Il y a de l’intime et de l’historique. De la sociologie et de la politique. Un itinéraire personnel et une société qui se transforme. Quand le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier, patron de la Schaubühne de Berlin, s’empare du livre de Didier Eribon, Retour à Reims, paru il y a une dizaine d’année, le spectacle est à la fois délibérément engagé et incontestablement émotionnel.
Confronté au passé
Dans un studio, une actrice enregistre le commentaire d’un documentaire. Le réalisateur lui donne des instructions depuis la cabine de mixage. Le film, projeté en arrière-plan, défile au rythme des prises. C’est la version cinématographique de Retour à Reims, qui met en scène l’auteur lui-même visitant sa mère et évoquant son enfance et son adolescence par un jeu d’archives et de réminiscences. Dans son livre, Eribon mêle confessions et analyse sociologique pour réfléchir ses retrouvailles avec sa ville natale et sa famille, qu’il n’a presque plus revues depuis qu’il s’en est éloigné pour poursuivre une carrière d’intellectuel à Paris. Cette confrontation avec son propre passé le renvoie aux angles morts de la société d’aujourd’hui. Elle évoque, de manière subtile, le désenchantement des classes moyennes, la désillusion envers la politique, en général, et le glissement des milieux ouvriers de la gauche vers le Front National.
Un cheminement intellectuel
Thomas Ostermeier, dans un parti pris minimaliste, recherche le cheminement intellectuel intimiste. Dans un jeu habile de discussions entre réalisateur et actrice, il interroge plutôt qu’il n’assène. Et, à sa façon, il sert un drame familial qui rencontre des problématiques contemporaines. Une façon de susciter plutôt que de provoquer.
Mardi 14, mercredi 15 et jeudi 16 mai à 20h30 à la Maison de la Culture de Clermont (salle Jean-Cocteau). Spectacle proposé par la Comédie de Clermont scène nationale.
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