La question animale n’en est pas arrivée au point où elle peut espérer se faire une place au panthéon des grandes causes, comme le changement climatique, le cancer, la faim dans le monde ou le mal-logement, c’est-à-dire tout ce qui nous concerne, nous les maîtres de la planète, intelligents et responsables, et ne concerne que nous. L’anthropocentrisme a encore de beaux jours devant lui.
Néanmoins, certains masochistes ont le culot de prendre le sort des animaux très au sérieux, à tel point que le combat pour rendre aux bêtes la vie meilleure (ou plutôt moins pire), autrefois unanimement moqué, commence à créer ici et là quelques inquiétudes, ce qui serait plutôt bon signe.
Interview ou…
Je suis abonnée à la lettre numérique des Amis de la vénerie. Bien entendu, je suis absolument et irrémédiablement opposée aux pratiques dont il y est question. Néanmoins, on y trouve des tas d’infos très intéressantes. N’est-il pas préférable de bien connaître ses ennemis pour pouvoir les affronter ?
La lettre n° 20 m’a vraiment divertie. On y trouve un lien pour une interview, sur C News, de Sébastien Arsac, le co-fondateur de l’association L214, par Jean-Pierre Elkabbach, qualifiée par les Amis de la vénerie de « jubilatoire ». J’ai trouvé que cet entretien était en effet fort intéressant. Un journaliste vedette vieillissant certes, mais rompu aux ficelles du métier, face à un jeune activiste fort de ses convictions, cela aurait pu être un moment riche en informations et en réflexion, mais les dés étaient pipés.
Dialogue de sourds ?
Alors que Sébastien Arsac se montre attentif, courtois et honnête dans ses réponses, Jean-Pierre Elkabbach ne peut réprimer son impatience. Il a sélectionné les questions pièges, et il les pose avec une joie non feinte, certain qu’elles vont mettre son interlocuteur dans l’embarras. Il l’interrompt, ponctue ses phrases par des sourires mécaniques vite réprimés. Manifestement, le garçon et ce qu’il représente agacent le vieux briscard du journalisme-spectacle. Il n’apprécie pas. Ne comprend pas. Et semble ne faire aucun effort pour comprendre. Son hostilité est visible. Cours, camarade…
Une deuxième interview, censée faire pendant à la première, réunit le même Elkabbach et Jean-Baptiste Moreau, député LREM de La Creuse, et éleveur… Elkabbach se sent soudain beaucoup mieux, respire un grand coup. On est entre soi. L’élu creusois a la bénédiction du journaliste. Contrairement au précédent invité, il a tout le loisir de s’exprimer sans être interrompu. Elkabbach en remet une couche. L214 et consort en prennent pour leur grade. Ce ne sont tout de même pas des mangeurs de salade qui vont faire la loi chez les bouffeurs de steak !
On a le droit de penser ce que l’on veut. De n’être ni végan ni antispéciste. Mais ériger la mauvaise foi en technique journalistique, a fortiori lorsqu’on occupe une place élevée dans la hiérarchie de la presse, cela n’a rien de glorieux. Pourquoi, alors, tant de haine ? Parce qu’il est évident que le mouvement animaliste dérange, commence peut-être à faire peur à certains qui n’ont pas envie de le voir fourrer son museau dans leurs affaires. Les Amis de la vénerie ne se sont pas trompés en qualifiant cette interview de « jubilatoire ». A part que, eux et moi, on ne jubile pas pour les mêmes raisons.
Merci
Bonjour et merci pour cette analyse aussi attentive et que pertinente Josée. JPE aurait donc peut-être des liens avec la vénerie ? Oh non, il fait certainement son métier de façon impartial… Pardon, j’apprends à l’instant qu’à 81 ans « Depuis janvier 2018, il intervient quotidiennement dans la matinale de CNews, pour y réaliser une interview politique d’une vingtaine de minutes ». Et s’il reversait ses honoraires à la SPA ou à La Griffe, car il est bien connu que les chasseurs de tous poils ou apparentés sont de fervents défenseurs de la cause animale, n’est-il pas ? On avance, on avance…