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Une vie de chien, c’est pas une vie

« Une vie de chien » : l’expression ne comporte aucune ambiguïté. Misère et souffrance, voilà ce qu’elle sous-entend. Comme si la gent canine était vouée inexorablement au malheur. Une vision très noire qui n’est toutefois pas très loin de la réalité. Il suffit de regarder autour de soi…

Chiens-objets, chiens-outils, chiens-machines…   

Les chiens sont là pour faire ce qu’on leur dit, c’est bien connu. Assis, couché, pas bouger, c’est un minimum. Parce qu’enfin, l’humain doit faire comprendre à la bête stupide que c’est lui le patron.

Ça ne marche pas comme ça chez vous ? Loulou est respecté, il a ses balades réglementaires, ses câlins, son accès au canapé ou à défaut à son dodo moelleux, et ses croquettes premium servies dans des gamelles propres. Eh bien, dites-vous que vous faites peut-être bien partie de ces extraterrestres qui voient dans un chien non un esclave, mais un compagnon de vie. Un point de vue qui n’est pas toujours partagé…

En regardant le site d’un organisme comme la Fondation 30 Millions d’Amis, ou bien la SPA, la Fondation Brigitte Bardot, d’autres encore, on s’apercevra que les chiens sont souvent bien mal traités. Ces structures interviennent lorsqu’on leur signale des cas plus que douteux, encore faut-il pour cela faire en sorte d’être accompagné par les gendarmes, et avoir une autorisation du parquet au cas où il faudrait retirer quelques pauvres animaux à leurs tortionnaires. Généralement, la démarche nécessite un peu (voire beaucoup) de temps… On se scandalise d’un chien mort sous les coups de son « maître » adoré, un peu tard, certes ; d’un éleveur pourri qui oublie de nourrir ses chiens-machines ; d’un « vigile » trop zélé qui range soigneusement son chien-outil dans une cage ou dans son coffre de voiture lorsqu’il ne s’en sert pas… Certaines de ces situations finissent par être mises au jour et débouchent sur la libération d’animaux amaigris, apeurés, lorsqu’ils ne sont pas mourants, voire déjà réduits à l’état de cadavres en décomposition. Mais combien de chiens souffrent-ils en silence, dans le plus grand secret, parce que leur tortionnaire a su ne pas se faire remarquer ou simplement parce que… tout le monde s’en fout ?

Chiens en cage…

Pas besoin d’aller chercher bien loin pour trouver, en se baladant, en ville ou à la campagne, pour peu que l’on sache regarder à travers les planches mal jointes d’une palissade, au-dessus d’un mur, au fond d’un jardin, dans un bois, dans un champ, un ou plusieurs chiens à l’attache en permanence, avec pour seuls compagnons des gamelles sales et vides. Et celui-ci, qui depuis plusieurs mois vit sur un balcon, avec pour tout abri une ébauche de niche mal ficelée, ouverte à tous les vents. Cet animal malchanceux est un jeune husky… Que fait-il là ? Il ne sort jamais, ne court pas, ne voit jamais personne d’autre que celui ou celle qui, de temps en temps, lui avance une maigre pitance… Dans le quartier, tout le monde sait cela. Le bailleur le sait. La police le sait. Mais le croirait-on, la loi qui fait la vie des chiens le permet, n’y trouve rien à redire. Pourvu que le chien dispose de 5m2 pour s’ébattre… On pense aux poules en batterie avec leur feuille A4… Le croirait-on encore : ce chien se trouve dans une commune voisine de Clermont-Ferrand… On peut supposer qu’il n’est pas seul dans son cas.

Et cette petite chienne d’un an à peine enfermée 24 heures sur 24 dans une cage (avec 5m2 on appelle ça un « enclos », moi j’appelle ça une cage) qui crie son ennui et sa solitude et que, pour la faire taire, on munit d’un collier qui lui balance des décharges électriques lorsqu’elle s’agite de trop… Cette petite chienne dont ses Thénardier disaient qu’ils la destinaient à la chasse et que, pour cette raison, il ne fallait ni lui parler, ni la caresser… Cette petite chienne a été sauvée de sa prison. Elle est maintenant la plus heureuse des toutous. Et c’est pour cette raison que la personne qui l’a sauvée se retrouvera devant le tribunal, comme un vulgaire malfaiteur… La compassion serait-elle un délit ? On n’a pas le droit de sauver les chiens, ou alors il faut qu’ils soient déjà morts. Cela se passait, se passe encore, quelque part dans les environs de Clermont-Ferrand.

C’est comme ça une vie de chien, des vies de chiens. C’est affreux, poignant. Un bagne pour innocents… Mais bof, tant qu’il n’y a pas mort d’homme…

Dessin Ludovic Maréchal.

À propos de l'auteur

Josée Barnérias

A toujours été au plus près de la cause animale. En septembre 2010, a fondé La Griffe, association d'information et d'intervention pour les animaux. Aujourd'hui encore, elle en est la présidente. A travaillé pendant trente années dans la Presse quotidienne régionale. Elle vit à Clermont-Ferrand.

1 Commentaire

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  • Bonjour,

    merci de dénoncer ces pratiques honteuses, comment peut on encore voir de telles choses de nos jours ?

    pas étonnant qu’on n’ouvre pas sa porte aux extérieurs si l’on est pas capable de l’ouvrir à un chien …

    Bravo pour votre implication

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