Le Mont-Dore et Chambon-sur-Lac s’apprêtent à vivre leur gros événement de l’été avec la célèbre et très réputée Course de Côte qui depuis 1961, attire les plus grands pilotes. À l’heure des bilans carbone systématiques, ce type de compétition est pointé du doigt pour des raisons écologiques. Mais comme l’explique Sébastien Dubourg, le maire du Mont-Dore, l’impact de cette manifestation très importante pour la vie du massif est finalement limité.
7 Jours à Clermont : La course de côte du Mont-Dore est-elle quelque chose d’incontournable sur votre territoire ?
Sébastien Dubourg : C’est un des plus beaux événements que l’on a sur le Mont-Dore. Il est attendu chaque année début août. On est très très attaché à notre course de côte, car c’est un Montdorien qui la mise en œuvre et puis on a un tracé superbe et un panorama inédit.
7JàC : Au delà du spectacle sportif, quid de l’aspect économique ?
S. D : Pour nous, cet événement est très important. Les saisons se réduisent de plus en plus et l’année dernière la course a été le gros démarrage de la saison, et ça a durée tout le mois d’août. Pour notre territoire, côté économique c’est primordial, c’est une manifestation qui attire énormément de monde et qui nous fait de la publicité dans le monde entier puisque des pilotes étrangers viennent y participer.
« Je me bats sans arrêt pour essayer de faire perdurer cette course »
7JàC : L’aspect pollution vous préoccupe ?
S.D : Les courses automobiles sont décriées… mais si on compare au Tour de France… Cette manifestation est très faible en émissions de CO2, mais je vois bien les réactions en réunion de Communauté de communes, je me bats sans arrêt pour essayer de faire perdurer cette course. Les élus essaient de ne plus donner de subvention à ce type de manifestation, mais moi je me battrai toujours parce que c’est une des plus vieille et puis parce qu’il est faux de dire qu’elle est polluante. Différentes études ont montré que ce n’est pas les 4 montées qu’il y a dans le weekend, même avec les camions porteurs, qui vont changer le taux de CO2 dans notre vallée.
7JàC : On a tort de pointer les voitures de course ?
S.D : On focalise sur cette course parce qu’une voiture au démarrage fait un peu de fumée, dépose un peu de gomme, mais il faut savoir que la montée dure entre deux et trois minutes. On multiplie par 200 pilotes au final c’est assez peu et l’impact le plus fort est celui des spectateurs qui viennent voir la course. On va travailler là dessus car on veut protéger notre massif et pourquoi pas, en mettant des navettes et des parking en bas, pour éviter toutes les voitures spectateurs au départ de la course de côte.
7JàC : Les navettes seraient faciles à mettre en œuvre compte tenu du nombre de spectateurs ?
S.D : C’est quelque chose qu’il faut travailler. La problématique, c’est que les gens qui montent veulent le faire à des horaires différents, pareil pour le redescente. Mais on le fait déjà pour nos navettes d’hiver. On monte déjà beaucoup de monde à la station et depuis qu’on le fait, on se rend rend compte que le parking est de plus en plus vide, c’est un signe confirmé par le manque de places en bas. Je pense donc de c’est tout à fait faisable.
« Je crois qu’il ne faut pas aller trop trop loin »
7JàC : Les voitures électriques n’ont plus de catégorie cette année, pourquoi ce choix ?
S.D : On se rend compte par exemple avec le Trophée Andros que le spectacle n’était plus le même. Moi-même en tant que spectateur, j’y allais pour les motos car elles n’étaient pas encore électriques, donc il y avait encore cette ambiance. Je pense que la course de côte, si on ne mettait que des voitures électriques et malgré le challenge du chrono, on n’aurait plus cette beauté… et puis il y a le côté historique. Ces voitures sont des bijoux, et cela fait plaisir de les voir monter avec le bruit… cela perdrait tout son charme. Pourtant je prônais l’électrique. J’avais été voir Philibert Michy* en lui disant qu’il fallait que l’on intègre des voitures électriques. Finalement les changements décidés aujourd’hui sont les bons. Ce ne sont pas les voitures qui montent qui polluent mais les spectateurs. Il faut donc que l’on trouve des solutions pour continuer à les faire venir les spectateurs et la course se fera comme elle se fait depuis toujours. On pourrait ajouter une catégorie électrique mais ce ne serait que pour se mettre au goût du jour.
7JàC : Les verrous sont politiques avant tout ?
S.D : Non je ne pense pas. Il ne faut pas se tromper sur l’écologie. On a parfois une écologie axée sur les extrêmes. Sur le marché automobile on avait fait de bons efforts sur le moteur thermique, on passe à l’électrique, est-ce la panacée ? Il y a différentes sortes d’écologie. Moi je suis moniteur de ski, je suis pour la préservation de mon territoire et récemment je me suis vu interdire de faire jouer un violoncelliste dans le Sancy pour une question de pollution sonore… Je crois qu’il ne faut pas aller trop loin.
Course de côte du Mont-Dore / Chambon-sur-lac 8-9-10 août 2024
*Philibert Michy est le directeur général de PHA, entreprise organisatrice de la course avec l’équipe de bénévoles.












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