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A Clermont, « ma ville…

[L]a seule où je ne sois pas un étranger, un passant qui pourrait ne pas revenir »*, les cols blancs sont désormais plus nombreux que les cols bleus. Qu’importe, Clermont-Ferrand est une ville authentiquement ouvrière. Et comme le patrimoine génétique socioculturel se renouvelle beaucoup moins vite que les générations de « Bibs », le Clermont des années 2010 pense et vit ouvrier. À fleur d’esprit et d’âme, la sage simplicité des « cités Michelin » se confond encore avec une humilité farouche. Alors, Clermont n’ose pas oser. Clermont se méfie de ceux qui affichent une réussite trop ostentatoire pour ne pas être suspecte… Clermont cache ses qualités et ses talents. Clermont rechigne à se dévoiler et renâcle à se vendre. Pourtant, sans « se vanter », Clermont peut être fier de sa basilique romane inscrite au patrimoine de l’humanité, de sa cathédrale gothique de référence, de son Blaise (Pascal), de ses deux Fernand (Forest et Raynaud), de ses pneus planétaires, de sa recherche de pointe ou de ses « jaunards » enfin, et doublement, champions de France de rugby ! 

Un œil rassuré sur le puy de Dôme, son ange gardien tellurique, et l’autre sur Vercingétorix, son totem gaulois, le Clermontois va consciencieusement, depuis des des décennies électorales, déposer dans les urnes républicaines des bulletins d’ouvriers génériques. Par mauvais esprit contestataire ? Non. Par instinct de « lutte des classes » ? Peut-être. Par habitude ? Sûrement. 

Pourtant, Clermont n’est pas sectaire. La « ville noire » sait accorder sa confiance à qui l’a méritée le long temps de faire ses preuves. Alors, Clermont ne se prête pas avec intérêt(s), Clermont se donne, une bonne fois pour toutes, d’un bloc basaltique, d’une bourrade pudique, d’un silence complice. « Tope-là. » 

Pourquoi trop en dire ? Clermont cultive ses secrets, soigneusement enfouis dans l’exceptionnel labyrinthe des caves de son centre historique ou l’activisme discret de ses cercles de pensée et d’affaires, dont la rumeur « bien informée » se plaît à murmurer qu’ils décident de (presque) tout…

À propos de secrets, je vous propose, au fil des mois, d’en partager quelques-uns, de recoins anecdotiques en Clermontois grand format qui ont arpenté nos trottoirs et trottent dans nos mémoires.

 

* D’après l’écrivain Paul Bourget (1852-1935).

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Simonet

Historienne de formation universitaire, Anne-Sophie Simonet arpente depuis des décennies le « petit monde » clermontois de la presse. Auteur d'une dizaine d'ouvrages, c'est en tant que président de l'association Les Amis du vieux Clermont qu'elle invite à cheminer dans sa ville natale, la plume en bandoulière.

2 Commentaires

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  • Une étude pragmatique et sensible de la ville . Une ville-labyrinthe , trop cloisonnée, courageuse mais pas assez téméraire ni audacieuse dans le temps …

  • Bravo et merci pour ce nouveau site très local et de facture soigneusement ellaborée.
    Je partage votre ressenti d’appartenance à cette région, et me ferai un plaisir de suivre vos balades dans un Clermont secret dont on n’a jamais complètement fait le tour, élégamment transmis qui plus est, selon votre habitude, ce qui est loin d’être toujours le cas.
    Longue vie à « 7 jours à Clermont » !…et à vos chroniques personnelles bien sûr.
    Bien cordialement.

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