Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés. Qui l’eût cru! Déplorent la perte de l’été, qui depuis s’en est allé, Chaque année, c’est la même chanson : il faut y retourner et pour certains c’est avec le cœur lourd… Cette angoisse de la rentrée peut se manifester très tôt dans notre vie. Tout commence sur les bancs de l’école.
En 14 années d’expérience, Delphine Py a eu le temps d’observer les inquiétudes qui reviennent régulièrement chez les enfants adolescents, étudiants à ce moment de l’année. “Le stress souvent, c’est plutôt découvrir sa classe. Est ce que je vais réussir à me faire des amis? J’ai peur de ne pas m’intégrer, c’est vraiment un sentiment de solitude”. Elle ajoute : “Et puis, ça peut tout simplement être dû à la nouveauté, parce qu’il suffit qu’il y ait un changement pour que ça génère de l’anxiété.”
Favoriser la communication avec l’enfant
Pour les plus jeunes, la psychologue conseille aux parents : “Tout ce qui va permettre à l’enfant de maîtriser son environnement, va le rendre plus serein.” Delphine Py énumère plusieurs exemples : “On peut faire une petite fiche sur ce qu’il y a dans le cartable : gourde, goûter, etc, c’est un très bon moyen pour que l’enfant n’oublie rien. On peut aussi l’aider à bouger, faire du sport mais aussi, lui apprendre quelques outils de régulation émotionnelle avec la relaxation.”
Pour mieux vivre la rentrée scolaire, la psychologue incite à “demander à l’enfant comment il vit les choses en fonction de son âge et pas seulement ce qu’il a mangé à la cantine.” Pour cela, Delphine Py suggère une liste de questions davantage basées sur le ressenti “Quel a été ton moment préféré aujourd’hui? Qu’est ce qui t’as fait sourire ou rigoler ? Avec ces interrogations axées sur l’émotion, l’enfant va beaucoup plus se livrer et parler de ses problèmes.”
La reprise du travail, parfois synonyme de “positivité toxique”
Du côté des adultes, Delphine Py explique : “C’est un peu comme le mois de janvier. On a l’impression que c’est un nouveau départ, donc on se met la pression. On va voir ce qui nous convient et ce qui ne nous convient pas. Ça reste une très bonne chose de revoir sa façon de s’organiser, mais parfois, certaines personnes vont se mettre des objectifs irrationnels à réaliser et là ça peut devenir néfaste.” Pourtant, nombreux sont ceux qui ne peuvent pas s’empêcher de procéder ainsi. “Il y a le contrecoup des vacances d’été. On pense qu’on va effacer les problèmes de l’année et ça ce n’est jamais le cas. Les problèmes, on les amène avec nous en vacances. De retour à la maison, il y a un électrochoc. On on se rend compte qu’on a toujours les mêmes soucis et on se dit qu’il faut mettre quelque chose en place” ajoute la psychologue. Et puis, plus largement, Delphine Py parle d’un phénomène sociétal : “Il y aussi une certaine pression qui vient de la société qui nous pousse à être la meilleure version de nous-même. On voit beaucoup sur les magazines : “Comment réussir sa rentrée ? C’est une forme de positivité toxique : il faut aller bien tout le temps, être efficace, être la meilleure maman du monde etc. Sans compter qu’à la rentrée beaucoup de choses nous tombent dessus au travail. Ça demande beaucoup d’exigence et on peut se sentir dépassé par tout ça.”
Repenser son organisation et objectifs
Face à ce mécanisme anxiogène, Delphine Py propose de prendre du recul. “Il faut mieux choisir des objectifs réalistes et rationnels, mais aussi en lien avec ses valeurs. Par exemple, si je souhaite faire du sport, il faut se dire que c’est un moyen de prendre soin de son corps, de partager des moments avec ses amis. On a plus de chance de tenir sur la durée, plutôt que de se dire, je vais au sport, parce qu’il faut que je perdre 3 kilos.” Une façon d’instaurer une nouvelle routine, plus en douceur puisque : “L’humain n’aime pas trop les changements, les habitudes sont tenaces, elles représentent 50 % de ce qu’on fait au quotidien” exprime la psychologue. Autre astuce, cette fois-ci pour l’organisation. Delphine Py confie : “Moi, j’aime bien la matrice d’Eisenhower. On fait une croix sur un papier. En abscisse, on met important, pas important. En ordonnée, on met urgent, non-urgent. Ça aide à mieux s’organiser et de ne pas se lancer dans tous les sujets en courant par tout.”
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