Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc a pris ses fonctions dans le Puy-de-Dôme le 10 décembre 2018. Si ses prédécesseurs ont effectué des passages-éclairs dans le département, la représentante de l’Etat espère, quant à elle, s’inscrire dans la durée. Elle l’affirme sans ambages : “Quand je suis arrivée, j’ai dit que mon objectif était de rester 10 ans, sur le ton de la plaisanterie. C’est vrai que, par définition, on ne décide de rien. On dit souvent que le mandat de chaque préfet est remis en cause le mercredi d’après, lors du conseil des ministres. Beaucoup de mes interlocuteurs m’ont dit qu’ils en avaient assez des préfets qui tournent trop vite. Une durée de 2-3 ans est nécessaire pour bien connaître le territoire et faire des choses utiles”.
Une arrivée particulière
La préfète a été très vite plongée dans le grand bain. Son calendrier, en effet, a été rattrapé par le mouvement des Gilets jaunes. Elle se remémore ses premiers jours à Clermont : “C’était une arrivée particulière. Même si la situation de Clermont-Ferrand a plutôt été caractérisée par un mouvement pacifique, à part les événements du 23 février, ce fut assez perturbant”. Depuis son arrivée dans le Puy-de-Dôme, Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc multiplie les visites de terrain et son agenda se révèle très chargé. Elle justifie ce besoin d’aller au contact des acteurs de la vie du territoire : “Je ressens une sorte d’urgence à connaître ce territoire, à comprendre ce que l’on peut attendre de l’Etat. Je lis des dossiers et des fiches, mais je comprends mieux en allant à la rencontre des acteurs, des chefs d’entreprises, des élus. En arrivant j’avais un peu la crainte d’être enfermée à Clermont-Ferrand puisqu’il s’y passe beaucoup de choses. Mais le Puy-de-Dôme, ce n’est pas que Clermont, c’est aussi toutes les attentes de la ruralité. J’avais aussi le souci d’appréhender cette diversité-là”.
Lutter contre l’insécurité routière
Très vite, la préfète du Puy-de-Dôme a montré qu’elle souhaitait lutter contre l’insécurité routière. Un combat qui lui tient particulièrement à cœur. « L’idée que l’on puisse mourir parce que l’on a été en face d’un chauffard ivre, je n’arrive pas à m’y habituer. J’ai du mal à supporter cette injustice » précise-t-elle. « Aussi, faut-il mettre du lien autant dans les quartiers que dans les territoires ruraux, construire le vivre ensemble. Ce sont des mots et des slogans mais c’est aussi une réalité. Un jour dans un autre département, quelqu’un m’a dit que j’étais la préfète de tout le monde. Ça m’avait fait très plaisir”. La lutte contre l’insécurité routière n’est pas son seul combat. Elle a d’autres chevaux de bataille, comme la politique de la ville, autour du projet ANRU, les questions de santé, d’école, l’accès au numérique, la téléphonie.
Montrer l’exemple
A propos de la féminisation du corps préfectoral, Anne-Gaëlle Baudoin-Clerc considère qu’il faut montrer l’exemple aux jeunes femmes. “Pour moi c’est plutôt un avantage d’être une femme, puisqu’il existe une réelle volonté de féminiser. En vieillissant, j’essaie d’être de plus en plus honnête, et je ne peux pas dire que je n’ai pas été confrontée, à certains moments, à des réactions liées au fait que j’étais une femme, sous-entendant que je manquais de crédibilité. Maintenant, je ne m’en préoccupe pas tous les jours. J’essaie de rappeler que la mixité est importante, de dire aux jeunes filles d’avoir de l’ambition et de ne pas s’auto-censurer”. A 47 ans, cette mère de trois enfants apprécie ses débuts dans la capitale auvergnate. Elle raconte : “Je suis Bretonne et ce n’est pas du tout un secteur que je connaissais. Je suis arrivée assez fière et triste de quitter la Dordogne. J’ai eu à tout découvrir. Ici je me sens bien, heureuse. C’est un département très varié. J’y ai découvert des entreprises très ouvertes sur la société, un monde universitaire dynamique et un territoire avec ses difficultés, doté d’une forte identité. J’aime beaucoup la ville de Clermont. J’adore l’Hôtel Fontfreyde et ses expositions de photos où j’aime à me rendre avec mes enfants. J’apprécie aussi le FRAC et l’Opéra-théâtre”. Malgré un emploi du temps chargé, Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc prend le temps de découvrir ce territoire où elle a été parachutée. Quand on l’interroge sur son travail au quotidien et le fait qu’elle fasse figure de bonne élève, elle conclut : “J’essaie d’être une préfète utile et c’est déjà pas mal”.
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