L’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE) est sans conteste une fierté régionale. La structure est née en 2020, de la fusion entre l’INRA Auvergne Rhône-Alpes et les centres Irstea de Lyon-Villeurbanne, Grenoble et Clermont-Ferrand. En résulte une superstructure de recherche, réunissant 840 agents répartis sur 8 sites.
Et cette année, le pôle de Clermont-Ferrand s’est lancé, en partenariat avec ENGIE Green, dans l’étude d’un démonstrateur agrivoltaïque vertical… Késaco ? C’est tout simple, et au cœur des préoccupations actuelles de notre région, mais aussi de la France et même du monde : une piste pour avancer dans la résolution de nos problèmes énergétiques, alimentaires et économiques.
Des panneaux photovoltaïques verticaux
Tout le monde connaît les panneaux photovoltaïques, producteurs d’électricité. Mais jusqu’à présent, ceux-ci sont conçus à l’horizontale, et donc loin d’être idéals pour les agriculteurs. Parce que des rangées de panneaux horizontaux prennent beaucoup de place sur un terrain agricole, mais aussi parce qu’ils génèrent beaucoup d’ombre… Et si l’ombre est l’amie des vacanciers en goguette, elle n’a jamais fait de très bonnes affaires avec l’élevage, et les prairies vert clair dont aiment se repaître ovins et bovins.
Les panneaux photovoltaïques verticaux, présentés sous la forme de haies d’un nouveau genre, séparant les parcelles, remédient à ce problème. C’est pourquoi leur existence répond à des enjeux multiples : ceux de l’agroécologie. Un terme qui regroupe la consommation et la production énergétiques dans le cadre du changement climatique, mais aussi le besoin de rendre l’activité agricole plus vertueuse du point de vue environnemental, par la préservation de la biodiversité, la réduction de ses impacts sur les sols et les paysages, et des empreintes carbones, sans condamner, pour autant, les rendements agricoles.
Un projet expérimental sur le site de Laqueuille
Ce projet innovant, que les équipes ont baptisé « Camelia », va être testé sur un terrain de recherche à Laqueuille. Car avant d’implanter pour de bon une technologie, aussi prometteuse soit-elle, il faut tester, scientifiquement, et en conditions, ses potentiels imprévus ou effets indésirables. Ainsi, l’INRAE attend de très nombreux résultats de « Camelia » : des données sur le microclimat aérien et souterrain, sur la biomasse, la qualité du fourrage, la fertilité des sols, sur la comportement des bovins, l’utilisation conjointe d’engins agricoles, sur la biodiversité et, sur la production énergétique réelle, en conditions, du système vertical.
« L’une des premières choses que l’on constate, c’est qu’un tel système génère beaucoup moins d’ombre sur le terrain », relève Catherine Picon-Cochard directrice de l’Unité Mixte de Recherche Écosystème Prairial (UREP) et responsable scientifique. « C’est certainement plus intéressant pour l’écosystème, mais nous devons poursuivre les études pour identifier d’autres impacts possibles et, bien sûr, pour mesurer l’ensemble des conséquences, positives ou négatives, de l’agrivoltaïsme vertical. Par ailleurs, d’après les ingénieurs du projet, la répartition de l’énergie est aussi intéressante : puisqu’à l’inverse des panneaux horizontaux, Camelia reçoit un minimum de lumière quand le soleil est à son zénith, les pics d’activité du matin et de l’après-midi correspondent mieux aux besoins agricoles.… Au lieu d’avoir une courbe en cloche, comme avec les panneaux photovoltaïques habituels, on observe une courbe à deux bosses, plus appropriée à cette activité… Ce qui explique d’ailleurs le nom Camelia, inspiré du chameau et de cette courbe à deux bosses ! »
Avec près d’un million d’euros investis par ENGIE, pour ce test sur une surface de 0,9 hectares et une production de 100 KWc (Kilowatts crête, la puissance générée au niveau d’ensoleillement maximal), pour une durée de cinq ans, Camelia attire déjà la confiance des producteurs d’énergie et l’intérêt des chercheurs. Les agriculteurs auront, eux, ainsi, plus de données pour faire les choix les plus appropriés à leurs besoins d’avenir… Reste à recueillir, grâce aux données, les opinions des vaches, les premières concernées, mais aussi de leurs voisins et voisines : l’herbe, les vers de terre, les insectes et les papillons !
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