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Durant la résidence d'artiste de Karina Beumer.
Culture

A Clermont, les résidences d’artistes : « une mécanique qui marche bien »

Dans le cadre de la résidence 100 Jours - Intramuros, Artistes en résidence accueillera prochainement trois nouveaux artistes. Retour sur un maillon important des réseaux d'art contemporain, un dispositif indispensable aux artistes, un outil pour les politiques culturelles territoriales.

« Juste un portfolio. » Rien de plus n’est nécessaire – ou presque – pour postuler aux résidences d’artistes de Clermont-Fd, dispositifs de soutien à la création artistique nés dans le sillage des politiques culturelles publiques des années 80. Des types de résidences, en France, il en existe plusieurs, aux critères distincts (création, diffusion, médiation). Celles de Clermont, conduites par l’association Artistes en résidence, ont trois objectifs : « permettre la recherche, favoriser les échanges entre différents acteurs de l’art contemporain et faciliter la mobilité internationale. » (1) Au menu trois programmes, de durée variable, mais « pas en-dessous d’un mois » : la résidence 100 Jours – Intramuros, la résidence croisée, la résidence nomade. Pour les artistes retenus, c’est « un moment pour développer leur démarche artistique, aidés de « moyens financiers, techniques et humains » et « beaucoup de flexibilité (…) A priori pas d’obligation de rendu« , indique Martial Déflacieux, responsable du programme. Neuf ans qu’avec Bruno Silva, il accompagne les résidents. Une suite logique pour ce multicasquettes. Les Beaux-Arts de Saint-Etienne d’abord. Ensuite la gestion de galeries associatives d’art contemporain (In Extenso). Enfin une activité d’enseignant-chercheur. Bruno, lui, est artiste. Passé par l’ESACM, et coordinateur des artistes en résidence. Une « alchimie » les lie.

 Le dynamisme des résidences dépend des politiques territoriales

Ann Stouvenel- photo 9 Lives Magazine.

A chaque résidence, son appel à candidatures. 1800 retours sur la dernière d’Intramuros. Très prisées aussi, les résidences croisées. Echange d’artistes à l’international qui, depuis sa mise en place à Clermont en 2013, aura permis une mise en relation avec des structures du monde entier (Belgique, Iran, Portugal, US, Japon) et à Artistes en résidence d’élargir son réseau. « C’est une des plus dynamiques pour les échanges internationaux. » Cet été, Clermont échangeait avec Anvers. En septembre, Reykjavik. « Une première. » Bientôt, Porto. « En France, plus de 200 résidences sont actives« , témoigne Ann Stouvenel, cofondatrice d’Arts en résidence, plateforme qui, au national, met en réseau des structures d’art contemporain aux « mêmes objectifs« . De préciser que « selon les résidences, les situations sont très différentes « , chacune ayant ses spécificités, dépendantes des politiques culturelles territoriales. Celles de Clermont privilégient les dispositifs « actifs immédiatement. » Soutenues par la DRAC, la région, le département, surtout l’agglomération. « Ce sont eux qui ont initié le projet avec le Schéma d’orientation des arts visuels en 2002. »

Et d’un intérêt pour l’art contemporain

Artistes en résidence bénéficie d’une popularité croissante. « Les résidences de Clermont marchent particulièrement bien« , confirme Ann. Preuve de cette bonne santé, leur maintien malgré la crise sanitaire quand d’autres ont été suspendues. Martial de souligner : « En matière d’art contemporain, la dynamique est assez forte. » Résultat d’une convergence entre un solide réseau d’art contemporain local, l’adhésion à des réseaux internationaux (CreArt (2), INMC (3)) et un engagement de la Métropole. « Ils nous ont donné carte blanche. » L’art contemporain intéresse donc les élus et la courbe sur ce pôle culturel, ascendante. Une confiance renouvelée qui s’observe du côté des partenariats. Ann de rappeler qu’en période de fragilisation du secteur culturel, pérenniser les résidences est urgent comme protéger juridiquement les artistes d’art contemporain et valoriser cet art « perçu comme élitiste (..) mais (…) qui s’occupe le plus des questions les plus urgentes, les plus sensibles, les plus proches des gens. » (4) C’est d’ailleurs l’un de ses chantiers prioritaires. A Clermont s’ébauchent des pistes de réflexion sur le développement de nouvelles formes de mécénat et d’ouverture du dispositif à d’autres disciplines. « On aurait peut-être tout intérêt à élargir la palette des invités des résidences artistiques (…) Aller vers le pluridisciplinaire. »

La balade surréaliste créée par Karina Beumer.

Les artistes, ils en pensent quoi ?

« Des résidences, il y en a autant que d’artistes « , chacun investissant son temps comme il l’entend pour des oeuvres en résonance – ou non – avec le territoire. Avec rendus – ou pas. Pour Karina Beumer, présente cet été sur la résidence croisée, de rendu il y en aura eu un, fin juillet, lors d’une exposition éphémère. Un film, son format de prédilection. « La silicone seconde« . Reflet d’une intention préalable. « Perdre la tête« . Balade surréaliste d’une tête sans corps, et en papier mâché. Au visuel hybride. Mix d’images, de dessins, d’animation et de collages sur bruitages et design sonore. « Important, les collages !  » et le DIY (5) pour un film dans la continuité de son corpus, à un détail près : dans celui-là, en toile de fond, ce sont les Puys. Une nature « mystérieuse » qui a inspiré l’artiste néerlandaise autant que son séjour. « I miss the vibes !  » (6) Si les résidences sont différemment vécues par chaque artiste, les retombées, elles aussi, varient, selon les profils. L’achat d’une oeuvre par Art au Parvis (7) , un workshop, une conférence, la perspective d’une nouvelle résidence. Reste un point commun à tous : l’expérience de pratiques artistiques, en « liberté totale« , dans un lieu inconnu, et des rencontres avec « des artistes, des institutionnels. » Bref, une aventure humaine.

Du nouveau- et des nouveaux à la rentrée

« La mécanique marche bien » et le passage de témoin assuré. Dans les starting-blocks, trois nouveaux pour Intramuros : Fatma Belkis, Gil Delindro et Pierre-Olivier Arnaud, premier à rejoindre sa résidence en octobre. Martial de manifester son optimisme. En dépit d’une crise sanitaire persistante, la rentrée 2020 s’annonce prometteuse. « Des ateliers tout neufs à La Diode« , prévus depuis longtemps. 150 m2 pour créer, expérimenter. « C’est génial. »

Liens: www.artistesenresidence.com

https://www.artsenresidence.fr/

http://www.karinabeumer.nl 

(1), Présentation annuaire CNAP.
(2), INMC, réseau international des villes Michelin. http://www.inmc21.com/fr/
(3), CreArt, réseau européen ayant pour vocation d’accompagner la structuration du réseau des arts visuels dans ses villes membres.
https://creart2-eu.org/
(4), Serge Lasvignes : « L’art contemporain est le secteur qui s’occupe le plus des questions les plus proches des gens « , Harry Bellet, Le Monde, 26 septembre 2019.
(5), DIY, Do it yourself : Fais-le toi même.
(6), trad : « L’ambiance me manque !  »
(7), Dispositif d’acquisitions d’oeuvres d’art mis en place en 2006 par Clermont Auvergne Métropole « dans le but de valoriser les artistes en lien avec le territoire de la métropole. »

 

 

À propos de l'auteur

Sandrine Planchon

Après une prépa lettres et des diplômes en sciences humaines, Sandrine Planchon s'oriente vers la radio. Depuis 1999 elle travaille différents formats sur Altitude, Arverne, RCF, RCCF. Investie depuis 2015 dans un projet sur le numérique avec Elise Aspord, historienne de l'art, elle encadre aussi depuis 2014 les projets d'étudiants du Kalamazoo College (US).

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