sans l’exploitation directe de cette brèche par Lille, les options tactiques disponibles derrière le milieu de terrain clermontois auraient suffi à mettre en péril la défense, illustrant les difficultés stratégiques rencontrées par Clermont tout au long de cette rencontre, voire de cette saison.
Le bâton pour se faire battre
Lors du but marqué par Zhegrova pour Lille, tout en reconnaissant la beauté de sa frappe, il est impossible de ne pas noter que c’est bien le Clermont Foot qui a préparé le terrain pour ce moment d’excellence.
Une fois de plus, le milieu clermontois s’est trouvé désorganisé, avec pas moins de cinq joueurs lillois ayant trouvé l’espace pour s’installer confortablement entre le milieu et la ligne défensive de Clermont.
Cette récurrence de joueurs adverses laissés libres dans des zones cruciales témoigne d’un problème systémique dans le repli défensif, la concentration et la solidarité de l’équipe.
Le positionnement de Caufriez, en particulier, soulève des questions sur cette action : en ne tenant pas la ligne avec ses coéquipiers, il a non seulement empêché une intervention efficace sur le porteur de balle mais a également offert une option de passe, aggravant ainsi la situation.
De leur côté, Gastien et Magnin, montés de manière désynchronisée, ont semblé dépendre d’Allevinah pour colmater les brèches.
Ce dernier se retrouvant en retard a pu admirer de près Zhegrova ajuster une frappe remarquable en pleine lucarne à 30 mètres.
Bilans individuels : Se retenir de tirer sur l’ambulance
Dans le sillage d’un match désastreux ce week-end, il apparaît superflu de distinguer les performances individuelles au sein du Clermont Foot, tant l’échec fut collectif et homogène, oscillant entre le catastrophique et l’affligeant.
↗️↘️ | #LOSCCF63 | Les bilans individuels
➖ Etant donnée l’ampleur du naufrage collectif de ce WE, on se contentera de mettre tout le monde dans le panier des déceptions et on ne s'épanchera pas sur le cas individuel des joueurs pour ne pas départager entre le misérable et le… pic.twitter.com/qPtcHzN9pY
— CF63 Insights (@CF63Insights) February 6, 2024
Cependant, des statistiques éparses du match offrent un aperçu nuancé de certains efforts individuels, tout en soulignant l’ampleur des difficultés rencontrées par l’équipe.
Matsima, pour son premier match, n’a peut-être pas offert toutes les garanties, mais a, malgré tout, laissé entrevoir des choses intéressantes en remportant cinq de ses six duels et en réalisant douze interventions défensives, le plaçant en tête des statistiques du match pour cette catégorie.
À l’inverse, Pelmard a semblé moins impliqué avec seulement trois interventions défensives, tandis que Caufriez et Ogier, malgré une mi-temps de jeu chacun, ont contribué avec quatre interventions défensives, soulignant ainsi les disparités dans l’efficacité défensive de l’équipe.
L’habituel maestro du jeu clermontois, Johan Gastien, a vu son influence réduite avec seulement quarante-huit touches de balle, se classant derrière six de ses coéquipiers en termes d’implication dans le jeu.
En contraste, Nabil Bentaleb de Lille a dominé avec cent trente-neuf touches. Cette domination s’étend à la précision des relances, où Mory Diaw a manqué quatorze de ses vingt-et-une tentatives de longues relances.
La lutte dans les duels a également été révélatrice, avec Magnin et Gastien ne remportant que sept de leurs vingt-et-un duels combinés.
Les ailes n’ont pas été épargnées par ce manque de maîtrise, Zeffane et Neto Borges cumulant un nombre élevé de pertes de balle.
Malgré les quatre buts encaissés et une erreur significative, Mory Diaw a tout de même réussi neuf arrêts (certains étant même de belle qualité), un chiffre qui mérite d’être souligné compte tenu des circonstances.
Le maintien et Gastien menacés
Avec une telle performance, le Clermont Foot est désormais sur la sellette pour le maintien, qui reste, de manière tout à fait incroyable, encore accessible à un groupe qui semble tout faire pour ne pas l’atteindre.
Mais c’est aussi le cas de son entraîneur Pascal Gastien, qui pour la première fois depuis son arrivée, semble remis en question par la direction du club d’après les rumeurs diffusées dans un grand quotidien sportif.
Cependant, si l’équipe manque de solidarité, de discipline tactique et peut-être parfois d’envie cette année, nous ne pouvons pas oublier que c’est une équipe très proche de celle qui a été 8ème la saison passée. Nous n’oublions pas non plus que l’entraîneur a réalisé des miracles, pendant plusieurs années, avec un budget de club de milieu de tableau de Ligue 2.
Si chacun dans son rôle pouvait s’en souvenir et se remettre en question, ce serait un premier pas vers la rédemption. Car il suffit parfois simplement de vouloir revivre des beaux moments pour s’en donner les moyens.
Voir la conférence de presse d’après-match sur la chaine YouTube du club
Prochain match
Clermont Foot 63 – Stade Brestois 29
Stade Gabriel Montpied – Dimanche 11 Février – 15h00 – 21ème journée de Ligue 1 Uber Eats – Diffusion : Prime Vidéo
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