Il fut audacieux, indéniablement. Et à la fois décrié et salué, raillé et populaire. Bernard Buffet, le peintre, a ainsi vécu une gloire précoce puis un désamour total de la part des institutions artistiques. Avant de connaître un retour en grâce. Comme le prouve la grande exposition-rétrospective qu’a organisé le Musée d’art moderne de la ville de Paris. Une sorte d’hommage posthume, deux décennies après son décès.
Pour sa part, la galerie Christiane-Vallé lui consacre un événement à partir du 6 décembre. Une exposition clermontoise qui ne doit rien au hasard. « Buffet est l’un des artistes les plus emblématiques de la galerie. Pour la petite histoire, mon grand père, le fondateur de la galerie, a été formé par le galeriste parisien Emmanuel David qui est le premier à avoir cru au travail de Bernard Buffet. Grace à Emmanuel David et à Maurice Garnier, mon grand-père a très rapidement pu exposer le travail de Bernard Buffet à la galerie » explique David Chabannes, l’actuel propriétaire de la galerie Christiane-Vallé.
Un style, une personnalité
Bernard Buffet, c’était d’abord un style. Singulier. Reconnaissable entre mille : option résolument figurative, visages souvent cernées de noir, silhouettes généralement décharnées. On le qualifie souvent de « peintre misérabiliste ». Sans doute, à l’image de Giacometti, subit-il quelques influences de Francis Gruber, autre ardent défenseur de la figuration. Ce style demeurera, envers et contre tout, au fil de sa carrière. Il peint des figures humaines, des animaux, des paysages. Huiles sur toile, aquarelles, gravures, techniques mixtes, lithographies se succèdent, s’enchaînent. Buffet est un artiste prolifique, inépuisable.
Une ascension foudroyante
En 1943, à l’âge de 15 ans, il remporte le concours d’entrée de l’Ecole nationale des Beaux-Arts. Deux ans plus tard, au sortir de la guerre, il expose un premier tableau, un auto-portrait, au Salon des moins de trente ans à la Galerie des beaux-arts. La suite sera foudroyante : prix de la critique à l’âge de 20 ans, ses expositions suscitent un engouement populaire inédit : la galerie Charpentier enregistre ainsi 102.000 entrées payantes ! Bernard Buffet devient alors célèbre, il fait la une de Paris Match, intègre la jet set, son train de vie est celui d’un millionnaire. En 1958, à Saint-Tropez, il rencontre l’écrivain et chanteuse Annabel Schwob qui deviendra sa femme et sa muse. Le couple est à la une des journaux.
Pourtant, c’est dans un relatif anonymat que Bernard Buffet, atteint de la maladie de Parkinson, mettra fin à ses jours en 1999, à Tourtour, dans le Var, où il a trouvé refuge. Les médias sont versatiles et l’opinion publique se range à l’air du temps. Reste, donc, une œuvre inlassable.
« Bernard Buffet fait partie de ma vie »
« J’ai grandi entouré par l’image des œuvres de Buffet et jour après jour j’ai appris à apprécier sa peinture, à aller plus loin que la vision agréable d’une oeuvre, à découvrir sa vision artistique. Je dirais que Bernard Buffet fait partie de ma vie à bien des égards, nous sommes tout les deux nés le 10 juillet, j’ai grandi avec son image en tête, c’est un artiste qui me passionne à la fois à travers sa peinture mais aussi en temps qu’homme » précise David Chabannes. Souvent exposé par le passé à la galerie Christiane-Vallé, le travail de Bernard Buffet revient donc entre les murs du lieu de la rue Philippe-Marcombes, vingt ans précisément après la mort de l’artiste. Un gage de fidélité…
Exposition Bernard Buffet à la galerie Christiane-Vallé, 15 rue Philippe-Marcombes à Clermont, du 6 décembre au 25 janvier. Plus d’infos sur www.galeriechristianevalle.com
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