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Voyages hasardeux

J’ai beaucoup voyagé. Ma mère m’emmenait souvent en poussette dans les jardins publics.

Partez le plus loin possible pour prendre quelque distance avec vous-même. La première personne qui vous accueillera au pied de la passerelle de l’avion, ce sera toujours vous.

Saint-Christophe est le protecteur des automobilistes. On ne dira jamais le nombre de médailles à son effigie que les ferrailleurs retrouvent dans les tôles froissées des voitures accidentées.

Les cours de géographie sont de plus en plus éprouvants. Le prof a beau choisir le pays le plus lointain possible, il y a toujours un élève pour lever le doigt et dire « Je l’ai fait avec mes parents ! »

Quand je pars en voyage, je ne supporte pas le bruit des valises à roulettes, du moins celles des autres.

Partir vaut surtout pour l’excitation des départs. Une fois les valises bouclées, il faudrait les déboucler et se souvenir longuement du désir de départ que l’on nourrissait.

Pourquoi pendant les vacances perd-on autant de temps à choisir des cartes postales différentes pour les envoyer à des gens qui ne se connaissent pas ?

Il y a deux façons de concevoir le voyage. Penser que les kilomètres que l’on parcourt vous éloignent du départ ou bien vous rapprochent du retour.

Du temps des Romains, il y avait moins d’accidents de trains et d’avions.

Il voulait vivre intensément, connaître l’aventure du grand large, être à la barre de vaisseaux éclatants. Toute sa vie il conduisit l’une de ces petites voitures qui servent à ramasser les crottes de chiens sur les trottoirs.

Pour beaucoup de touristes, le voyage commence lorsque, rentrés à la maison ils se mettent à regarder les photos qu’ils ont prises.

Jamais au cours de sa vie il n’avait été capable de saisir les clins d’œil du hasard, jamais il n’avait pu se rendre disponible pour l’aventure en dix minutes. Chaque fois Il avait quelque chose de périssable dans son réfrigérateur.

Arriver un soir, exténué, devant un hôtel et apercevoir la pancarte « complet » fait mieux comprendre le problème du tourisme de masse.

Partir pour nulle part donne-t-il davantage de chances d’y arriver ?

Il participait à tous les voyages organisés : il avait fait la croisière du Nil, la grande muraille de Chine, les fjords de Norvège, il termina par le cimetière Montparnasse.

L’intérêt de connaître les langues étrangères prend une importance considérable lorsque, loin de chez soi, on a de façon urgente à demander où se trouvent les toilettes.

« J’ai fait la Thaïlande en quatre jours ». C’est exactement le temps que j’ai mis pour sortir de l’aéroport.

L’appel des grands voyages l’avait mené au chef-lieu de son canton. Il envisageait de s’aventurer jusqu’aux confins de la sous-préfecture.

Quand je voyage dans des pays en guerre, je redoute par-dessus tout d’être enlevé. J’aurais trop peur de constater que personne n’accepte de payer ma rançon.

Dans un avion, installez-vous toujours près d’une aile. Vous serez le premier informé si elle se détache.

Il y eut un flottement dans la tour de contrôle de l’aéroport quand Dieu demanda à atterrir.

En comptant les kilomètres parcourus, je peux considérer que j’ai amorti mes jambes. Pour les autres organes, c’est moins sûr.

À propos de l'auteur

Denis Langlois

Ancien avocat parisien spécialisé dans la défense des Droits de l'Homme. Écrivain, auteur d'une trentaine de livres dont "L'Affaire Seznec", "La Maison de Marie Belland" ou "La Politique expliquée aux enfants (et aux autres)". Écrit des aphorismes humoristiques qu'il a publié dans diverses revues, notamment "Fluide Glacial". Vit depuis une quinzaine d'années en Auvergne.

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