Beaucoup de Clermontois empruntent régulièrement cette rue sans même connaître son nom. La rue du Tonnet, dans le quartier de la piscine Courbertin permet de quitter facilement la ceinture du boulevard Jean-Jaurès/Côte-Blatin en direction de Dolet ou inversement et tout cela en évitant le feu tricolore du proche et parallèle boulevard Joseph Girod. On pourrait la renommer « le raccourci » ou « la bretelle ». Mais cette rue étroite et résidentielle n’a pas été tracée pour absorber la quantité de véhicules qui, y circulent où stationnent aujourd’hui. Les automobilistes, dont les voitures sont de plus en plus grosses, peinent à se croiser, alors souvent, pour épargner leurs rétroviseurs, ils empruntent le trottoir. La nuit lorsque le trafic baisse, c’est la vitesse excessive qui devient problématique sur cette belle ligne droite de 220 mètres. Face à cette situation un collectif de riverains s’est constitué dans l’espoir de retrouver un peu de sécurité et de calme.
Une première avancée avec la Mairie
Une cinquantaine de riverains ont donc signé une pétition pour interpeler la Mairie de Clermont sur les dangers encourus par les familles résidant dans la rue. Cyril Cineux et son équipe se sont rendus sur place pour observer et dialoguer. Après enquête, les services municipaux ont procédé, début octobre, à une mise en sens unique de la rue. Comme l’explique l’adjoint au maire en charge de la circulation et du stationnement, la demande était légitime « Nous nous sommes engagés à ce que Clermont soit une ville apaisée avec l’application des 30 km/h et une plus grande place données aux mobilités alternatives. Le passage en sens unique de la rue du Tonnet avec une emprise pour les vélos va dans la direction de ce que nous cherchons à généraliser ». Cette mise en sens unique a bien évidemment permis de retrouver calme et sécurité à la grande satisfactions des riverains qui cependant, n’avaient pas imaginé qu’au bout de la rue, une « riposte » s’organisait.
Le tribunal administratif saisi
Au début de la rue, côté Charles Bruyant, une poignée d’habitants ont vu le dossier sous un autre angle car le sens unique les obligeaient à effectuer « quelques » manœuvres pour accéder à leur résidence. Leur syndic a déposé un recours auprès du Tribunal Administratif et là, surprise, le juge en personne est venu sur place, a constaté et considéré que les manœuvres représentaient « un danger grave et permanent » pour les automobilistes concernés. Le Tribunal, en référé, a prononcé la suspension de l’exécution de l’arrêté municipal sans pour autant que celui-ci ne soit annulé. La rue a donc été remise à double sens, début novembre, au grand dam des riverains. Interrogé sur cette décision de justice, Cyril Cineux avoue son étonnement « Je suis allé moi même faire la manœuvre avec ma voiture, je n’ai pas rencontré beaucoup de difficulté. Ce qui s’est passé avec le tribunal est très étonnant » explique-t-il en faisant part de son incompréhension « avec cette décision, le confort de certains riverains semble plus important que la sécurité de tous. Y aurait-il plus de danger à manœuvrer dans une rue calme que de circuler dans une rue étroite à double-sens où l’on commet des excès de vitesse ? » Pour l’instant la Mairie respecte la décision de la justice et prépare le jugement sur le fond dont la date n’est pas encore connue.
Une nouvelle pétition
Durant la « parenthèse enchantée » du sens unique, beaucoup d’habitants du quartier et pas seulement ceux de la rue, ont apprécié le calme revenu et ne comprennent par cette décision. Le collectif a lancé une seconde pétition, qui cette fois-ci a recueilli plus de 100 signatures. Il a également travaillé sur de nouvelles solutions, en particulier celle consistant à repousser le début du sens unique au delà de l’accès de la copropriété. L’adjoint à la circulation a bien entendu regardé cette idée avec attention mais il précise « C’est bien que nous ayons des contributions citoyennes mais parfois, les choses sont moins simples qu’on ne le pense et tout doit être validé. Nous avons relancé l’étude avec plusieurs hypothèses. Nous préparons également le jugement sur le fond, il n’est pas dit que le juge campera sur sa décision face à nos arguments ». En attendant les voitures ont repris leur ballet et les riverains redoublent de vigilance même si la vitesse est désormais limitée à 30km/h comme dans une majeure partie de la ville. A la Mairie on regrette la situation, d’autant que pour une fois, l’entente entre les citoyens et l’institution était cordiale et bienveillante.
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