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Une des rares frises d'origine du Parthénon, à Athènes. Elle est désormais abritée au tout récent Musée de l'Acropole.
Chroniques

Ulysse en tongs

Ah, ce n’est certes pas le bout du monde, la Grèce !

Et dans l’esprit de beaucoup qui y passent aujourd’hui leur villégiature, elle se résume souvent à des terres arides et escarpées, ponctuées de maisons blanches et entourées d’une mer d’un bleu qui aurait pu inspirer Klein (le peintre).

J’en veux pour preuve cet échange au décollage d’Athènes d’un jeune couple assis au rang derrière le nôtre :

– Tiens, regardes, ce doit être l’Acropole que l’on survole

– Ah ! Mais au fait, c’est quoi exactement l’Acropole ?

Oh, trois fois rien, Périclès, le berceau de l’Europe, les fondements de la démocratie – comme système politique – des mathématiques, de l’astrologie, de la philosophie sans oublier l’invention du théâtre et des règles de la dramaturgie comme l’irruption du premier grand récit de voyage, l’Iliade et l’Odyssée.

Pour être complet, il faudrait aussi citer les canons de la statuaire, des origines à Rodin, comme nombre de principes architecturaux et d’ornementation même si la Grèce antique, elle, ne bâtissait surtout que pour les dieux et les puissants.

Loin, très loin, des boîtes de Mykonos, des rues à souvenirs de Fira (Santorin), des spots de plongée et du soleil à tout prix. Le Grand Bleu efface Hérodote et Pythagore. C’est Ulysse en tongs pour la génération Besson !

Ne boudons pas notre plaisir pour autant car les atours des Cyclades demeurent.

Des îles restent préservées des masses comme Milos (Si, si, la Vénus éponyme, ça doit bien vous rappeler quelque chose ; elle qui y fut découverte au hasard d’un araire) et même les plus courues cachent des havres de tranquillité comme le secteur d’Akrotiri à Santorin.

Ne boudons pas notre plaisir des journées au rythme du soleil, des bains dans l’eau cristalline, des dorades grillées fraîchement pêchées, des vins devenus bons pour accompagner tzatzikis, taramas et autre dolmas.

Ne boudons pas notre plaisir à trois heures d’avion d’autant de possibilités, pour tous les goûts et pour toutes les bourses, d’un moment de détente et d’oubli.

Mais l’on peut tout autant en profiter sans oublier l’Histoire. La Grèce est dans Rome et si, pour les sites antiques, ainsi et très justement qualifiés de gréco-romains, la Turquie offre bien plus et mieux, il reste pour la Grèce la lecture.

On peut ainsi utilement et depuis peu, glisser dans son sac la dernière production de Sylvain Tesson, Un Eté avec Homère, et revisiter par son talent, à l’ombre évidemment des heures les plus chaudes, l’Iliade et l’Odyssée dans une relecture toute de modernité et d’actualité.

Que dire à cet égard de cette citation exhumée des chants par l’auteur : « Une seule chose est sûre, les dieux ne veulent pas la paix. La guerre est utile à ceux qui règnent » ?

Profiter d’une escapade de bien-être n’est pas oublier que la mer Egée n’est pas loin du Proche Orient.

 

 

 

À propos de l'auteur

Eric Gauthey

Né avec la crise des missiles de Cuba, son enfance, ses études et ses premières années de la vie d’adulte furent nomades.
Au début des années 90, il émigre à Clermont-Ferrand pour se sédentariser. Son métier, non moins sédentaire, l’engage dans le service au public (transports publics de l’agglomération clermontoise).
Le voyage reste sa passion, pour ses vacances mais pas seulement. Cofondateur d’Il Faut Aller Voir et du RV du Carnet de Voyage, il pousse jusqu’à publier deux ouvrages : « Cher Bouthan » – 2011 et « Buna Tatu » - 2017 (sur l’Ethiopie).

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