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Dr Prout et sa sculpture «La poursuite» Photo Christophe Grand
Dr Prout et sa sculpture «La poursuite» Photo Christophe Grand
Culture Patrimoine

Dr Prout : des automates farcis de bon sens

La plupart d’entre nous savent bien ce que le baromètre et la rustine doivent à notre région, mais on ignore trop souvent que le casse-noisette gravitationnel à réaction et la girouette à vent de panique pour indiquer les directions à surtout ne pas suivre sont des inventions clermontoises.

Sur le berceau du Docteur Prout s’étaient penchées des fées toutes revêtues des apparences de la normalité. Elles étaient sûrement déguisées et complètement perchées. Dans un premier mouvement, après une enfance et une adolescence au sujet desquelles nous n’avons pas d’information… dans ce cas on ne dit rien, même si on n’en pense pas moins…. Prout a fait des études d’électronique puis s’est fait embaucher chez un marchand de canons. Bien vite, il s’est ravisé. Contrarié d’avoir à fabriquer des outils à créer le néant, il s’est engagé dans la création de machines qui ne serviraient à rien mais qui le feraient bien.
Depuis 25 ans, il montre ses sculptures animées, des automates, à un public où sont représentés tous les âges et tous les milieux. Il raconte aussi des histoires à un auditoire qui ne comprend pas tout, mais qui sait que c’est vrai.

Pour 7 jours à Clermont, Prout a bien voulu tailler le bout de gras. A la main, car la machine reste à inventer.

CG : Prout, vous travaillez dur à créer des machines à ne rien faire. N’avez-vous pas peur de dilapider un temps précieux que vous pourriez jeter par les fenêtres ?

Lorsque j’ai quitté l’entreprise militaire où je mettais en oeuvre une technique chouette et fine au service d’une finalité bien peu louable, j’ai décidé d’inventer des objets qui montreraient l’absurdité du monde. Nous menons une course à la productivité en inventant des machines qui écrasent celles qui les précèdent. Mes machines ne sont pas concurrentielles, elles s’ajoutent les unes aux autres. Et puisque même en panne elles marchent, elles dénoncent le consumérisme de notre époque. Mon propos est donc poétique.
Par exemple j’ai créé une tapette à mouche à visée laser. Il s’agissait de mettre de la haute technologie au service du n’importe-quoi puisqu’il faut préalablement dresser les mouches à se poser sur un point rouge. J’ai inventé une machine à peindre les nuages mais tout le monde est à même de comprendre que ça ne sert à rien : les nuages sont très beaux comme ils sont.
Vous comprenez que mes machines ne sont que le haut de l’iceberg car chacune a une histoire à raconter. J’ai dû créer moi-même une machine à faire tourner le monde rond car on ne peut pas confier cette mission à un banquier, un politicien ou un curé.
Mes machines paraissent absurdes parce qu’elle semblent ne servir à rien mais c’est le monde qui nous entoure qui est absurde. Souvent, on croit que ça marche alors qu’il tourne pour ne rien faire.

CG : Un mot du processus de création ?
Je ne fais ni plan ni dessin. C’est une envie qui m’anime et je suis attentif au hasard. J’attends le moment où quelque chose d’intéressant se produit au cours d’une succession d’improvisations. En ce sens je suis un opportuniste de mes propres propositions.

CG : Quand une sculpture est-elle achevée ?
Alors là il faut savoir quand aller trop loin, comme dans la vie. Pas facile mais pas aussi difficile quand même que de réaliser le socle, un élément essentiel mais qui doit être oublié.

CG : Vous occupez un créneau dans lequel vous n’avez pas beaucoup de concurrence…
Ben non, nous sommes dans une société de l’occupation extrême, dans laquelle les gens sont bloqués sur leur téléphone. Pourtant, notre capacité d’imagination est infinie.

Prout et son public. Quand le docteur devient professeur. / Photo Christophe Grand
Prout et son public. Quand le docteur devient professeur. / Photo Christophe Grand

Le Dr Prout expose ses inventions au Centre Camille Claudel,
3 rue du Maréchal Joffre à Clermont-Fd, jusqu’au samedi 12 mars.
Ouverture du lundi au samedi de 14 h à 19 h.
Entrée libre.

Renseignements : 04 73 42 37 27

À propos de l'auteur

Christophe Grand

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