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Le cinéma: un art en péril

Salles fermées jusqu'au 22 juin, tournages à l'arrêt: l'épidémie met aussi le cinéma dans de sales draps. Une période sombre qui risque, hélas, de laisser des traces.

Conséquence tragique pour les cinéphiles, le confinement dû à l’épidémie du Covid-19 a fermé les salles de cinéma. Il n’est pas question ici de contester les décisions sanitaires prises par l’état et les autorités de santé, simplement de constater que les fans de cinéma en salle souffrent doublement. Certes il y a une foule d’écrans disponibles pour satisfaire le besoin d’images de nos concitoyens mais la télévision, les tablettes, les mobiles ne peuvent être que des pâles copies des besoins du vrai cinéphile pour qui l’espace naturel des films reste et restera toujours le cinéma en salles.

L’Art et Essai s’en remettra-t-il ?

A  propos, quelle est la situation actuelle ? Nous sommes dans une période de déconfinement partiel qui peut être révisé à tout moment puisque le virus circule encore. Par conséquent nos salles resteront closes au moins jusqu’au 22 juin et certaines n’ouvriront peut-être plus jamais. En effet, les plus fragiles ne pourront pas survivre à cette longue période sans spectateurs. Dans le meilleur des cas, on nous promet une réouverture soumise à des conditions de sécurité essentielles qui nuiront aux petites salles classées Art et Essai. Celles-ci ne pourront supporter une clientèle très réduite. L’Etat devrait tout faire pour sauver ces salles qui sont l’essence même de la création cinématographique. Par ailleurs, une quantité de tournages a été stoppée pendant cette triste période et les œuvres de qualité ne peuvent être réalisées en deux ou trois semaines. Un de mes amis, distributeur de films étrangers, a stocké plusieurs copies de classiques du 7ème Art et ne peut les faire projeter pour des raisons évidentes. Il risque donc la faillite à brève échéance.

Dans notre ville, le danger est grand de voir disparaître le créneau Art et Essai, avec tout ce qu’il comporte de risques pour l’art du cinéma et pour les associations qui ont tout misé sur la projection commentée de classiques, en collaboration avec les salles du centre-ville. Je pense au « Cercle des amis du cinéma » qui est en difficulté car ses adhérents n’ont pu se réunir dans les cafés de la ville, longtemps fermés eux aussi.

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent

En revanche, cette situation profite aux nouvelles chaines de télévision qui peuvent offrir des œuvres cinématographiques, souvent en exclusivité, et sans passage obligé en salles. Netflix peut ainsi offrir à ses abonnés le dernier western des frères Coen, le superbe Roma d’Alfonso Cuaron et aussi des films de Truffaut, Demy, Chabrol etc…prenant ainsi la place des rares ciné-clubs encore en activité.  Amazon Prime en fait presque autant en diffusant le Pinocchio de Mattéo Garrone en première vision.

Et pourtant rien ne remplacera jamais le spectacle cinématographique en salles. Il convient aussi de demander aux exploitants d’offrir aux spectateurs des conditions optimales de vision et de confort. Ainsi que des conseils éclairés.

Rappelons pour finir cette réflexion de Jean-Luc Godard : « Le cinéma c’est de la mémoire, la télévision, c’est de l’oubli »

A bientôt, chers amis, dans nos salles qui nous manquent tant

À propos de l'auteur

Roger Herzhaft

Né à Strasbourg, il a exercé la profession d'opticien, passionné depuis toujours par le 7ème Art. Arrivé à Clermont-Ferrand en 1992, il fonde alors le "Cercle des Amis du cinéma" qu'il dirigera jusqu'en 2016,en tant que président. A animé ‌des émissions de télé et radio sur Clermont-Première, Radio Nostalgie et Radio France Bleu Pays d'Auvergne. Il aime en particulier le Western, Hitchcock, Truffaut, Steven Spielberg.

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